Ghita Khalidi dans une chronique sur le divan
D’abord, mettons-nous d’accord sur les traits de caractère d’une femme indépendante : elle a un certain bagout, une bonne dose de confiance en soi (en apparence en tout cas), une carrière établie et en progression, elle est déterminée, indépendante financièrement, sait prendre des décisions, mène sa vie tel un capitaine son navire ! Elle n’a pas « besoin » d’un homme dans sa vie pour avancer, elle préfère être seule que mal accompagnée
Jusqu’ici, très personnellement, je ne vois pas en quoi c’est effrayant. D’ailleurs, en interrogeant quelques hommes, on constate, qu’en effet, ils n’ont pas peur ! Mais alors où est-ce que ça coince ?
J’imagine que si vous observez votre entourage, vous constatez aussi que beaucoup de femmes célibataires sont plutôt de cette trempe-là, plutôt que l'inverse. Même si le cinéma n’en finit pas de nous servir des histoires de pauvres demoiselles en détresse qui attendent leur prince charmant pour avoir une vie meilleure.
Est-ce que la société entretient ce cliché ?
Nous sommes bien obligés de l’admettre : avant que l’on se rende compte que les femmes étaient des êtres humains à part entière, qu'on leur accorde le droit de vote, qu’elles aient le droit de travailler, de revendiquer un salaire égal pour des compétences égales, il a fallu du temps !
Nous sommes peut-être dans une période de réadaptation, vous savez, ce moment où ayant toujours fonctionné d’une certaine façon, on décide de fonctionner complètement à l’opposé. Avant de revenir à quelque chose de plus équilibré.
Il est paradoxal de constater que, pour construire une relation saine, il est nécessaire que chaque individu soit conscient de sa propre autonomie. La dépendance et le manque d'autonomie sont néfastes pour un couple à long terme. Pourtant, de nombreuses femmes célibataires correspondent au profil des femmes indépendantes décrites précédemment. Y a-t-il une explication plus complexe à cela ?
En observant de près les femmes indépendantes, on découvre souvent que leur besoin d'indépendance cache en réalité une peur de dépendre. Elles construisent donc leur vie de manière à limiter la place d'un homme. Certaines ont également avancé seules en raison de schémas relationnels négatifs, ce qui a renforcé l'étiquette de "femme indépendante qui fait peur".
Finalement, Mesdames, ce n’est pas parce que vous êtes indépendante et autonome que vous devez être extrémistes. Il n’est pas impossible de conserver cette autonomie ET de partager la vie de quelqu’un. N’ayez pas peur de montrer vos faiblesses en vous laissant courtiser. Il n’est pas non plus nécessaire de vous transformer en petite chose fragile pour plaire. Vous pouvez rester vous-même et aussi trouver agréable de vous reposer sur quelqu’un de temps en temps. L’un n’empêche pas l’autre. Il s’agit de fonctionner en équipe, pas d’être dans une relation de domination. Laissez un peu de place à cet homme et tout se passera bien. Être en couple, ce n’est pas renoncer à celle que vous êtes. C’est en faire profiter quelqu’un qui saura l’apprécier.
Messieurs, n’ayez pas peur ! Même les femmes indépendantes ont envie de partager des moments intenses en couple. Elles ont simplement peur d’être privées de quelque chose car nous vivons dans une société qui porte encore les marques d’un passé féminin inégal. Accueillez-les comme elles sont, ne soyez pas effrayés (pour autant que vous le soyez), vous aurez mieux compris, je l’espère, quels mécanismes les coincent. Foncez ! Vous ne serez pas déçus .
À très bientôt, pour une nouvelle chronique toujours sur L’ODJ Média!