Le Maroc sous pression : comment faire face à la crise du blé ?


Rédigé par le Mercredi 16 Octobre 2024

Le marché mondial du blé est en pleine ébullition. Face à une hausse vertigineuse des prix, le Maroc a été contraint de réagir rapidement pour garantir l'approvisionnement en cette denrée vitale.



Le Maroc, entre dépendance et précaution / Quel impact pour les consommateurs marocains ? /

Les répercussions de cette augmentation, qui a atteint 230 euros la tonne sur Euronext fin septembre, se font déjà sentir, tant au niveau national qu’international. Cette flambée des prix pourrait poser de sérieuses questions pour l’économie marocaine, notamment en matière de sécurité alimentaire et d’inflation.

Conscient de la gravité de la situation, le gouvernement marocain a pris les devants. Dès le mois d’août, il a décidé d’accroître les crédits alloués au soutien des importateurs de blé. Une initiative qui vise à protéger le marché local des fluctuations des cours mondiaux. En effet, avec une campagne céréalière affectée par une sécheresse persistante, le pays se voit contraint d'augmenter ses importations de blé. Les prévisions pour 2024 annoncent ainsi des volumes atteignant 10 millions de tonnes, contre 7,8 millions lors de la saison 2021-2022, dont 6 millions de blé tendre.

Cette dépendance accrue aux importations, notamment en provenance de la Russie et de la France, expose le Maroc à des risques importants. Les tensions sur les marchés internationaux, combinées à une demande croissante de pays comme l’Égypte et l’Algérie, exacerbent encore ces pressions. Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie (FNM), a récemment confirmé que des subventions supplémentaires ont été allouées aux importateurs fin septembre pour atténuer les effets de cette crise.

Mais pourquoi les prix du blé s'envolent-ils ?

La flambée des prix du blé sur le marché international est le résultat de plusieurs facteurs convergents. D’une part, les conditions météorologiques défavorables ont fortement réduit la production dans plusieurs grandes régions exportatrices. La France, par exemple, a connu l’une de ses pires récoltes depuis 40 ans, avec une production de seulement 26,3 millions de tonnes en 2024, soit une baisse de 24,9 % par rapport à l'année précédente. Quant à la Russie, qui est actuellement le premier fournisseur de blé tendre du Maroc, elle fait face à une demande croissante de ses principaux partenaires, rendant ses exportations incertaines.

D’autre part, l’Égypte, premier importateur mondial de blé, prévoit une hausse de 1,6 % de ses importations, alimentant ainsi la demande globale. L’Algérie, malgré les annonces optimistes de récoltes record, est également en négociation pour acheter d'importantes quantités de blé. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande mondiale a rapidement fait grimper les prix, créant une pression supplémentaire pour les pays importateurs comme le Maroc.

Cette situation pourrait avoir des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des Marocains. L'inflation, déjà préoccupante, pourrait s’aggraver si le coût du pain, aliment de base, venait à augmenter. Bien que le gouvernement ait pris des mesures pour limiter l'impact de cette hausse des prix, la question demeure : jusqu'à quand ces subventions pourront-elles protéger les consommateurs ? Le Maroc, en tant qu'importateur net de blé, se trouve dans une position délicate face à cette envolée des prix qui pourrait perdurer si les conditions climatiques et les tensions géopolitiques persistent.

En outre, la sécurité alimentaire du pays pourrait être remise en cause à moyen terme si les conditions actuelles ne s’améliorent pas. Le Maroc doit-il continuer à dépendre autant des importations de blé, ou est-il temps d’envisager des alternatives plus durables pour garantir une stabilité sur le long terme ? Ce dilemme, à la croisée des chemins entre gestion de crise et réflexion stratégique, sera crucial dans les mois à venir.

Si la hausse des prix du blé est en grande partie due à des facteurs climatiques et géopolitiques, elle met en lumière des questions plus profondes concernant la politique agricole et économique du Maroc. Est-il réaliste de continuer à compter sur des importations massives de blé pour subvenir aux besoins d’une population en constante augmentation ? Ou faut-il repenser le modèle agricole national pour mieux résister aux chocs externes ?

Les défis liés à la production locale, l'irrigation et l'adaptation aux changements climatiques sont autant de pistes qui doivent être explorées. Le Maroc a déjà entrepris des réformes dans le secteur agricole avec des initiatives telles que le Plan Maroc Vert, mais la question reste de savoir si ces efforts seront suffisants pour faire face aux crises futures.

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Mercredi 16 Octobre 2024
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