Poème à écouter en musique de Adnane Benchakroun
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun
Et la ceinture serre, ultime punition.
Des lacets bien noués pour emprisonner l'élan,
Quand marcher devient règle, et rêver hors du temps.
On fait briller les chaînes, ces bijoux du paraître,
Esclave d’un costume, on oublie d’être un être.
Les matins enchaînés à des gestes routiniers,
La prison se referme au nom des coutumiers.
Un tribunal muet où personne ne plaide,
Justifie l'apparat qui oppresse et qui cède.
Le miroir applaudit, complice de l'oubli,
Il renvoie l'image d’un homme assujetti.
Au banquet des costumes, la révolte s’éteint,
Sous des habits contraints, la liberté retient.
Et l’on marche en cadence, au rythme des lacets,
Des soldats élégants dans un monde corseté.
La soie d'une cravate est un fouet délicat,
Qui dans l’air raffiné dissimule le combat.
Qui sommes-nous vraiment dans ce théâtre absurde ?
Des pantins élégants, des âmes au pas trop sûr.
Liberté se murmure au détour des vestiaires,
Un jour je jetterai ce poids accessoire.
Mais quel tribunal saura juger cet affront ?
La mode est un empire, un tyran sans pardon.
Un jour je dénouerai le carcan de la classe,
Et marcherai pieds nus sur les chemins sans trace.
Alors, mes frères, levons nos cols en silence,
Et brisons ces lacets au nom de l'insolence.