Le repli nationaliste….


Après le tonnerre des élections européennes et leur résultats en France avec l’arrivée du Rassemblement National de Marine Le Pen largement en tête avec 30 %, voilà que le Président Macron a pris la décision de dissoudre l’assemblée nationale française et la convocation d’élections législatives pour le 07 juillet 2024.
Même si personne ne s’attendait au raz-de-marée nationaliste, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir était prévisible. La lente dégradation des conditions sociales en France depuis quarante ans, les multiples crises économiques et les discours extrémistes et haineux répétés à foison depuis si longtemps aussi bien par la classe politique que par les médias, ont produit ce résultat.



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Tous les politiciens français sont responsables de cette situation désastreuse, car faute de trouver des solutions efficaces aux problèmes économiques, pris en tenaille par une intégration européenne compliquée, ne permettant pas de grandes décisions courageuses; les partis politiques se sont lancés dans une surenchère nationaliste, stigmatisant les immigrés et leur faisant porter, à tort, l’état auquel est arrivée la France depuis quarante ans.

 
Les virages droitiers pris par les gouvernements successifs depuis plus de vingt ans ont forcément conduit à ce résultat. À force de jouer avec le feu, on finit toujours par se brûler et c’est le cas aujourd’hui.
Même si Macron n’avait d’autre choix que de dissoudre l’assemblée nationale, cela reste un pari dangereux, mais intelligent, de la part du président français.

 
Il semble dire au peuple français : « Vous voulez le Rassemblement National (RN) au pouvoir ? Voilà vous êtes servi, allez-y, votez pour lui …! »
 
Si le RN arrive au pouvoir et il y’a de fortes raisons de croire qu’il le sera, porté par le résultat important obtenu aux élections européennes, Macron semble parier sur une usure du pouvoir du RN dans un futur gouvernement de cohabitation.

 
Historiquement et depuis la première cohabitation en 1986 entre le président socialiste Mitterrand et le gouvernement de droite mené par Jacques Chirac, aucun parti majoritaire n’a gagné l’élection présidentielle qui a suivi ladite cohabitation.
 
C’était le cas avec Chirac en 1986, Balladur en 1995, Jospin en 2002. Il y’a de fortes chances que ce sera le cas avec le candidat du Front National à la présidentielle, si son parti venait à conduire un gouvernement de cohabitation.

 
L’exercice du pouvoir use et quand on est confronté à la réalité économique du pays, les promesse de campagne fondent comme neige au soleil. Ce n’est pas une théorie politique mais la réalité du pouvoir en lui-même.
 
Même si au niveau mondial une vague nationaliste semble éclore avec Bolsonaro, Trump, Boris Johnson ou Meloni en Italie, le réalisme politique a fait ou fera que cette vague passera comme les autres.

 
Il y’a aussi à attendre la réaction des marchés ce Lundi, face à cette décision de Macron et à l’arrivée du RN en tête te des élections européennes en France. La réaction des milieux financiers est importante, car quoi que l’on dise c’est le grand capital qui mène la danse et non le bon peuple qui vote !

 
Aucun président ou gouvernement ne peut gouverner en France ou ailleurs dans le monde occidental contre le marché.
 
Maintenant, on a vu qu’en Allemagne en 1933, c’est le grand capital allemand qui a porté Hitler au pouvoir et non pas uniquement les électeurs.

 
Aujourd’hui de grands patrons français comment Vincent Bolloré ne cachent pas leurs affinités avec l’extrême droite, en lui donnant non seulement accès aux médias qu’il contrôle comme Cnews ou Valeurs Actuelles, mais fait aussi la promotion d’Eric Zemmour en politique et d’un discours droitier chez Hanouna notamment. Bolloré n’est certainement que l’arbre qui cache la forêt d’un plus grand nombre de patrons français droitiers, mais qui se cachent pour des raisons évidentes.

 
Son candidat fétiche, Éric Zemmour, a déjà lancé ce soir le ton de ce que sera cette campagne législative inattendue dont le premier tour sera le 30 juin : « Une vague s’est levée ce soir en Europe. La droite qui gagne est celle qui se bat contre l’islamisation, contre le wokisme, contre La défense des nations. Je sais que la France suivra cette voie… »

 
Cette future campagne sera certainement xénophobe et anti-islamique.
 
