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Auparavant, vendredi dernier, il a tenu une autre réunion avec le président et le président d’honneur de la Ligue de l'enseignement privé, « une occasion, peut-on lire dans le communiqué, de « mettre en avant le rôle de l'enseignement privé en tant que partenaire stratégique du ministère au service de la promotion du système éducatif » du Royaume.
Un partenaire stratégique (sic) peu accommodant, faut-il préciser.
Il leur aussi fait une promesse d’intervenir « auprès des autorités compétentes afin d'apporter une assistance aux employés du secteur privé touchés par les répercussions de la pandémie, notamment les éducatrices, chauffeurs et cuisiniers entre autres. »
Sur le volet qui concerne les familles, c’est mi-figue mi mi-raisin, j’ai envie de dire. Mais ce n’est ni figue ni raisin, juste un appel aux « associations des parents d’élèves à jouer le rôle de médiateur pour rapprocher les vues entre les établissements privés et les familles, compte tenu de la situation financière des deux parties en ces circonstances exceptionnelles de propagation de la Covid-19. »
Les parents d’élèves repasseront. Et garderont pour eux ces deux questions :
Comment les associations des parents, en théorie partie prenante et représentant ces derniers peuvent-il être des médiateurs ?
Et en quoi, la partie des « deux parties » est-elle touchée financièrement si l’autre partie passe sans autre forme de comptabilité à la caisse ?
Passons. Pendant la réunion de S. Amzazi avec les représentants du secteur privé, un enregistrement audio a été mis en circulation sur les réseaux sociaux où l’on entend le patron d’une école privée, relevant de l’Académie de Tanger d’après nos informations, envoyer balader le ministre lui déniant tout droit d’intervention. Inutile de s’arrêter sur l’effronterie du ton et l’outrecuidance du style de ce patron qui se revendique comme un commerçant de l’éducation et réduit la formation du capital humain de demain à un business comme un autre. On notera seulement qu’en dépit de son impudence et de son impertinence, il n’a pas eu suffisamment de culot et pas assez dans le ventre pour s’exprimer à visage découvert ou du moins décliner son identité.
Est-il représentatif de l’esprit qui prédomine chez les marchands de l’enseignement ? Il faut espérer que non mais craindre aussi qu’il soit un marqueur édifiant de la mentalité ambiante dans ce secteur.
Personne n’est candide au point de croire que l’école privée est un couvent de Mère Teresa peuplé de bénévoles du secours catholique. Ni, non plus, suffisamment cynique pour n’y voir qu’un banal commerce pour cupides revendeurs avides de gains faciles et rapides. Et pour parler le langage de l’auteur de l’audio cité plus haut, c’est exactement ce que dans ce rapport de mauvais commerce reprochent les parents d’élèves : ils n’en n’ont pas pour leur argent, du moins sur ce trimestre. Si bien qu’on est pratiquement dans une situation d’extorsion de fonds avec prise d’otages.
L’Éducation est une noble tâche, une mission de service public garantie par la Constitution du Royaume. Son exécution par un secteur privé ne peut se concevoir que comme une gestion déléguée obéissant à des règles de contentement et de décence. Si le ministre de l’Éducation n’est pas en mesure d’influer seul sur le cours des évènements, c’est à son collègue en charge de l’Industrie, du Commerce et de tas d’autres choses, Moulay Hafid Alami, d’entrer en ligne pour ramener à la raison ces écoles qui ne se conçoivent que comme une entreprise. C’est enfin à Saâdeddine El Othmani de monter au créneau et mettre dans la balance son poids de chef de gouvernement pour ramener à la raison les récalcitrants. Ou faudrait-il là encore que les parents d’élèves en appellent au Souverain pour se faire entendre ?
De Naim Kamal sur www.quid.ma