Le Maroc sous la loupe de l’OCDE


Rédigé par le Jeudi 12 Septembre 2024

L’étude économique de l’OCDE sur le Maroc pour 2024 met en lumière plusieurs défis et opportunités pour l'économie marocaine, tout en offrant des recommandations stratégiques pour renforcer sa croissance et sa résilience. Le Maroc, bien qu'ayant réalisé des progrès notables au cours des dernières décennies, doit intensifier ses efforts pour surmonter des obstacles structurels et maximiser son potentiel économique.



Une économie en transformation, mais encore fragile / Défis persistants : Emploi et disparités régionales /

Le Maroc s’est engagé dans une transformation économique visant à diversifier ses sources de croissance au-delà des matières premières, en développant des secteurs à plus haute valeur ajoutée tels que l'automobile, l'aéronautique et l'électronique. Cette diversification s'accompagne d'une intégration accrue dans les chaînes de valeur mondiales, notamment avec l'Union européenne, qui demeure le principal partenaire commercial du Royaume​

.Cependant, malgré ces avancées, la croissance économique marocaine reste modérée, avec une moyenne de 3 % au cours des cinq années précédant la pandémie, un taux comparable à celui de certains pays de la région, mais bien inférieur à celui des économies les plus dynamiques. La productivité totale des facteurs de production (PTF), qui mesure l’efficacité avec laquelle le capital et le travail sont utilisés, a été très modeste et souvent négative ces dernières décennies​

Le marché du travail marocain est marqué par une forte proportion d'emplois informels, contribuant à la précarité économique et limitant l'amélioration des niveaux de vie. Le taux de chômage, notamment chez les jeunes, reste élevé, reflétant une inadéquation entre les compétences disponibles et les besoins du marché du travail. Cette situation est exacerbée par des disparités régionales importantes, où les zones urbaines bénéficient d'un meilleur accès aux opportunités économiques par rapport aux zones rurales reculées​

Le gouvernement a lancé plusieurs initiatives pour améliorer cette situation, notamment le programme "Forsa", qui vise à encourager l'entrepreneuriat parmi les jeunes avec une aide financière, et divers programmes d'intégration des femmes dans le marché du travail. Cependant, ces initiatives nécessitent une mise en œuvre plus rigoureuse et un suivi de leur impact pour s'assurer qu'elles atteignent leurs objectifs​.

​Réformes structurelles nécessaires / Une stratégie d’innovation et de durabilité

Pour stimuler la croissance, le Maroc doit poursuivre et approfondir ses réformes économiques. La nouvelle Charte de l'investissement, par exemple, vise à attirer plus d'investissements privés, en particulier dans les régions moins développées, tout en orientant les investissements vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée. Cette charte prévoit la création de 500 000 emplois entre 2022 et 2026 et un objectif de taux d’activité féminine de 45 %​

.En parallèle, le Maroc a engagé des réformes majeures pour renforcer sa protection sociale et son cadre de gouvernance. Ces réformes incluent la transition vers un système de subventions ciblées pour remplacer les subventions généralisées, et l’extension de la couverture d’assurance maladie. La lutte contre la corruption a également été renforcée, avec des mesures pour digitaliser les procédures administratives et améliorer la transparence des services publics​.

L'OCDE recommande de libérer le potentiel de productivité du Maroc en renforçant l'innovation et l'adoption de nouvelles technologies. L’amélioration des compétences de la main-d’œuvre, la promotion d'un environnement propice à l'entrepreneuriat, et une politique active de soutien à l'innovation sont jugées essentielles pour stimuler la croissance à long terme​.

Par ailleurs, face au stress hydrique croissant et aux défis climatiques, le Maroc s'est fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de carbone et envisage la mise en place d'une taxe carbone pour mieux gérer ses ressources naturelles et promouvoir une croissance durable​

En somme, le Maroc se trouve à un carrefour critique. Pour capitaliser sur ses succès récents et relever les défis persistants, il doit mettre en œuvre des réformes économiques audacieuses et adopter une stratégie inclusive et durable. L'accélération de la convergence économique avec les pays plus avancés nécessitera une augmentation de la productivité, une amélioration du climat des affaires, et un renforcement de l'efficacité des dépenses publiques.

Seule une telle approche permettra au Maroc de concrétiser sa vision de développement à long terme, telle qu’exprimée dans son Nouveau Modèle de Développement​




Jeudi 12 Septembre 2024
Dans la même rubrique :