Le carnage pour la libération de quatre otages israéliens raconté par l'AFP.


Rédigé par le Lundi 10 Juin 2024

Habitants et soignants racontent le chaos de l’opération de libération des otages israéliens samedi dernier , avec plus de 270 personnes mortes et près de 700 blessés, selon le Hamas, dans le camp de réfugiés de Nousseirat.



Un déluge de 150 roquettes en moins de dix minutes !

Pour l'opération de libération de quatre otages samedi dernier, les forces spéciales israéliennes ont commis un massacre utilisant des camions destinés en principe à l'acheminement de l'aide humanitaire !
Pour l'opération de libération de quatre otages samedi dernier, les forces spéciales israéliennes ont commis un massacre utilisant des camions destinés en principe à l'acheminement de l'aide humanitaire ! 
 
Au lendemain de l’opération de libération de quatre otages israéliens dans le centre de la bande de Gaza, les témoignages de Palestiniens sous le choc affluent ce dimanche 9 juin. Dans le camp de réfugiés de Nousseirat, ou plus de 270 personnes sont mortes selon le Hamas, les survivants décrivent les explosions, tirs intenses et hurlements.

« Tout le camp a disparu sous la fumée et les flammes », décrit par téléphone à l’AFP Muhannad Thabet, un homme de 35 ans, vivant dans ce camp où a eu lieu cette opération « difficile » selon l’armée israélienne.

« J’ai entendu des coups de feu, j’ai pensé que c’était les échanges habituels, mais très vite, j’ai entendu le bruit des avions de guerre et des bombardements s’abattre sur le camp, dans le coin de l’hôpital al-Awda et du marché » poursuit-il, « et soudain les gens se sont mis à courir dans tous les sens, sans savoir où aller ».

« Des maisons ont été détruites alors que leurs occupants étaient encore à l’intérieur, beaucoup de déplacés, de magasins ou de voitures étaient en feu à cause des bombardements », raconte cet homme.

« Les gens hurlaient, les plus jeunes comme les plus vieux, les hommes comme les femmes », ajoute-t-il encore, « tout le monde voulait s’enfuir, mais bouger c’était aussi prendre le risque d’être tué dans les bombardements et les tirs ».

« Bombardement fou » !

Nidal Abdo, qui faisait ses courses samedi, décrit lui un « bombardement fou ». « Peut-être 150 roquettes sont tombées en moins de dix minutes alors que nous nous enfuyions, d’autres sont tombées sur le marché », témoigne-t-il auprès de CNN. « Il y a eu des enfants déchiquetés et éparpillés dans les rues, ils ont anéanti Nousseirat, c’est l’enfer sur terre. »

Sur des photos prises par un photographe de l’AFP quelques heures après la fin de l’opération, les rues du camp sont toutes recouvertes de poussière et de débris.

Depuis le toit de l’immeuble où il vit, Mohammed Moussa dit à l’AFP avoir été pétrifié quand il a vu un char israélien entrer dans une rue, accompagné par des drones militaires, et couvert par des tirs d’artillerie continus. « Je devrais être mort », répète ce jeune de 29 ans originaire de Gaza et déplacé, comme de nombreux Gazaouis, à plusieurs reprises au gré des combats.

Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a de son côté affirmé samedi que les otages se trouvaient dans deux bâtiments différents, de trois ou quatre étages, précisant que les forces israéliennes s’étaient retrouvées sous les tirs. Il a aussi évoqué une opération « au cœur d’un quartier de civils avec des terroristes armés ».

Camion réfrigéré !

« Je marchais vers le marché quand j’ai vu un camion réfrigéré et une voiture blanche », raconte à l’AFP Alaa al-Khatib, une déplacée vivant dans le camp. « Des gens en sont rapidement sortis avec une échelle et sont montés à l’étage d’une maison et juste après j’ai entendu des tirs et des explosions ». « J’ai appris par la suite que les forces spéciales israéliennes étaient entrées dans le camp à bord de véhicules utilisés pour l’aide humanitaire », précise-t-elle.

Plusieurs autres témoins ont rapporté à l’AFP les mêmes détails, notamment la présence d’un camion réfrigéré.

Près de 700 blessés !

« Les forces spéciales étaient habillées comme des gens du Hamas ou du Jihad islamique, et certains étaient masqués », témoigne également Mahmoud al-Assar, un Palestinien de 27 ans qui compare l’opération israélienne à « un tremblement de terre ».

Ce dimanche 9 juin, le ministère de la Santé de la bande de Gaza avait déclaré avoir recensé 274 morts et 698 blessés, « y compris des personnes dans un état critique » après l’opération dans ce camp de réfugiés densément peuplé.

« L’hôpital était plein de “martyrs” et de blessés, et personne n’avait la capacité de prendre en charge autant de patients en si peu de temps », explique le docteur Marwan Abu Nasser, un responsable du centre de santé al-Awda, proche du camp. « L’hôpital essuyait des tirs et personne ne pouvait vraiment bouger d’ici pendant l’opération », ajoute-t-il.

Aux urgences de l’hôpital al-Aqsa, où s’est rendue une employée de Médecins Sans Frontières samedi en tout début d’après-midi, la situation était tout aussi dramatique.

« Une centaine de patients étaient par terre. Des femmes, des enfants, beaucoup d’enfants. J’enjambais les corps tout le temps. Il fallait que je pousse, que je tire les patients pour avoir 30 centimètres entre deux patients. C’était que ça, partout », raconte-t-elle à franceinfo.

Avec AFP
 




Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 10 Juin 2024
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