Le Liban au bord de l’effondrement : Une guerre qui recommence et une crise qui dure




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Oui, C'est la guerre aujourd'hui mais les ennemis du Liban ne se trouvent pas uniquement à l’extérieur

Le Liban, autrefois considéré comme le joyau du Moyen-Orient, s'effondre sous le poids d’une crise multidimensionnelle. Les causes de ce déclin sont multiples, mais l'une des plus flagrantes est la domination des forces internes et externes sur la scène politique libanaise. Le pays, plongé dans une guerre de pouvoir et de survie, se retrouve piégé entre des politiques locales corrompues et l'influence dévastatrice de puissances étrangères, notamment l'Iran via le Hezbollah.

La situation actuelle n'est pas le fruit du hasard. Depuis des décennies, le Liban subit les conséquences de choix politiques désastreux, de guerres successives et d'une élite gouvernante divisée et préoccupée par ses propres intérêts.

Le politicien libanais Mohammad Chatah avait prévenu, avant d’être assassiné en 2013 : "Nous ne devons pas laisser notre génération revivre les mêmes tragédies que celles des précédentes". Cependant, les événements ont suivi un chemin bien plus sombre, et la vision de Chatah est restée lettre morte.

La liste des intellectuels et figures politiques assassinées au Liban est longue et continue de s’allonger. De Rafic Hariri à Gibran Tueni, en passant par Samir Kassir et Pierre Gemayel, tous ceux qui ont osé remettre en question l’ordre établi ont payé le prix de leur audace. Qui est derrière ces meurtres ? Le coupable est évident pour beaucoup : ceux qui cherchent à maintenir un contrôle absolu sur le Liban à travers la peur, la violence et des discours extrémistes.

Cependant, il est important de noter que les véritables ennemis du Liban ne se trouvent pas uniquement à l’extérieur. Les erreurs des politiciens locaux ont joué un rôle tout aussi destructeur. Leur inaction face à la corruption, leur incapacité à instaurer des réformes durables, et leur soumission à des influences étrangères ont plongé le pays dans une spirale infernale.

Les défis auxquels le Liban fait face aujourd'hui sont les conséquences directes de décennies de mauvaise gestion et d'inaction. Israël et ses alliés, tout comme l'Iran et ses partenaires locaux, ont utilisé le pays comme un champ de bataille politique et militaire, tout en négligeant les besoins fondamentaux des citoyens libanais. En effet, à mesure que les tensions régionales s’intensifient, le peuple libanais se trouve à la merci de puissances qui se servent de ses frontières et de ses institutions pour affirmer leur domination.

Ce n’est donc ni la brutalité d’Israël, ni le soutien américain à l’État hébreu qui est le problème central aujourd’hui, mais plutôt la complaisance et la lâcheté des dirigeants libanais eux-mêmes. L’échec de ces dirigeants à protéger les intérêts de leur propre peuple, à rétablir la paix et à garantir une stabilité durable a conduit à une situation où le Liban est à la fois affamé et terrorisé.

Aujourd'hui, certains appellent à l’unité et à la réconciliation, estimant qu’il n’est pas temps de critiquer ni de diverger. Mais c'est précisément ce qui a mené à cette impasse. L’heure est à l’introspection, à la révision de toute l'expérience politique du pays. La crise actuelle montre que persister dans les mêmes erreurs ne mènera qu'à une destruction plus rapide et plus inévitable. Il est temps de changer de cap, de refonder entièrement la scène politique et de planter les graines d’un Liban nouveau, débarrassé de la corruption et des influences néfastes.

Le bilan de la mainmise iranienne via le Hezbollah est accablant. À cela s’ajoute la trahison des politiciens libanais, qui, au lieu de protéger leur pays, se sont empressés de renforcer leurs propres positions, ignorant l’urgence des réformes. Il est donc essentiel de laisser derrière soi cet héritage misérable et de recommencer à zéro, car persister dans ces choix mènera inévitablement à la ruine totale.

Le Liban se meurt, c'est un fait indéniable. Cependant, il n'est pas trop tard pour redresser la barre. La population libanaise, bien que profondément meurtrie, n’a pas perdu tout espoir. Le changement est possible, mais il nécessite une véritable révolution des mentalités et des actions concrètes de la part de la classe politique et de la société civile.

Le pays a besoin de réformes profondes, d'une justice véritable et d'une reprise de contrôle de son destin. Sans cela, le Liban continuera de sombrer, victime de ses propres dirigeants et de ceux qui cherchent à le dominer depuis l’extérieur.

Adnane Benchakroun
 


Mercredi 9 Octobre 2024

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