Par Aziz Boucetta
Il n’est pas nécessaire d’être un mordu de football pour s’intéresser à ce qui se passe dans notre très onéreuse, aussi chère que peu efficace sélection nationale, appelée Lions de l’Atlas, supposés rugir mais qui se contentent de mugir. Des budgets colossaux qui n’ont d’égale que la piètre performance de ceux à qui ils sont alloués, des objectifs non atteints et une arrogance doublée de suffisance et de grande absence des responsables.
Entendons-nous bien : ce n’est pas la défaite qui irrite, mais la manière d’être défait, et plus encore, la réaction à la défaite. On sait et on dit que la défaite est orpheline et que la victoire a cent pères, mais dans le présent cas de figure, on multiplie les impairs. Le sélectionneur, qui avait pourtant comme objectif d’atteindre le quart de finale, vient aux médias et s’adonne à son jeu favori, l’agressivité doublée et compliquée de condescendance. M. Halilhodzic n’explique pas, il martèle, il ne s’explique pas, il s’énerve, il ne reconnaît rien, mais accable.
En effet, au recrutement du technicien, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) Fouzi Lekjaâ avait déclaré que l’objectif pour cette CAN était au minimum la demi-finale… Or, le Maroc a (piteusement) mordu le gazon en quart de finale. M. Lekjaâ avait également fixé comme 2nd objectif la simple qualification au Mondial 2022, et on appréciera l’humilité de l’ambition, en dépit des quelques 750 millions de DH de budget annuel de la FRMF (autant que le ministère de la Culture, par exemple…). Et, enfin, pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023, Ssi Halilhodzic devait décrocher le titre continental.
« La non-atteinte de ces objectifs signifie automatiquement la résiliation du contrat (du sélectionneur), avec un avis de trois mois », proclamait le président en marge de la signature du contrat de Vahid Halilhodzic, présent à cette conférence et qui aujourd’hui vient de clamer être « fier de son travail ». Le concept de fierté ne semble pas le même chez le sélectionneur et chez le public. Entendons-nous bien : ce n’est pas la défaite qui irrite, mais la manière d’être défait, et plus encore, la réaction à la défaite. On sait et on dit que la défaite est orpheline et que la victoire a cent pères, mais dans le présent cas de figure, on multiplie les impairs. Le sélectionneur, qui avait pourtant comme objectif d’atteindre le quart de finale, vient aux médias et s’adonne à son jeu favori, l’agressivité doublée et compliquée de condescendance. M. Halilhodzic n’explique pas, il martèle, il ne s’explique pas, il s’énerve, il ne reconnaît rien, mais accable.
En effet, au recrutement du technicien, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) Fouzi Lekjaâ avait déclaré que l’objectif pour cette CAN était au minimum la demi-finale… Or, le Maroc a (piteusement) mordu le gazon en quart de finale. M. Lekjaâ avait également fixé comme 2nd objectif la simple qualification au Mondial 2022, et on appréciera l’humilité de l’ambition, en dépit des quelques 750 millions de DH de budget annuel de la FRMF (autant que le ministère de la Culture, par exemple…). Et, enfin, pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023, Ssi Halilhodzic devait décrocher le titre continental.
Venons-en maintenant à M. Lekjaâ... Invisible dans les médias, celui qui est inexplicablement président de la FRMF et ministre (cherchez l’erreur dans les règlements FIFA…) n’a pas fait de déclaration au sujet de sa proclamation au moment du recrutement de M. Halilhodzic. Expliquer une défaite n’est pourtant pas si difficile, mais c’est recommandé, voire même obligatoire. Fouzi Lekjaâ, ancien directeur du Budget, connu pour sa rigueur de gestion et réputé pour son attachement à l’efficience de la dépense publique et à la rationalité des choix budgétaires, doit justifier si possible le piteux et calamiteux rapport entre le budget FRMF et les résultats engrangés.
Quelques chiffres… 5,5 milliards de DH en sept ans, depuis 2014, avec une moyenne de 750 millions de DH par an (85 millions $ environ). Soit, voyons à présent les budgets de certaines équipes du continent : 17,7 millions $ pour le Nigéria, 12 pour l’Afrique du Sud, 9,4 pour l’Egypte, 27 pour l’Algérie. C’est bien connu, quand on aime, on ne compte pas, et au Maroc on aime, mais on peut au moins compter… sur des résultats souriants.
En d’autres termes, et si on tient compte des intentions et de la législation, Vahid Halilhodzic doit rendre son tablier et Fouzi Lekjaâ doit rendre des comptes. Ce sont les termes du contrat liant le premier à la Fédération du second qui disent que le sélectionneur doit partir, avec un préavis de trois mois, soit juste après le dernier match pour la qualification au Mondial, ce qui laisserait 8 mois à son successeur pour préparer une équipe. Que risque-t-on ? Perdre ? On a désormais l’habitude. Quant à la reddition des comptes, c’est la constitution qui le dit et le veut !
Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a dit, quant à lui, ceci :
« (Dimanche), tous les joueurs étaient en larmes. Le gouvernement soutient l’équipe nationale ».
Nous sommes contents de le savoir, et encore plus rassurés de savoir que « lundi, tout allait bien », toujours selon M. Akhannouch. Mais les larmes et le soutien ne font pas l’économie d’une reddition des comptes… Rendre des comptes, ce n’est pas une mauvaise chose pourtant, bien au contraire… Il n’y a que chez nous que la reddition des comptes est mal perçue, voire crainte, et comporte une connotation négative…
Depuis 20 ans, la FRMF aligne des sélections nationales composées de stars et entraînées par pas moins de 16 techniciens, dont la moitié étrangers. Si en plus de 65 ans d’indépendance, on ne réussit pas à former des joueurs locaux et des sélectionneurs locaux, c’est qu’il y a un problème, philosophait gentiment un lointain prédécesseur de M. Lekjaâ. Et c’est vrai.
Les jeunes locaux qui ont joué la CHAN, la Coupe d’Afrique des Nations des joueurs locaux, ont gagné deux fois consécutives cette compétition, en 2018 et 2020. Ils ne sont pas professionnels, eux ? On peut raisonnablement se poser la question, en donnant au mot « professionnel » tout son sens et sa noblesse, mais en toute gentillesse, sans animosité…
Comme c’est avec autant de courtoisie et sans hostilité aucune que les comptes doivent être rendus, puis revus à la baisse. Notre foot n’est sans doute pas bien terrible, diraient les supporters fans et les citoyens, mais au moins, avec plus de transparence, il serait moral et honnête.
Depuis 20 ans, la FRMF aligne des sélections nationales composées de stars et entraînées par pas moins de 16 techniciens, dont la moitié étrangers. Si en plus de 65 ans d’indépendance, on ne réussit pas à former des joueurs locaux et des sélectionneurs locaux, c’est qu’il y a un problème, philosophait gentiment un lointain prédécesseur de M. Lekjaâ. Et c’est vrai.
Les jeunes locaux qui ont joué la CHAN, la Coupe d’Afrique des Nations des joueurs locaux, ont gagné deux fois consécutives cette compétition, en 2018 et 2020. Ils ne sont pas professionnels, eux ? On peut raisonnablement se poser la question, en donnant au mot « professionnel » tout son sens et sa noblesse, mais en toute gentillesse, sans animosité…
Comme c’est avec autant de courtoisie et sans hostilité aucune que les comptes doivent être rendus, puis revus à la baisse. Notre foot n’est sans doute pas bien terrible, diraient les supporters fans et les citoyens, mais au moins, avec plus de transparence, il serait moral et honnête.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post