A lire ou à écouter en podcast :
Par Aziz Boucetta
Le droit international, le droit des peuples, le droit de dire et de faire. Mais à force de défendre et de porter ces droits, ou du moins de le proclamer, les Occidentaux en finissent par devenir… maladroits.
Cela fait en effet une vingtaine de mois que cette guerre en Ukraine ravage les hommes et les économies ; cela fait autant de mois que les Américains resserrent leur étreinte et que les Européens se serrent la ceinture, « au nom de (leurs) valeurs », « par respect pour (leurs) principes ».
Une pluie de (dizaines de) milliards de dollars pour l’Ukraine et une avalanche de matériel militaire se déversent sur le pays d’Europe centrale, pour combattre ce qui n’est pas encore désigné comme « Empire du mal », mais peu s’en faudrait.
Les médias occidentaux en parlent chaque jour, les chancelleries y pensent chaque heure et les populations en pâtissent chaque minute, essentiellement dans leur pouvoir d’achat qui s’érode, mais l’honneur est sauf, car les valeurs sont défendues, les principes sanctuarisés. Oui, mais…
Oui, mais ces valeurs et ces principes sont à géométrie variable car il n’est nulle part dit que les hommes sont différents et donc inégaux, comme le laisse entendre le comportement de nos amis occidentaux envers tant et tant de personnes vulnérables, menacées, malmenées, terrorisées.
Ou tuées. Ces valeurs d’égalité, de fraternité, de solidarité, etc… valent pour les Ukrainiens, par exemple, ou encore pour les Taiwanais, aussi, et c’est tout. Ah, les Sud-Coréens aussi. L’Ouest et le reste, comme dit avec génie l’historien britannique Niall Ferguson.
Cela fait en effet une vingtaine de mois que cette guerre en Ukraine ravage les hommes et les économies ; cela fait autant de mois que les Américains resserrent leur étreinte et que les Européens se serrent la ceinture, « au nom de (leurs) valeurs », « par respect pour (leurs) principes ».
Une pluie de (dizaines de) milliards de dollars pour l’Ukraine et une avalanche de matériel militaire se déversent sur le pays d’Europe centrale, pour combattre ce qui n’est pas encore désigné comme « Empire du mal », mais peu s’en faudrait.
Les médias occidentaux en parlent chaque jour, les chancelleries y pensent chaque heure et les populations en pâtissent chaque minute, essentiellement dans leur pouvoir d’achat qui s’érode, mais l’honneur est sauf, car les valeurs sont défendues, les principes sanctuarisés. Oui, mais…
Oui, mais ces valeurs et ces principes sont à géométrie variable car il n’est nulle part dit que les hommes sont différents et donc inégaux, comme le laisse entendre le comportement de nos amis occidentaux envers tant et tant de personnes vulnérables, menacées, malmenées, terrorisées.
Ou tuées. Ces valeurs d’égalité, de fraternité, de solidarité, etc… valent pour les Ukrainiens, par exemple, ou encore pour les Taiwanais, aussi, et c’est tout. Ah, les Sud-Coréens aussi. L’Ouest et le reste, comme dit avec génie l’historien britannique Niall Ferguson.
Au Soudan, une guerre civile a éclaté voici quelques mois. Elle aura fait à ce jour environ 8.000 morts et 5 millions de déplacés, dans l’admirable indifférence du bloc occidental.
Au Venezuela, l’Oncle Sam a décidé de tout bloquer, mais de garder le pétrole, un peu certes, mais le garder quand même. Et tant pis pour la misère des Vénézuéliens, tant que le pétrole est là, même un peu.
En Arménie, toute une population a été déplacée en quelques jours. Ce n’est évidemment que « 100.000 personnes », mais quand même. L’ONU ne s’en est même pas inquiétée, demandant mollement qu’une équipe onusienne y aille, sans représentant des droits de l’Homme. Pourquoi faire au demeurant, tant qu’on reste bien avec l’Azerbaïdjan, grand pourvoyeur d’hydrocarbures ? Les droits de l’Homme, on peut les aménager…
Au Pakistan, inondations en 2022, 2.000 morts, 250.000 habitations dévastées et 3 millions de personnes déplacées. 9 milliards d’aides promises mais, à l’arrivée, quelques centaines de millions effectivement débloquées (promesses de 360 millions d’euros pour la prospère France,...100 millions pour les très riches Etats-Unis…).
En Méditerranée, 27.000 morts noyés ou disparus sous les flots depuis 2014. Mais que sont-ils donc allés faire dans leurs « galères » pour se noyer ainsi ?... l’Europe ne peut bien évidemment pas accueillir toute la misère du monde, et puis, il faut se méfier du « grand remplacement ». Que les Ukrainiens soient 4 millions à s’être installés en Europe des 27 en un an est une chose, recevoir 27.000 migrants en 10 ans en est une autre.
Au Niger, la France a poussé, poussé, poussé autant qu’elle a pu pour engager les troupes de la Cédéao à envahir le pays, et le Nigéria a coupé l’approvisionnement électrique au pays dont il assure 70% des besoins. Les Nigériens plongent dans la misère, mais personne, en Occident, n’en a cure. Les droits de l’Homme ne concernent pas les Nigériens, semblerait-il !
