Diplomatie marocaine vs algérienne : David 1 - Goliath 0
Le Royaume chérifien a démontré une remarquable habileté diplomatique, multipliant les succès sur la scène internationale. Cette année a été particulièrement fructueuse avec l'obtention de nouvelles reconnaissances de sa souveraineté sur le Sahara, le renforcement de ses partenariats économiques stratégiques et son rôle croissant dans la médiation des conflits africains. La co-organisation de la Coupe du Monde 2030 aux côtés de l'Espagne et du Portugal a également renforcé son soft power à l'échelle mondiale.
En parallèle, l'Algérie a connu ce que les observateurs qualifient "d'année noire", confrontée à une série de revers diplomatiques et économiques. Le pays, traditionnellement influent grâce à ses ressources en hydrocarbures, a vu son influence régionale s'éroder considérablement. La volatilité des prix du pétrole a fragilisé son économie, tandis que ses positions diplomatiques rigides l'ont progressivement isolé sur la scène internationale. Les tentatives de médiation dans le conflit libyen se sont soldées par des échecs, et la répression interne des mouvements de contestation a terni son image à l'international.
Selon les experts en relations internationales, ce contraste saisissant entre les trajectoires des deux pays n'est pas le fruit du hasard. "Le Maroc récolte les fruits d'une diplomatie proactive et pragmatique développée sur plusieurs années", analyse Hassan El Moukhtari, spécialiste des relations maghrébines. "Pendant que le Royaume diversifiait ses partenariats et modernisait son économie, l'Algérie s'est arc-boutée sur des positions idéologiques dépassées." Cette divergence rappelle, toutes proportions gardées, l'écart qui s'est creusé entre les deux Corées dans les années 1980-1990.
Les répercussions de cette dynamique dépassent largement le cadre bilatéral. Le Maroc est désormais perçu comme un interlocuteur incontournable pour les questions africaines et méditerranéennes, attirant des investissements massifs et consolidant son rôle de hub entre l'Europe et l'Afrique. L'Algérie, quant à elle, fait face à des défis croissants : fuite des capitaux, tensions sociales et marginalisation diplomatique progressive.
Les perspectives pour 2025 suggèrent que cet écart pourrait continuer à se creuser, sauf si l'Algérie engage des réformes profondes et assouplit ses positions diplomatiques. Le Maroc devra néanmoins rester vigilant face aux défis que pose sa croissance rapide, notamment en termes de développement équilibré et de cohésion sociale. La stabilité régionale dépendra en grande partie de la capacité des deux pays à trouver un modus vivendi permettant une coexistence constructive, bien que les signes d'une telle évolution restent, pour l'heure, ténus.
Cette reconfiguration géopolitique au Maghreb aura des implications durables sur l'équilibre des forces en Méditerranée occidentale et en Afrique. Elle confirme l'émergence du Maroc comme puissance régionale majeure, capable de peser sur les grands enjeux internationaux, tout en soulignant l'urgence pour l'Algérie de repenser sa stratégie diplomatique et son modèle de développement.