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L’Ukraine vient, récemment, de faire l’objet d’une cyberattaque, que nombre d’observateurs ont aussitôt attribué à la Russie, via des hackers proxys biélorusses.
Même si aucune accusation officielle n’a émané de Kiev, Washington ou Bruxelles, il est fort probable que Moscou ait commencé à mettre en œuvre les menaces proférées suite à l’échec des négociations avec les Etats-Unis et l’Otan, respectivement les 10 et 14 janvier.
Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux négociations de Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements, avait en effet déclaré, au terme de la rencontre avec les diplomates occidentaux, que des « mesures militaro-techniques et militaires » allaient être prises, du fait du refus d’engagement de l’Otan à refuser l’intégration de l’Ukraine et la Géorgie dans ses rangs.
Même si aucune accusation officielle n’a émané de Kiev, Washington ou Bruxelles, il est fort probable que Moscou ait commencé à mettre en œuvre les menaces proférées suite à l’échec des négociations avec les Etats-Unis et l’Otan, respectivement les 10 et 14 janvier.
Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux négociations de Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements, avait en effet déclaré, au terme de la rencontre avec les diplomates occidentaux, que des « mesures militaro-techniques et militaires » allaient être prises, du fait du refus d’engagement de l’Otan à refuser l’intégration de l’Ukraine et la Géorgie dans ses rangs.
Bras de fer en Eurasie
En réponse aux propositions de la Russie visant à répondre à ses inquiétudes en matière de sécurité, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a indiqué que : « les Alliés ont réaffirmé la politique de la porte ouverte de l’OTAN. Et le droit pour chaque nation de choisir ses propres critères de sécurité ».
L’interprétation qu’a faite Moscou de ses déclarations est le renforcement de ses forces militaires aux frontières de l’Ukraine, avec la mobilisation de troupes estimées à plus de 100.000 hommes.
Chacune des deux parties exige, maintenant, de l’autre la prise de mesures de ‘désescalade’. Sauf que ni les pays occidentaux, ni la Russie ne semblent prêts à reculer d’un pas.
L’interprétation qu’a faite Moscou de ses déclarations est le renforcement de ses forces militaires aux frontières de l’Ukraine, avec la mobilisation de troupes estimées à plus de 100.000 hommes.
Chacune des deux parties exige, maintenant, de l’autre la prise de mesures de ‘désescalade’. Sauf que ni les pays occidentaux, ni la Russie ne semblent prêts à reculer d’un pas.
L’autre face du conflit
Tout ce spectacle médiatico-diplomatique ne devrait pas occulter la réalité. A moins que l’Ukraine n’envoie ses troupes mater la rébellion des russes ethniques des républiques sécessionnistes du Donbass, Donetsk et Lougansk, la Russie n’a, en fait, nul envie d’occuper l’Ukraine.
C’est un pays désindustrialisé et en quasi-faillite, dont Moscou n’a aucune envie d’assumer la responsabilité en tant que puissance administrative occupante. Surtout que les Russes se savent détestés par les Ukrainiens de l’Ouest.
Et même si Kiev joue son va-tout et décide de lancer une opération militaire contre le Donbass, de manière à susciter une réaction de Moscou et une contre-réaction des pays occidentaux, la Russie n’a nul besoin d’envahir le territoire ukrainien pour mettre son voisin de l’Ouest au pas.
C’est un pays désindustrialisé et en quasi-faillite, dont Moscou n’a aucune envie d’assumer la responsabilité en tant que puissance administrative occupante. Surtout que les Russes se savent détestés par les Ukrainiens de l’Ouest.
Et même si Kiev joue son va-tout et décide de lancer une opération militaire contre le Donbass, de manière à susciter une réaction de Moscou et une contre-réaction des pays occidentaux, la Russie n’a nul besoin d’envahir le territoire ukrainien pour mettre son voisin de l’Ouest au pas.
Guerre « à distance »
Ironie de l’Histoire, c’est en étudiant la campagne militaire des Etats-Unis contre l’Irak, lors de la 1ère guerre du Golf (1990-1991), que les stratèges russes ont planifié un scénario possible de frappes contre l’Ukraine.
Guerre électronique, cyberattaques, campagne de bombardements aériens, salves de missiles hypersoniques que les systèmes de défense contre-aérienne occidentaux ne sauraient stopper, infiltration de forces spéciales pour la désignation des cibles et des opérations de sabotage, ce ne sont pas les moyens qui manquent à la Russie pour détruire l’appareil militaire et les centres de commandement ukrainiens sans avoir à envoyer de bottes sur le terrain.
