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Par Aziz Boucetta
Le discours de ce 30 juillet, donc, intervient dans une conjoncture nationale plus que morose, avec une sortie de la crise Covid qui tarde et retarde le reste. Et le reste, ce sont les grands chantiers de la couverture médicale universelle, de l’investissement, de la sécheresse elle-même aggravée par un stress hydrique de plus en plus rude. Sur le plan international, en dehors de l’éternelle animosité que voue la république populaire au royaume millénaire, que témoigne la république démocratique au royaume pragmatique, c’est la guerre en Ukraine et ses conséquences dévastatrices qui marquent le monde.
Alors le discours du roi… Traditionnellement, le souverain évoque un sujet auquel personne ou presque ne songeait, et l’ajoute aux autres. Cette fois, c’est le rôle et la place de la femme dans la société et son apport au développement du pays. Mohammed VI a également parlé de l’investissement et des relations avec l’Algérie. Mais dans tous ces thèmes, il est important de laisser la lecture littérale pour aller vers les détails où, contrairement à ce que l’on dit, le diable ne se niche pas toujours, cédant parfois sa place à la vertu. Et les détails ce sont les petites phrases…
1/ La place de la femme dans la société. En juin 2022, le Maroc a fait l’objet d’un examen sur le rapport présenté par lui au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Pour faire simple, le royaume a été félicité pour son action en faveur des femmes mais les membres du comité sont convenus qu’un long chemin reste à parcourir. Il n’est donc pas fortuit que le roi Mohammed VI ait consacré la première partie de son discours aux droits des femmes.
Le 1er degré est de rester sur la partie « je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé », elle-même justifiée par la qualité de Commandeur des croyants du roi. Le 2nd degré est de se focaliser sur l’ « élan réformateur », « les desseins ultimes de la Loi islamique », « les spécificités de la société marocaine », « ouverture d’esprit dans l’interprétation des textes » et « volonté de concertation et de dialogue ».
Le chemin à parcourir est donc long, et son objectif final est l’égalité parfaite (ou presque), ce qui passe inéluctablement par la parité et l’héritage, sans lesquelles rien de sérieux ne saurait être entrepris, en dehors d’une prose politiquement correcte. Et sachant que rien de sérieux dans le pays ne pourrait être également effectué si les femmes demeurent ainsi socialement ostracisées.
Alors, quand le roi évoque la réforme, les desseins ultimes, les spécificités du Maroc et l’ouverture d’esprit, c’est dans le sens de l’audace que cela doit être interprété et c’est dans cet esprit que cette réforme doit être menée, une réforme globale qui serait alors approuvée par le Commandeur des croyants qui ne peut certes la réclamer ès-qualité, mais qui peut l’approuver si elle fait consensus.
2/ L’éthique en politique et en économie. S’exprimant sur les problèmes économiques, donc sociaux, du Maroc post-Covid et les déséquilibres inhérents à la conjoncture internationale, le roi Mohammed VI a développé les différentes politiques mises et à mettre en œuvre. Tout le monde aura cependant relevé cette phrase, soigneusement ponctuée par la pause du verre d’eau : « Le plus grand péril pour le développement du pays et pour la promotion des investissements réside dans les entraves dressées à dessein par certains pour préserver leurs propres intérêts et réaliser des profits personnels.Ces agissements doivent être combattus ».
Une phrase renforcée et soulignée par cet autre passage : « Nous appelons à la consolidation des mécanismes de solidarité nationale, à la lutte déterminée et responsable contre les spéculations et la manipulation des prix ». Remarquons que dans la construction du discours, ces deux phrases semblent avoir été ajoutées au dernier moment, et les mots choisis sont rudes : lutte déterminée, entraves dressées à dessein, le plus grand péril…
Donc, combattre ceux qui privilégient leurs intérêts particuliers et leurs profits personnels au bien général et lutter avec détermination contre les spéculations et la manipulation des prix. La manipulation… Comment comprendre autrement ces passages en dehors de la légitime colère des Marocains contre les prix pratiqués dans certains secteurs, l’énergie entre autres ?
Le roi est légaliste et il est tenu par le cadre constitutionnel. Il n’intervient pas à chaud, mais peut donner des indications et des orientations, puis agir froidement dans le cas où les concernés n’agissent pas.
Retenons donc ces deux idées force du discours du Trône : On ne peut développer un pays en occultant la moitié de sa population, comme on ne peut également pas développer le pays, en commençant par le sortir de ses problèmes, avec des véreux qui font passer leurs intérêts particuliers avant le bien commun. Faisons cela et nous aurons accompli un grand bond en avant !
