Les statistiques du Ministère de la justice ont donné des chiffres qui donnent à réfléchir, sur 32104 mariages effectués en 2018, 84% sont des filles. Elles ont été mariées, à 99%, entre 15 et 17 ans dont 44,1% issues de milieux urbains.
L’association Ytto a donné son avis, statistiques à l’appui, recelées à travers des campagnes de sensibilisation conduites au niveau de régions enclavées.
Il suffit de la bonne volonté et des moyens pour y remédier
Depuis 2007, la Fondation Ytto a pris la décision de faire du mariage des mineures son cheval de bataille pour réussir son éradication et a choisi les régions où ce phénomène est le plus répandu.
Une caravane de sensibilisation a sillonné des zones enclavées. Elle a enregistré un taux de mariage de mineures très élevé dans la région Tidili à Ouarzazate.
Il fallait faire un travail de plaidoyer, avait relevé Mme Ikhich Najat, Présidente d’Ytto.
En 2010, le constat d’une campagne à Imilchil a été catastrophique : les filles se mariaient entre 7 et 13 ans et leur mariage était consommé. La situation a été alarmante puisque ce modèle social a développé la prostitution.
Enfin, en 2018, dans la région d’Azilal, 90% des femmes mariées bénéficiaires de l’étude ont été mariées entre 10 et 15 ans.
A Imilchil, 450 filles ont été mariées entre 7 et 13 ans en 2010. A travers un programme de sensibilisation, avec prise en charge de la scolarisation, par la Fondation Ytto, il y a une nette amélioration du phénomène. Elles ne sont plus que 150 filles mariées à un âge précoce en 2014, et 50 filles en 2018.
Il suffit donc de la bonne volonté et de moyens pour pallier au problème. Seulement une association n’a pas les moyens de faire les programmes de réhabilitation (réintégration à l’école) et de formation pour leur autonomisation et pour les faire sortir du chômage et de la précarité.
L’appel de la Fondation Ytto est pour un changement au niveau de la loi 103-13 sur les violences faites aux femmes, avec interdiction du mariage avant 18 ans, et sans exception. Outre l’annulation des articles 20 et 21 du Code de la Famille et la non reconduction de l’article 16, l’association appelle à prendre en compte dans les statistiques du Haut commissariat au Plan les mariages coutumiers (non pris en compte dans leur taux).
Ce mariage est avant tout un viol de l’enfance.