Comme à chaque élection, un flot de mots vindicatifs contre les immigrés qui prennent la place des français, des banlieues où sévirait le trafic de drogue en masse, contre le port du voile dans les lieux publics ou à l’université, contre l’antisemitisme qui sévirait partout et autres épouvantails du même acabit qui font hérisser les poils des pauvres électeurs français, dont la grande majorité n’a jamais eu affaire à un immigré.

 

Mais c’est ainsi, le discours populiste de haine quand il est ressassé tous les jours, dans les médias complices ou dans l’espace public par des politiciens irresponsables, finit par porter ses fruits et empoisonner l’esprit des citoyens.

 
Toutefois, il n’est pas dit que le RN gagnera les élections législatives prochaines, car globalement, la France a toujours voté au centre-droit, sauf en 1981, 1988 et 2002 et 2012 ou elle a donné ses suffrages à gauche soit à peine 4 fois sur les 25 scrutins présidentiels ou législatifs organisés depuis 1958 et l’instauration de la V eme république.

 
Certes l’électorat français est séduit par l’extrême droite depuis que le RN a « normalisé » son discours avec Marine LePen et a sorti un candidat propre sur lui, Jordan Bardella, avec une image savamment cultivée du « gendre idéal », qui a l’air de rassurer dans les chaumières.

 
Toutefois le discours de fond n’a pas changé d’un iota. Il s’inspire toujours des logorrhées extrémistes du patriarche fondateur du Front National en 1972, Jean-Marie Le Pen. L’homme du « point de détail » et de « Durafour-crematoire » reste toujours la référence de sa fille Marine et de toute la droite extrême en France, de cette dernière génération de politiciens de la même mouvance.
 
C’est en cela que Macron joue son va-tout, car il n’a plus rien à perdre puisque son second mandat se termine en 2027 et qu’il n’a pas de relève à proposer. Il table donc sur une arrivée massive de l’extrême droite au pouvoir, qui risque fortement de se planter dans l’exercice du pouvoir durant les 3 années à venir, vu qu’elle n’a aucune expérience dans la gestion des affaires de l’état.

 
Macron veut certainement voir l’extrême-droite se ramasser comme la gauche après 1981. Celle-ci était venue avec un slogan tonitruant « changer la vie », mais elle a surtout fini par changer sa condition matérielle et s’embourgeoiser, avant de perdre piteusement les élections de 1986, justement par manque d’expérience et par une trop grande confiance en soi, la crise économique faisant le reste…

 
Il faut aussi observer de très près la réaction de la « Grande Muette » qu’est l’armée française où l’on a vu le discours droitier prendre de plus en plus et certains généraux s’exprimant ouvertement contre le désengagement de l’armée française au Sahel décidée par Macron.

 
De toutes les façons l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir ne changera rien à la situation économique et sociale difficile en France avec un endettement abyssal et des contraintes européennes à respecter. Certes l’idée d’un « Frexit » ou sortie de la France de l’Union européenne peut séduire un moment, un électorat qui voit que ses maux proviennent de l’Europe, mais cela reste très difficile à réaliser, vu que l’Union européenne n’a de sens que dans le puissant couple franco-allemand et les avantages qui vont avec…
 
Donc de toutes façons, malgré la défaite cuisante de son camp ce dimanche, Macron a déjà gagné la partie pour l’après 2027, car il aura un moment de répit durant la prochaine cohabitation, ce qui lui permettra de préparer sa relève.

 
Maintenant et sans minimiser ce qui vient d’arriver en France, l’Europe est entrain de virer sec vers la droite extrême, à grands pas. Il n’ya que Poutine qui peut être content ce soir, car il va enfin être remboursé par Marine, qui a concocté un prêt russe pour mener à bien ses compagnes électorales, il y’a quelques années et qu’elle n’arrivait pas rembourser…
 
Bref et au delà de toute plaisanterie, dans la France des lumières, ce soir quelqu’un a éteint toutes les lampes…
 
Rédigé par Rachid Boufous
 


Lundi 10 Juin 2024

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