Le « vivre avec » versus le « vivre sans »

Par Ali Bouallou


Le titre de cet article révèle à lui seul la philosophie de la vie depuis la nuit des temps, vivre avec ou sans les choses. En d’autres termes, assouvir tous ces désirs de consommer et de posséder par besoin organique, ou bien accepter juste l’essentiel voire se priver de tout par choix !



L’homme peut-il vivre dans le manque absolu des choses ou de certaines choses ? Quelle est donc sa normativité ontologique et sa limite de puissance active ?

L’être humain a une tendance vers la pléonexie car il vit en communauté et cette vie grégaire l’entraine dans des désirs démesurés et continus, pour avoir plus que les autres et être mieux que le plus grand nombre. L’état le plus extrême, et le plus dangereux pour la cohésion sociale, est de désirer la part des autres.  
Cette prédation matérielle a été condamnée par la philosophie grecque et plusieurs autres courants de pensée car elle détruit la notion d’équité et de justice sociale au sein de la cité et porte atteinte à la démocratie.  

Cette propension à la pléonexie résulte initialement d’un manque, ce que les Grecs appellent l’endeia. Le manque donne instinctivement lieu au besoin vital. Une fois satisfait, celui-ci peut se transformer en besoin luxuriant abolissant définitivement le retour du manque et sécurisant la possession fragile. 
Paradoxalement, si la pléonexie déstructure l’unité anthropologique d’une nation, elle favorise néanmoins un certain progrès de l’individu dans le sens où son désir effréné de technologie, par exemple, améliore le quotidien de sa vie.       

D’autre part, l’ascèse, glorifiée par les religions et les philosophes, apprend à rejeter les excès en tout genres et à aller vers le perfectionnement spirituel grâce au manque volontaire et le renoncement. Le manque développe donc l’alternative et stimule l’intelligence et la transformation qui fait grandir l’homme. 
La nature humaine vacille manifestement entre un idéal collectif et un contentement individuel. L’objectif in fine est de trouver le juste milieu entre les désirs contingents et les besoins fondamentaux afin de contenir les pulsions consuméristes. 

La sobriété et la tempérance sont les seuls remparts contre toute démesure. Le plus important est en définitive de pouvoir se réinventer constamment en respectant les limites imposées par la condition humaine.    

Par Ali Bouallou
        


Vendredi 5 Juillet 2024

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