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Le destin incertain de la nouvelle Syrie

+Débat en podcast en dessous des chroniqueurs de la web Radio R212 sur le sujet de cet article


Rédigé par le Jeudi 12 Décembre 2024

Damas, fraîchement tombée dans les mains de l’opposition syrienne, est à portée de tir des canons israéliens. L’armée turque, de son côté, fait la chasse aux Kurdes, au Nord de la Syrie. La chute de la dictature Al Assad n’augure pas forcément des temps meilleurs pour les Syriens.



A lire ou à écouter en podcast :


La dynastie Al Assad, au pouvoir en Syrie depuis 53 ans, a été balayée par les forces de l’opposition, qui ont pris Damas, le 8 décembre. 

Douze jours après le début de l’offensive-éclair des rebelles syriens, moins de 50.000 combattants menés par Hayat Tahrir Cham (HTC), l’armée syrienne, qui compte quelques 160.000 soldats, sous-payés et démoralisés, s’est lamentablement effondrée.

Les Russes, dont les forces en Syrie sont estimées à 4.000 hommes, dégoûtés par l’absence de combativité de l’armée syrienne, ont fini par abandonner la partie.

Moscou a accueilli et accordé l’asile politique à un Bachar Al Assad fuyant son pays, en avion, avec sa famille par souci de fidélité envers un allié. Sinon, des contacts sont déjà en cours avec les nouveaux tenants du pouvoir à Damas, selon les agences de presse russes Tas et Ria Novosti.

On ignore, jusqu’à présent, ce qu’il va advenir de la base navale russe de Tartous, mais il est évident que les services de renseignement russes ne se sont pas montrés plus à la hauteur que leurs homologues syriens.

Retour de manivelle en Ukraine

Moscou va pouvoir concentrer toute son attention sur le champ de bataille en Ukraine, sachant que les services de renseignement de Kiev ont envoyé 150 drones et 20 opérateurs expérimentés pour les piloter, en soutien aux combattants de HTC, d’après le journal américain Washington post.

Avec la récente pluie de missiles longue portée tirés, le 11 décembre sur la ville russe de Taganrog, à partir de lanceurs américains Atacms, le président Poutine a bien des comptes à régler avec les Ukrainiens. C’est le président américain, Donald Trump, qui va hériter du chaos moyen-oriental, quand il va retourner à la Maison blanche, le 5 janvier.

Les Iraniens en furie

Les Iraniens sont encore plus furieux que les Russes. Selon le guide de la révolution iranienne, Ali Kamenei, dans une déclaration faite le 11 décembre, de hauts responsables militaires syriens ont freiné les efforts de leur venir en aide, laissant entendre que la trahison avait métastasé dans les plus hautes strates du régime de Damas.

Téhéran, autant que Moscou, est consciente d’avoir subi un cinglant revers militaire et politique face à l’axe Washington-Tel-Aviv-Ankara. La partie était perdue en Syrie avant même d’avoir commencé, lors du lancement de l’attaque contre Alep, le 27 novembre.

Les Iraniens comptent, désormais, surtout sur leurs missiles hypersoniques pour dissuader Israël et les Etats-Unis de se lancer dans une aventure militaire. A l’exception des Houthis, au Yémen, tous les autres proxys de l’Iran ne sont plus opérationnels. 

La chute du régime de Bachar et la prise par l’armée israélienne du Golan syrien, signifie la rupture de la chaîne d’approvisionnement du Hezbollah, au Liban.

Joulani, leader ou terroriste ?

Les experts en communication de la CIA et du MI6 ont beau avoir « lissé » l’image du leader du HTC, Abou Mohamed El Joulani (de son vrai nom Ahmed Hussein Al Chara), de manière à rendre ce chef terroriste (ancien cadre d’Al Qaïda et de Daech avant de fonder son propre mouvement) plus présentable à l’opinion publique internationale, il sera difficile de faire oublier que les services de renseignement américains promettent 10 millions de dollars pour toute information permettant sa capture.

La meilleure est que, selon le département d’Etat américain sollicité à ce sujet par CheckNews, cet « avis de recherche » est toujours d’actualité !

Et même si Joulani s’est (peut-être) repenti, c’est très loin d’être le cas de ses miliciens, dont pas mal de jihadistes Ouighours, Ouzbeks, Turkmènes, Tadjiks…

Des vidéos de jihadistes syriens réglant leurs comptes avec des soldats en fuite du régime déchu ou des membres de la communauté minoritaire des Alaouites, à laquelle appartenait Bachar Al Assad, ont déjà commencée à circuler sur les réseaux sociaux.

Qui gagne quoi ?

Dans le contexte d’un pays économiquement à genoux, des suites des longues années de la guerre civile, entamée en 2011, et des sanctions contre le régime baathiste, Joulani aura de la peine à calmer les ardeurs de ses troupes et faire fonctionner, au profit de la population, un appareil étatique en ruine.

La prise de contrôle du Golan syrien par l’armée israélienne et celle du Nord de la Syrie par l’armée turque et ses supplétifs de l’Armée nationale syrienne, engagés dans un processus d’élimination des milices kurdes, n’arrange rien aux affaires du nouveau régime syrien.

Maintenant que le président Erdogan a trahi la confiance des présidents russe, Poutine, et iranien, Massoud Pezechkian, il va devoir composer avec un chef du gouvernement israélien, Netanyahou, et un président américain, Trump, qui ne lui font pas plus confiance.

Mais la Turquie n’avait, peut-être pas, d’autre choix que de s’aligner sur les plans anglo-sionistes d’un nouvel Moyen-Orient.

Israël, pour sa part, semble décidé à matérialiser la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu’un bœuf. La surface du territoire nouvellement occupé par l’armée israélienne en Syrie représente le triple de celle de la bande de Gaza, qu’elle continue de martyriser, sans parvenir à éradiquer le Hamas.

La Syrie post-Assad, c’est une multitude d’acteurs aux ambitions et calculs très différenciés, voir opposés, dans un pays exsangue, avec une population à bout de souffle. Le foyer idéal pour un nouvel essaim de l’internationale jihadiste.

+Débat en podcast des chroniqueurs de la web Radio R212 sur le sujet de cet article selon ces questions :

Quelles sont les conséquences géopolitiques de la chute d'Assad ?
Comment la nouvelle Syrie affectera-t-elle la région ?
Quels sont les acteurs et leurs intérêts en jeu ?
the_uncertain_fate_of_new_syria.wav Podcast à écouter  (33.59 Mo)






Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 12 Décembre 2024

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