Guerre électronique, cyberattaques, campagne de bombardements aériens, salves de missiles hypersoniques que les systèmes de défense contre-aérienne occidentaux ne sauraient stopper, infiltration de forces spéciales pour la désignation des cibles et des opérations de sabotage, ce ne sont pas les moyens qui manquent à la Russie pour détruire l’appareil militaire et les centres de commandement ukrainiens sans avoir à envoyer de bottes sur le terrain.
Jusqu’au dernier Ukrainien
Les Etats-Unis, de leur côté, tout en affirmant leur soutien à l’Ukraine, en cas de conflit militaire contre la Russie, ne sont pas du tout disposés à entrer en guerre contre la Russie pour les beaux yeux de l’Ukraine.
Les Européens, pour leur part, ne sont pas en capacité de mobiliser des forces suffisantes, en temps voulu, pour affronter l’ours russe. Quant à un éventuel renforcement des sanctions, les Russes y sont déjà habitués.
Le pire pour Moscou serait une sortie forcée du système de paiement Swift. Ce qui reviendrait non seulement à précipiter Moscou dans les bras de Pékin, mais aussi à fragiliser encore plus le rôle du Dollar américain en tant que monnaie principale des échanges internationaux.
Les Européens, pour leur part, ne sont pas en capacité de mobiliser des forces suffisantes, en temps voulu, pour affronter l’ours russe. Quant à un éventuel renforcement des sanctions, les Russes y sont déjà habitués.
Le pire pour Moscou serait une sortie forcée du système de paiement Swift. Ce qui reviendrait non seulement à précipiter Moscou dans les bras de Pékin, mais aussi à fragiliser encore plus le rôle du Dollar américain en tant que monnaie principale des échanges internationaux.
Le dragon tapis dans l’ombre
Car l’ombre de Pékin plane également sur cette partie dangereuse du Grand Jeu en Eurasie. La Chine joue aussi au bras de fer avec les Etats-Unis à propos du statut de Taïwan et, vu son partenariat stratégique avec la Russie, elle ne maquerait pas d’ouvrir un second front en Mer de Chine, si les Etats-Unis devaient entrer en guerre contre la Russie.
Last but not least, l’Iran se ferait un plaisir de rendre la présence des forces américaines au Moyen Orient intenable, à travers ses nombreux proxys dans la région. L’attaque contre l’aéroport de Dubaï menée par les Houthis depuis le Yémen, le 17 janvier, démontre bien que Téhéran est à l’affut de la moindre occasion pour chambouler l’équilibre des forces au Moyen Orient.
Last but not least, l’Iran se ferait un plaisir de rendre la présence des forces américaines au Moyen Orient intenable, à travers ses nombreux proxys dans la région. L’attaque contre l’aéroport de Dubaï menée par les Houthis depuis le Yémen, le 17 janvier, démontre bien que Téhéran est à l’affut de la moindre occasion pour chambouler l’équilibre des forces au Moyen Orient.
Grand roque au Kazakhstan
La dernière manœuvre des Etats-Unis pour détourner l’attention de la Russie et l’occuper dans son flanc Sud a tourné au fiasco.
Non seulement Moscou a rapidement et efficacement réagi à la tentative de changement de régime au Kazakhstan, mais elle s’est également assurée de ramener sous son giron ce pays d’Asie centrale qui a longtemps tenté une politique d’équilibriste entre les Etats-Unis et La Russie, à l’exemple de la Biélorussie.
En refusant de tenir compte des préoccupations sécuritaires de la Russie, les Etats-Unis ont cru pouvoir jouer indéfiniment les prolongations dans les négociations, mais il n’est pas certain que Moscou l’entend de cette oreille.
Les pions que commence à avancer doucement la Russie sur l’échiquier de l’Eurasie mettent les Etats-Unis dans une impasse géostratégique dont il n’est pas évident qu’ils puissent trouver le moyen de s’en sortir.
Non seulement Moscou a rapidement et efficacement réagi à la tentative de changement de régime au Kazakhstan, mais elle s’est également assurée de ramener sous son giron ce pays d’Asie centrale qui a longtemps tenté une politique d’équilibriste entre les Etats-Unis et La Russie, à l’exemple de la Biélorussie.
En refusant de tenir compte des préoccupations sécuritaires de la Russie, les Etats-Unis ont cru pouvoir jouer indéfiniment les prolongations dans les négociations, mais il n’est pas certain que Moscou l’entend de cette oreille.
Les pions que commence à avancer doucement la Russie sur l’échiquier de l’Eurasie mettent les Etats-Unis dans une impasse géostratégique dont il n’est pas évident qu’ils puissent trouver le moyen de s’en sortir.