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Une subvention dans chaque assiette… et dans chaque facture
Cette logique s’étend aux transports : les tickets d’autoroute et des bus sont subventionnés. Le logement social et économique est également financé indirectement et meme directement à l'aquisition, via des exonérations fiscales et des facilités foncières.
En somme, l’État intervient pour lisser les prix à la consommation, quitte à dissimuler le véritable coût des biens de base.
Le monde associatif, politique et médiatique ne fait pas exception. Les partis politiques, les syndicats, les associations de la socité civile mais aussi la presse (qu’elle soit militante ou "indépendante") perçoivent régulièrement des subventions publiques. Ce choix peut être lu comme une volonté de pluralisme, mais il engendre aussi un écosystème où la dépendance à la rente publique freine la capacité de ces entités à développer des modèles économiques autonomes.
Même dans les secteurs culturels ou créatifs — cinéma, livres, édition, presse imprimée — les aides pleuvent. Subventionner les films marocains est perçu comme un acte de souveraineté culturelle. Mais peut-on parler d’un vrai secteur culturel si la billetterie ou les ventes de livres ne soutiennent pas, à elles seules, la création ?
Plus récemment, la Charte de l’investissement a introduit une batterie d’aides : bonus de 10 à 40 % selon la nature du projet, zones géographiques, secteur prioritaire… Le foncier, notamment pour les grands projets industriels ou touristiques, est souvent "offert" ou cédé à prix symbolique grâce au Fonds Hassan II.
Et la protection sociale elle-même est en partie financée par l’État : les cotisations à l’assurance maladie obligatoire (AMO) sont prises en charge pour plusieurs millions de familles à faibles revenus.
Ajoutons à cela les aides directes aux ménages pauvres, les bourses étudiantes, les tickets de restauration universitaire… C’est toute une architecture sociale généreuse qui se déploie — mais au prix d’une pression budgétaire colossale.
Une économie privée qui attend qu’on l’aide
L'entrepreneuriat marocain, en dehors de quelques exceptions notables, ne se caractérise pas encore par sa capacité à prendre des risques ou à innover sans filet. On assiste à une forme de dépendance systémique, où l’initiative privée se conjugue rarement sans incitation publique.
L’enjeu est crucial : comment espérer un jour basculer vers une économie de la création de valeur, de la connaissance, de l’innovation, du digital, si la dynamique de création de valeur repose toujours sur un coup de pouce de l’État ? Et comment faire émerger un tissu industriel solide, si l’avantage compétitif est artificiellement entretenu par des prix subventionnés ?
À trop vouloir compenser, l’État marocain ne court-il pas le risque de déresponsabiliser à la fois le citoyen et l’investisseur ?
L'état Marocaine, quelque soit le gouvernement passé, présent ou à venir en 2026, ne peut pas éternellement tout subventionner.
L’équation budgétaire est intenable, surtout dans un monde où les ressources publiques se raréfient. Il faudra choisir : cibler mieux, accompagner autrement, responsabiliser davantage. Passer d’un État social XXL à un État stratège, qui soutient ponctuellement, mais exige en retour des résultats, des innovations, des emplois. Le vrai défi, ce n’est pas de continuer à compenser les faiblesses, mais d’oser les transformer.
Adnane Benchakroun qui n'a rien contre les subventions, mais ..... qui s'interroge et qui d'avance n'ignore pas que ses propos ne vont pas plaire à tout me monde !