Au fait, il s'agit d'un appel à plus d'investissement dans les systèmes et régimes de protection sociale à même d'établir de solides socles de protection sociale et de protéger les enfants.
L'argument développé, en ce sens, est que la protection sociale est à la fois un droit fondamental et un outil par excellence, notamment en période de crise, de politique de dissuasion des familles quant au recours au travail de leurs enfants.
Sachant qu'en 2020 et bien avant que la crise de la COVID-19 ne s'installe, près des trois quarts des enfants, soit 1,5 milliard, n'ont pas de protection sociale et seuls 46,9 % de la population mondiale étaient effectivement couverts par au moins une prestation de protection sociale, et ce, au moment ou les 53,1 % restants - soit 4,1 milliards de personnes - étaient livrés à eux même sans protection aucune.
A en juger par des données des Nations Unies, les régions de l'Afrique et de l'Asie et du Pacifique recensent ensemble près de neuf enfants sur dix qui travaillent dans le monde. Et dans les pays les moins avancés, un peu plus d'un enfant sur quatre (âgés de 5 à 17 ans) est engagé dans un travail considéré comme préjudiciable à sa santé et à son développement.
Qu'en est-il de la situation qui prévaut au Maroc?
A l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le Haut Commissariat au Plan vient de fournir des données et précise à cet effet qu'en 2021:
.Parmi les 7.493.000 enfants de 7 à 17 ans, le Maroc compte 148.000 enfants qui exercent une activité économique, ce qui représente 2% de cette catégorie de population. Et que par rapport à 2019, cet effectif a baissé de 26%.
.Près de 65% des enfants au travail bénéficient d'une couverture médicale alors que cette proportion remonte à 75% pour l’ensemble des enfants de 7 à 17 ans.
.Le phénomène des enfants au travail reste concentré dans certains secteurs économiques et diffère selon le milieu de résidence. Ce qui fait qu'en milieu rural, ils sont 82,2% à travailler dans l’"agriculture, forêt et pêche". En zones urbaines, les "services", avec 58,4%, et l’"industrie", avec 24,7%, sont les principaux secteurs employeurs d’enfants.
.Près de 6 enfants au travail sur 10 (59,4%) accomplissent des travaux dangereux* (88.000 enfants), ce qui représente 1,2% des enfants de cette tranche d’âge.
Les enfants exerçant dans le secteur de l’"industrie" restent les plus exposés aux dangers, avec une part de 90,2%. Cette proportion est de 73,3% dans le secteur des "services", 71,2% dans les BTP, et de 51,1% dans l’"agriculture, forêt et pêche".
.Le phénomène des enfants au travail a concerné 109.000 ménages, ou environ 1,3% des ménages marocains, concentrés dans les zones rurales (82.000 ménages contre 27.000 dans les villes) et près de 9,5% d’entre eux sont dirigés par des femmes.
A retenir enfin que ce phénomène est intimement lié au niveau d’instruction du chef de ménage et le HCP retient aussi le fait que plus on avance dans l’échelle sociale plus l’effectif des enfants au travail diminue.
*Pour le HCP, est considéré comme travail dangereux tout travail qui, par sa nature ou par les conditions dans lesquelles il est exercé, est susceptible de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l'enfant, tout travail exercé pendant une durée excessive relativement à l'âge de l'enfant; ainsi que tout travail dont l'horaire est partiellement ou entièrement de nuit.