PS : Pour l’Algérie, si la main du roi est toujours tendue, nous avons vu et entendu les commentaires de l’autre côté de la frontière, où ce sont les nerfs qui sont tendus. Ce qui était amplement, et malheureusement, prévisible.
Alors le discours du roi… Traditionnellement, le souverain évoque un sujet auquel personne ou presque ne songeait, et l’ajoute aux autres. Cette fois, c’est le rôle et la place de la femme dans la société et son apport au développement du pays. Mohammed VI a également parlé de l’investissement et des relations avec l’Algérie. Mais dans tous ces thèmes, il est important de laisser la lecture littérale pour aller vers les détails où, contrairement à ce que l’on dit, le diable ne se niche pas toujours, cédant parfois sa place à la vertu. Et les détails ce sont les petites phrases…
1/ La place de la femme dans la société. En juin 2022, le Maroc a fait l’objet d’un examen sur le rapport présenté par lui au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Pour faire simple, le royaume a été félicité pour son action en faveur des femmes mais les membres du comité sont convenus qu’un long chemin reste à parcourir. Il n’est donc pas fortuit que le roi Mohammed VI ait consacré la première partie de son discours aux droits des femmes.
Le 1er degré est de rester sur la partie « je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé », elle-même justifiée par la qualité de Commandeur des croyants du roi. Le 2nd degré est de se focaliser sur l’ « élan réformateur », « les desseins ultimes de la Loi islamique », « les spécificités de la société marocaine », « ouverture d’esprit dans l’interprétation des textes » et « volonté de concertation et de dialogue ».
Le chemin à parcourir est donc long, et son objectif final est l’égalité parfaite (ou presque), ce qui passe inéluctablement par la parité et l’héritage, sans lesquelles rien de sérieux ne saurait être entrepris, en dehors d’une prose politiquement correcte. Et sachant que rien de sérieux dans le pays ne pourrait être également effectué si les femmes demeurent ainsi socialement ostracisées.
Alors, quand le roi évoque la réforme, les desseins ultimes, les spécificités du Maroc et l’ouverture d’esprit, c’est dans le sens de l’audace que cela doit être interprété et c’est dans cet esprit que cette réforme doit être menée, une réforme globale qui serait alors approuvée par le Commandeur des croyants qui ne peut certes la réclamer ès-qualité, mais qui peut l’approuver si elle fait consensus.
2/ L’éthique en politique et en économie. S’exprimant sur les problèmes économiques, donc sociaux, du Maroc post-Covid et les déséquilibres inhérents à la conjoncture internationale, le roi Mohammed VI a développé les différentes politiques mises et à mettre en œuvre. Tout le monde aura cependant relevé cette phrase, soigneusement ponctuée par la pause du verre d’eau : « Le plus grand péril pour le développement du pays et pour la promotion des investissements réside dans les entraves dressées à dessein par certains pour préserver leurs propres intérêts et réaliser des profits personnels.Ces agissements doivent être combattus ».
Une phrase renforcée et soulignée par cet autre passage : « Nous appelons à la consolidation des mécanismes de solidarité nationale, à la lutte déterminée et responsable contre les spéculations et la manipulation des prix ». Remarquons que dans la construction du discours, ces deux phrases semblent avoir été ajoutées au dernier moment, et les mots choisis sont rudes : lutte déterminée, entraves dressées à dessein, le plus grand péril…
Donc, combattre ceux qui privilégient leurs intérêts particuliers et leurs profits personnels au bien général et lutter avec détermination contre les spéculations et la manipulation des prix. La manipulation… Comment comprendre autrement ces passages en dehors de la légitime colère des Marocains contre les prix pratiqués dans certains secteurs, l’énergie entre autres ?
Le roi est légaliste et il est tenu par le cadre constitutionnel. Il n’intervient pas à chaud, mais peut donner des indications et des orientations, puis agir froidement dans le cas où les concernés n’agissent pas.
Retenons donc ces deux idées force du discours du Trône : On ne peut développer un pays en occultant la moitié de sa population, comme on ne peut également pas développer le pays, en commençant par le sortir de ses problèmes, avec des véreux qui font passer leurs intérêts particuliers avant le bien commun. Faisons cela et nous aurons accompli un grand bond en avant !
PS : Pour l’Algérie, si la main du roi est toujours tendue, nous avons vu et entendu les commentaires de l’autre côté de la frontière, où ce sont les nerfs qui sont tendus. Ce qui était amplement, et malheureusement, prévisible.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post