Liste non exhaustive…
Mais dès qu’un individu décède en Ukraine, qu’un autre contracte une grippe à Taipeh ou qu’un soldat russe regarde avec un peu trop d’insistance du côté de la Lituanie, et voilà qu’on dégaine l’artillerie droitdelhommiste faite d’un savant mélange de menaçantes déclarations ministérielles du G7, de vigoureux reportages médias occidentaux, de viriles sorties d’ONG curieusement discrètes sur Guantanamo, les Gilets jaunes français ou Julian Assange… et de tweets vengeurs et rageurs de l’inévitable M. Borrell…
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres n’a d’yeux que pour l’Ukraine et son cœur bat, vibre pour elle. Oh, il dit bien deux ou trois mots sur les autres drames de la planète mais son véritable souci est l’Ukraine et son unique cauchemar est la Russie.
Quant à l’inénarrable Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, l’homme qui a dit que « l’Europe est un jardin, mais un jardin entouré par la jungle, qui pourrait envahir le jardin », l’homme dont l’unique action semble se dérouler sur X, l’homme qui ne cesse de condamner verbalement toute exaction ici et là (sauf en Occident), son horizon semble se limiter à la doxa des idéologues occidentaux, en l’occurrence défendre les intérêts de son bloc et toiser le reste du monde du balcon donnant sur son jardin.
Tout ceci aurait pu être admissible si les dirigeants occidentaux le disaient explicitement et l’assumaient clairement. Au lieu de cela, ils se positionnent sur l’échiquier mondial comme les seuls inventeurs et les uniques défenseurs de ce qu’ils proclament comme droits humains universels. Et ils distribuent les leçons autant que les remontrances, et quelques gifles pour les plus faibles.
Les droits de l’homme occidental à polluer la planète, le droit de l’(autre) homme à en pâtir et en mourir. En silence et dans l’indifférence. Voilà pourquoi l’occidentalocentrisme à l’Ouest a induit la désoccidentalisation dans le Reste.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Au Venezuela, l’Oncle Sam a décidé de tout bloquer, mais de garder le pétrole, un peu certes, mais le garder quand même. Et tant pis pour la misère des Vénézuéliens, tant que le pétrole est là, même un peu.
En Arménie, toute une population a été déplacée en quelques jours. Ce n’est évidemment que « 100.000 personnes », mais quand même. L’ONU ne s’en est même pas inquiétée, demandant mollement qu’une équipe onusienne y aille, sans représentant des droits de l’Homme. Pourquoi faire au demeurant, tant qu’on reste bien avec l’Azerbaïdjan, grand pourvoyeur d’hydrocarbures ? Les droits de l’Homme, on peut les aménager…
Au Pakistan, inondations en 2022, 2.000 morts, 250.000 habitations dévastées et 3 millions de personnes déplacées. 9 milliards d’aides promises mais, à l’arrivée, quelques centaines de millions effectivement débloquées (promesses de 360 millions d’euros pour la prospère France,...100 millions pour les très riches Etats-Unis…).
En Méditerranée, 27.000 morts noyés ou disparus sous les flots depuis 2014. Mais que sont-ils donc allés faire dans leurs « galères » pour se noyer ainsi ?... l’Europe ne peut bien évidemment pas accueillir toute la misère du monde, et puis, il faut se méfier du « grand remplacement ». Que les Ukrainiens soient 4 millions à s’être installés en Europe des 27 en un an est une chose, recevoir 27.000 migrants en 10 ans en est une autre.
Au Niger, la France a poussé, poussé, poussé autant qu’elle a pu pour engager les troupes de la Cédéao à envahir le pays, et le Nigéria a coupé l’approvisionnement électrique au pays dont il assure 70% des besoins. Les Nigériens plongent dans la misère, mais personne, en Occident, n’en a cure. Les droits de l’Homme ne concernent pas les Nigériens, semblerait-il !
Liste non exhaustive…
Mais dès qu’un individu décède en Ukraine, qu’un autre contracte une grippe à Taipeh ou qu’un soldat russe regarde avec un peu trop d’insistance du côté de la Lituanie, et voilà qu’on dégaine l’artillerie droitdelhommiste faite d’un savant mélange de menaçantes déclarations ministérielles du G7, de vigoureux reportages médias occidentaux, de viriles sorties d’ONG curieusement discrètes sur Guantanamo, les Gilets jaunes français ou Julian Assange… et de tweets vengeurs et rageurs de l’inévitable M. Borrell…
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres n’a d’yeux que pour l’Ukraine et son cœur bat, vibre pour elle. Oh, il dit bien deux ou trois mots sur les autres drames de la planète mais son véritable souci est l’Ukraine et son unique cauchemar est la Russie.
Quant à l’inénarrable Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, l’homme qui a dit que « l’Europe est un jardin, mais un jardin entouré par la jungle, qui pourrait envahir le jardin », l’homme dont l’unique action semble se dérouler sur X, l’homme qui ne cesse de condamner verbalement toute exaction ici et là (sauf en Occident), son horizon semble se limiter à la doxa des idéologues occidentaux, en l’occurrence défendre les intérêts de son bloc et toiser le reste du monde du balcon donnant sur son jardin.
Tout ceci aurait pu être admissible si les dirigeants occidentaux le disaient explicitement et l’assumaient clairement. Au lieu de cela, ils se positionnent sur l’échiquier mondial comme les seuls inventeurs et les uniques défenseurs de ce qu’ils proclament comme droits humains universels. Et ils distribuent les leçons autant que les remontrances, et quelques gifles pour les plus faibles.
Les droits de l’homme occidental à polluer la planète, le droit de l’(autre) homme à en pâtir et en mourir. En silence et dans l’indifférence. Voilà pourquoi l’occidentalocentrisme à l’Ouest a induit la désoccidentalisation dans le Reste.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost