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Le chaos comme horizon : vers un leadership de crise permanent ?


Rédigé par La Rédaction le Jeudi 24 Avril 2025



Le monde du déséquilibre constant / Gouverner l’instabilité : un nouveau paradigme

Et si le chaos n’était plus l’exception mais la norme ? Le rapport stratégique 2024-2025 de l’IRES aborde cette idée provocante avec sérieux : dans un monde où les crises sont simultanées, systémiques et imprévisibles, il ne suffit plus de gérer l’ordre — il faut apprendre à gouverner le désordre. Ce tournant oblige à repenser la nature même du leadership.

Nous ne vivons plus dans un monde où les crises se succèdent. Nous vivons dans un monde où elles coexistent et se superposent : dérèglement climatique, pandémie, guerre en Europe, crises migratoires, polarisation politique, effondrement de la biodiversité, choc énergétique, rupture numérique…

Ces dynamiques conjuguées créent un sentiment d’instabilité structurelle, que les gouvernances traditionnelles ne savent pas apprivoiser. Le cadre ancien — celui de la stabilité institutionnelle et des réformes progressives — semble dépassé. L’État-providence, les accords multilatéraux, les institutions technocratiques apparaissent souvent comme trop rigides, trop lents, trop inertes.

Face à ce « chaos permanent », le rapport appelle à un leadership adaptatif, capable non pas de restaurer un ordre disparu, mais de naviguer entre incertitudes et ruptures. Ce leadership doit :
Anticiper les chocs,
Réagir rapidement,
Apprendre de l’échec,
Co-construire des réponses hybrides avec la société civile, les chercheurs, les entreprises, les citoyens.

Il ne s’agit plus d’ordonner, mais d’orchestrer. Non plus d’imposer, mais de composer. C’est une posture profondément relationnelle, fondée sur la confiance, l’écoute et l’humilité.

L’IRES insiste : le monde de demain n’a pas besoin de leaders charismatiques autoritaires, mais de médiateurs du sens. Des figures capables de tenir un cap sans imposer une vision unique. Des femmes et des hommes qui assument de ne pas tout savoir, mais qui savent mobiliser l’intelligence collective.

Ce nouveau leadership doit aussi être éthique : le chaos peut être une excuse pour renforcer le contrôle, l’exception, l’illibéralisme. À l’inverse, un vrai leadership de crise assume la transparence, la responsabilité, et la prise de décisions douloureuses — mais légitimes.

Le chaos n’est pas toujours destructeur. Il peut être générateur de créativité, de résilience, d’innovation. Mais cela suppose un cadre minimal de gouvernance. Le défi, alors, n’est pas d’abolir le chaos — mais de l’encadrer pour qu’il devienne porteur de transformations positives.

 

​Et si ce culte du chaos n’était qu’un abandon masqué ?

Une façon de justifier l’échec des structures classiques en glorifiant l’imprévu ? À trop valoriser le "leadership de crise", on risque de normaliser l’urgence, d’anesthésier la critique, et de dépolitiser les choix. Gouverner dans le chaos, ce n’est pas toujours courageux — c’est parfois l’aveu qu’on n’a rien su prévenir. Le véritable enjeu n’est-il pas, justement, de réduire le chaos plutôt que d’apprendre à s’y accommoder ?





Jeudi 24 Avril 2025

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