- Pouvez-vous nous expliquer ce qu'on entend par le terme "summer body" et comment ce concept a émergé dans notre société ?
Le summer body est utilisé pour qualifier l’objectif d’avoir un corps esthétique et athlétique que l’on affiche avec fierté. C’est une représentation du « corps idéal » associé à des standards de beauté défini dans nos société avec une taille fine, un ventre plat, des tablettes de chocolats, des biceps bien dessinés, de gros pectoraux, une peau lisse et sans imperfections.
Le « culte du corps » existe depuis la nuit des temps sous différentes formes. A l’époque de nos ancêtres les plus lointains, un corps athlétique et formé été synonyme de force et de pouvoir. C’est à partir des années 1820 qu’apparaît vraiment le sport moderne et que se perfectionne le principe de « sculpter son corps ». Au fur et à mesure des années, le culte du corps continu mais sous différentes formes. Selon les années, le fameux « corps parfait » change selon les standards de beauté fixés par la société.
Le concept de « summer body » est apparu dans la presse américaine dans les années 1950 puis a très vite émergé dans notre société dans les années 1960.
Cependant, les corps évoluent au fil des décennies. Les années 70 marquent l’émergence du fitness avec l’avènement du corps « skinny », la taille fine, les abdos apparents pour les femmes également. Dans les années 90, il y a cette vogue des énormes poitrines, puis dans les années 2000, c'était des corps très minces qui reviennent à la mode avec la mode du « thigh gap », autrement dit l’écart entre les cuisses et les clavicules apparentes.
Depuis 2012, on assiste à l’émergence des corps plutôt « curvy » avec des modèles comme Kim Kardashian aux formes généreuses qui renverse les standards de beauté des années 2000.
- Pourquoi pensez-vous que la pression pour avoir un "summer body" est particulièrement forte pendant l'été ?
La pression d’avoir ce fameux « summer body » est particulièrement forte pendant l’été car c’est durant cette période estivale que le corps est le plus exposé. Maillot de bain, robe, jupe, tee-shirt, top sont des vêtements où le corps est beaucoup plus apparent et donc confronté aux regards et aux critiques des autres. L’été c’est le beau temps, la plage, les vacances mais c’est aussi la saison des complexes corporels.
- Quels sont les impacts psychologiques de cette pression sociale sur les individus, en particulier les jeunes et les femmes ?
La pression sociale liée au « summer body » peut avoir de nombreux impacts psychologiques sur les femmes comme sur les hommes. Cette angoisse estivale génère une perception négative du corps avec des normes de beauté souvent irréaliste entrainant des conséquences émotionnelles et psychologiques tels que le stress intense, l’anxiété, la dépression, des troubles du comportement alimentaire, dysmorphophobie ou même une addiction à le chirurgie/ médecine esthétique.
- Comment la comparaison constante sur les réseaux sociaux peut-elle affecter l'estime de soi et la santé mentale ? Quel rôle jouent les médias et les réseaux sociaux dans la perpétuation de cette pression pour le "summer body" ?
Avec l’avènement des réseaux sociaux, nous sommes constamment sollicités par des images retouchées de corps et de visages parfaits. Cette perfection illusoire peut engendrer une modification de l’image de soi et impacté de manière significative l’estime de soi et la santé mentale. La comparaison mène à des objectifs qui sont souvent irréaliste et qui génère une détresse psychologique avec un sentiment d’impuissance.
Cependant, depuis quelques années, un nouveau concept de « body positive » est apparu dans les médias et réseaux sociaux. Ce mouvement social en faveur de l’acceptation et l’appréciation de tous les types de corps. Ce mouvement suivi par beaucoup d’internautes encourage la diversité et l’inclusion de toutes les morphologies en défiant tous les stéréotypes et standards sociaux.
-Quels comportements malsains peuvent émerger en réponse à cette pression (régimes extrêmes, excès de sport, etc.) ?
En réponse à cette pression sociale en lien avec le « summer body », certains adoptent parfois des mesures drastiques.
Parmis ces comportements malsains on retrouve souvent des régimes extrême et parfois même dangereux pour la santé, avec une restriction excessive voir même total de nourriture. La bigorexie (addiction au sport) ou encore l’addiction à la chirurgie sont également des conséquences que l’on observe en réponse à cette pression. Cette pression autour du « summer body » peut également être l’un des facteurs socioculturels de certains troubles du comportement alimentaire.
- Comment les influenceurs peuvent-ils avoir un impact positif ou négatif sur la perception de l'image corporelle ?
Les influenceurs peuvent avoir un impact très significatif de par leur visibilité en encourageant le « body positif » et en postant des photos « réelles » sans retouches, sans artifices et sans filtres pour permettre aux internautes de s’identifier à eux et de mieux s’accepter.
- Quelles stratégies recommandez-vous pour résister à cette pression sociale et développer une image corporelle positive ?
L’idée est dans un premier temps de prendre conscience que ce que l’on voit dans les réseaux sociaux ne correspond pas à la réalité pour ne plus utiliser ces modèles comme référentiel. Dans un second temps, un travail sur l’acceptation de soi sans jugement ni critique et de façon inconditionnelles. Cette quête est une grande et longue aventure qui consiste à embrasser nos imperfections, à aller à la rencontre de notre « moi authentique » non pas dans une démarche d'acceptation de la « médiocrité » mais avec la volonté d'une amélioration constante de soi-même.
- Quelle est l'importance de l'éducation sur l'acceptation de soi et la diversité corporelle dès le plus jeune âge ?
Dès les premières années de vie, il est important d’inculquer de bonnes valeurs tel que l’acceptation de la différence, la bienveillance envers soi et envers les autres, le non-jugement, la tolérance à travers les différentes expériences de vie. Les enfants apprennent par imitation, nous sommes leur modèle, de ce fait la meilleure façon de leur inculquer ces valeurs est de les incarner nous-même en leur donnant l’exemple.
- Quels sont vos principaux conseils pour nos lecteurs et lectrices qui se sentent actuellement sous pression pour atteindre un certain standard de beauté cet été ?
Tout type de pression risque de générer des conséquences psychologiques négatives. Les critères de beauté sont en perpétuelle évolution et les standards de beauté fixé par la société et par les réseaux sociaux sont très souvent irréaliste.
Fixez-vous vos propres critères, vos propres standards, acceptez-vous, aimez-vous, embrassez-vous.
Cependant, il est essentiel de rappeler que ces standards sont souvent irréalistes et artificiels, renforcés par des images retouchées sur les réseaux sociaux. La promotion du mouvement "body positive" offre une alternative salutaire en célébrant la diversité corporelle et en encourageant l'acceptation de soi. Les influenceurs jouent un rôle crucial en véhiculant des messages positifs et en montrant des corps réels et diversifiés.
Pour résister à cette pression sociale, il est important de se fixer ses propres critères de beauté, de travailler sur l'acceptation de soi et d'adopter une attitude bienveillante envers son corps. L'éducation dès le plus jeune âge sur l'acceptation de la diversité corporelle est également primordiale. En embrassant nos imperfections et en valorisant notre moi authentique, nous pouvons construire une image corporelle saine et positive, loin des diktats imposés par la société.
Nous tenons à remercier chaleureusement Kenza pour son temps et ses précieuses contributions. Son expertise et ses conseils éclairés nous ont offert une perspective enrichissante sur cette question cruciale. Merci à vous, chers lecteurs et lectrices, pour votre attention et votre engagement envers une perception plus saine et bienveillante de l'image corporelle.