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Le Wydad, 85 ans d'histoire et de gloire


Rédigé par le Dimanche 8 Mai 2022

Le 8 mai marque la création du Wydad Athlétic Club (WAC). Ce club mythique du Royaume a été fondé par un groupe de nationalistes marocains mené par feu Mohammed Benjelloun et Belhacen Laafani (connu sous le nom de Père Jégo).



Le Wydad a vu le jour le 8 mai 1937. un groupe de nationaliste marocain mené par le feu Mohammed Benjelloun et Belhacen Laafani (connu sous le nom de Père Jégo) ont décidé d’utiliser le sport et plus précisément le football comme une arme de résistance contre l’occupant français, et ce, à l’ère coloniale.

Ces jeunes sont parvenus à créer un club 100% marocain, et ce, après de longues négociations avec les autorités françaises, quand 'occupant rançais renforçait sa mainmise sur les différentes disciplines sportives, consacrées en très grande partie aux Français résidant au Maroc. Ces premiers Wydadis avaient comme objectif ; maintenir la pratique sportive, et lutter ainsi contre la force coloniale afin d’obtenir l’indépendance du pays.

L’histoire insolite du nom "Wydad"

De nos jours, le Wydad résonne fort dans tous les stades marocains ou africains. Mais derrière ce nom il y’a toute une histoire que tous les Wydadis retiennent à la lettre. Alors que le feu Mohamed Benjelloun tenait une réunion avec les membres fondateurs du club afin de choisir le nom de leur nouveau-né, un de ses membres arriva en retard et lorsqu’il ce fut interrogé sur la raison de son retard, il répondit qu’il était en train de regarder un film de la grande chanteuse égyptienne Oum Kalthoum intitulé : Wydad.

À ce moment-là, un cri de joie a été entendu en provenance d’une maison avoisinante ce que ce groupe de fondateur a considéré comme un bon présage et ont finalement opté pour le nom de "Wydad". 

Section natation d’abord…

Face au nombre grandissant des Marocains qui accédaient à l’époque (1935-1936) aux piscines se trouvant aux alentours du Port de Casablanca, les autorités françaises qui interdisaient la fondation des clubs purement marocains, ont adopté des mesures restrictives dans le but interdire les "indigènes" à avoir accès aux piscines de la ville.

Pour cela, Mohamed Benjelloun a eu l’idée de fonder en 1937 le Wydad section waterpolo, club destiné seulement aux Marocains. Après des négociations avec l'administration française, il a fini par imposé le WAC dans un environnement fermé aux Marocains, et à permettre aussi à ces derniers l'accès aux piscines casablancaises. Deux ans après, il a fondé la section foot. 

Section foot : palmarès colossal.

En 1939, la section football a été créée. C’est là où tout a vraiment commencé. L’équipe du Wydad de football a connu comment incarner la résistance dans les terrains de football. Et son palmarès le prouve. Le WAC qui était constitué par des joueurs marocains a réussi à réaliser un exploit inédit dans l’histoire et ce, en remportant 5 championnats d’affilée (1948,1949,1950,1951,1955). 

Depuis, le WAC est devenu un symbole d’unité et de résistance pour tous les Marocains d’où vient le surnom de Wydad Al Maghariba. L’histoire continue donc pour ce club mythique qui fait partie des piliers du ballon marocain. 

En termes de titres, le WAC s’affiche à la tête des clubs marocains avec 44 titres glanés tout au long de ses 84 ans. Le club des Rouges a remporté 20 fois le championnat marocain (1948, 1949, 1950, 1951, 1955, 1957, 1966, 1969, 1976, 1977, 1978, 1986, 1990, 1991, 1993, 2006, 2010, 2015, 2017, 2019), 9 fois la Coupe du Trône (1970, 1978, 1979, 1981, 1989, 1994, 1997, 1998 et 200), Deux LDC Africaine (1992-2017), une Supercoupe africaine (2018) Coupe d’Afriques des Vainqueurs de coupe (2003), Supercoupe Arabe (1992), Championnat Arabe des Clubs (1989), Coupe de l’Indépendance (1956), Coupe Mohammed V (1979), Coupe Afro-Asiatique (1993) et 3 fois le Championnat d’Afrique du Nord (1948, 1949 et 1950). 

Un militantisme non violent

L’histoire du Wydad est une partie intégrante de l’histoire de la résistance contre les colons français. Depuis sa création en 1937, le club s’est érigé en véritable symbole de nationalisme et de résistance. 

Dans un livre consacré à l’histoire du WAC intitulé "Wydad  Athlétic club : histoire et palmarès", les auteurs, Mohamed Ben Tayeb et Mohamed Ben Elmehdi, ont évoqué plusieurs aspects de cette résistance "non violente". Ils rappellent la haine que portaient les autorités françaises au Wydad et à ses supporters.
"Les supporters du Wydad étaient souvent victimes de provocations et d’humiliation des colons français qui barricadaient le stade chaque fois que se tenait un match du Wydad. Ils plaçaient même des chars devant les portes du stade pour porter la peur aux cœurs des supporters qui voyaient dans le Wydad une entité capable de répondre à ces agissements par un jeu de haut niveau", lit-on dans le livre. Les agissements des autorités françaises n’ont pas épargné les joueurs du Wydad "arrêtés à plusieurs reprises sans motifs".  

Les auteurs du livre rapportent aussi des prises de position du Père Jégo, illustre journaliste et l’un des fondateurs du Wydad. Ils rappellent dans ce sens un déplacement historique de l’équipe de la métropole en Algérie pour y affronter l’équipe de Tlemcen dans le cadre du championnat d’Afrique du Nord. 
"Lors de ce premier déplacement du Wydad à Tlemcen, Bouchaib Khali et Abdelkader Jalal, deux joueurs du Wydad, ont porté des tracts et affiches du mouvement nationaliste marocain aux Algériens. Le Père Jégo, après les avoir consultés, ne s’est pas opposé à cette opération", rapportent les auteurs.
En 1949, lors d’un autre déplacement à Oran pour y affronter le Sporting club Bel-Abbès, dans le cadre du championnat d’Afrique du Nord, les joueurs du Wydad, entraînés par le Père Jégo, avaient refusé de prendre part au match jusqu’à ce que le drapeau marocain soit levé dans le terrain aux côtés de celui de la France "étant donné que le Maroc n’est pas une colonie française, mais un pays sous protectorat". 
"Le Wydad a campé sur sa position jusqu’à ce que l’arbitre du match n’intervienne auprès du représentant de la Ligue d’Oran pour l’inciter à lever le drapeau marocain dans le stade", racontent les auteurs du livre. Après cette victoire nationale contre le colon français, les 11 wydadis ont pu gagner le match (4-3).





Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 8 Mai 2022

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