Le gouvernement peut-il vraiment faire plus dans une conjoncture aussi défavorable ?


Rédigé par le Mardi 10 Décembre 2024

Des mesures fiscales et sociales inédites pour soutenir le pouvoir d’achat
Une conjoncture qui met à nu les fragilités de l’économie marocaine
Vers un État social : ambition politique ou défi irréalisable ?

Debat - Podcast ci-dessous : Les chroniqueurs de la Web Radio R212 ont lus attentivement cet article et ils en ont débattu dans ce podcast à travers ces trois questions :
Quelles sont les limites des mesures gouvernementales face à la crise économique marocaine ?
Comment le Maroc gère-t-il la tension entre les aspirations sociales et les contraintes budgétaires ?
Dans quelle mesure les réformes annoncées contribuent-elles à un véritable État social ?



Une conjoncture qui bride les ambitions ou l’impossible équation : faire plus avec moins

Dans une allocution récente à Casablanca, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a mis en avant les efforts déployés par son équipe pour répondre aux attentes des citoyens, malgré une conjoncture économique et sociale particulièrement tendue. Les mesures annoncées, bien que substantielles, suscitent des interrogations quant à leur portée réelle et leur durabilité face à des défis d’une ampleur inédite.

Parmi les initiatives phares énumérées, figurent une augmentation de 45 milliards de dirhams des salaires des fonctionnaires, une hausse de 20 % pour les salariés du privé, la défiscalisation des pensions de retraite, et un relèvement du seuil des revenus exonérés de l’impôt sur le revenu (IR) à 6 000 dirhams. En parallèle, les collectivités territoriales bénéficieront d’une hausse de la TVA transférée, passant de 30 % à 32 %. Ces mesures visent à renforcer le pouvoir d’achat dans un contexte de crises multiples : inflation mondiale, sécheresse persistante, guerre en Ukraine, séisme et inondations.

Cependant, peut-on réellement considérer ces avancées comme suffisantes ? Si elles témoignent d’une volonté politique indéniable, leur impact global risque d’être limité par la conjoncture économique difficile. La question centrale demeure : ces réformes sont-elles des solutions pérennes ou de simples réponses temporaires à des pressions immédiates ?

Le gouvernement insiste sur le caractère exceptionnel des défis actuels. Pourtant, certains observateurs estiment que ces crises, bien qu’intenses, mettent en lumière les fragilités structurelles de l’économie marocaine. Les ménages continuent de faire face à une inflation galopante, notamment sur les produits de première nécessité, tandis que les efforts pour dynamiser les secteurs productifs semblent insuffisants.

En outre, les transferts sociaux et les exonérations fiscales, bien qu’appréciables, posent la question de leur financement à moyen terme. Si la mobilisation des ressources reste limitée, les collectivités territoriales pourraient rapidement ressentir les effets d’un transfert de TVA qui ne compense pas pleinement leurs besoins croissants en infrastructures et services.

Le chef du gouvernement affirme que ces actions traduisent concrètement la vision royale d’un État social.

Mais, dans quelle mesure ces efforts sont-ils à la hauteur des attentes des citoyens ? La mise en place d’un véritable État social nécessite des réformes structurelles profondes, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la justice sociale.

De plus, la communication gouvernementale, bien que rassurante, soulève des doutes sur la capacité à maintenir le cap. L’accumulation des crises pourrait-elle entraîner une révision à la baisse des ambitions affichées ? Cette question demeure cruciale, d’autant que les effets des mesures actuelles risquent de s’estomper sans une relance économique vigoureuse et inclusive.

Si l’action du gouvernement mérite d’être saluée pour son pragmatisme face à l’urgence, elle doit également être interrogée sur sa capacité à transformer durablement le quotidien des citoyens. La voie vers un État social ne se limite pas à des gestes symboliques, aussi importants soient-ils, mais repose sur une vision à long terme et des actions cohérentes.
 

Les chroniqueurs de la Web Radio R212 ont lus attentivement cet article et ils en ont débattu dans ce podcast à travers ces trois questions

Quelles sont les limites des mesures gouvernementales face à la crise économique marocaine ?
Comment le Maroc gère-t-il la tension entre les aspirations sociales et les contraintes budgétaires ?
Dans quelle mesure les réformes annoncées contribuent-elles à un véritable État social ?
 

Can the Moroccan Government Do More in This Difficult Climate_.wav  (22.07 Mo)


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Mardi 10 Décembre 2024
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