Le HCP livre les inégalités sociales inhérentes aux sources de revenu des ménages

Le revenu salarial des 10 % des ménages les plus aisés est 25,9 fois celui des 10 % des ménages les moins aisés


Rédigé par Noureddine Batije le Mercredi 19 Mai 2021

Le Haut Commissariat au Plan exploite les données issues de l’enquête nationale sur les sources de revenu réalisée par le HCP en 2019 et procède à une analyse des sources de revenu des ménages dont ses déclinaisons structurelles et inégalitaires.



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Un travail, qui a le mérite, comme le souligne d’ailleurs le département de M. Lahlimi, de renseigner sur la part relative des facteurs de production et des politiques de redistribution dans la répartition des revenus générés par l’économie nationale. Et d’une part, d’appréhender aussi la contribution des salaires, du revenu mixte de l’emploi indépendant non-agricole et des activités agricoles, des transferts et d’autres sources au revenu global des ménages. Et d’autre part, d’en apprécier les inégalités inhérentes

D’emblée, l’on retiendra que, grosso modo, les salaires, en milieu urbain, et les revenus agricoles, en milieu rural, constituent les principales sources de revenu des ménages. Ce qui est, somme, toute une évidence pour le commun des mortels. N’empêche que le HCP décortique davantage cet état de fait et livre, à cet effet, des chiffres qui rendent compte d’un certain ordre de grandeur.

Principales sources de revenu

En chiffres, le HCP précise qu’à l’échelle nationale, 38 % des revenus des ménages proviennent des salaires, 44 % en milieu urbain et 23 % en milieu rural.
En détails, cette proportion est de 26,6 % pour les 20 % des ménages les moins aisés, 38 % pour les 60 % des ménages intermédiaires et 39,2 % pour les 20 % les plus aisés.
Avec une contribution de 20 % au revenu global, les transferts, tels que quantifiés par le HCP, constituent, en termes d’importance, la deuxième source de revenus des ménages marocains. 

Aussi, proviennent-ils à hauteur de 49 % d’institutions publiques, 40 % des ménages et 11 % d’institutions privées. Et représentent, finalement, 22 % des revenus des ménages citadins (53 % provenant d’institutions publiques, 36 % des ménages et 11 % d’institutions privées) et 14 % des revenus des ménages ruraux (32 % d’institutions publiques, 60 % des ménages, et 8 % d’institutions privées).
Par tranche de revenu, précise-t-on de même source, ces transferts constituent 28 % du revenu des 20 % des ménages les moins aisés, 21,2 % de celui des ménages intermédiaires et 18,5 % des ménages aisés. 

Pour ce qui est du revenu mixte issu de l’emploi indépendant non-agricole, où participent le travail et le capital, le HCP révèle à ce titre que cette source de revenu constitue 18 % des revenus des ménages (20 % en milieu urbain et 12 % en milieu rural). Et que par tranche de revenu, il représente 10,4 % du revenu des 20 % des ménages les moins aisés, 17,9 % des intermédiaires et 18 % des ménages aisés.

Revenant sur la mauvaise campagne agricole de l’année 2019, date à laquelle l’enquête a été réalisée, le HCP précise que cet exercice s’est soldé par un revenu agricole global de 10 % au profit des ménages (36,7 % en milieu rural et 0,7 % en milieu urbain). Les autres chiffres du HCP signifient que ce revenu constitue ainsi 8,1 % du revenu des 20 % des ménages les moins aisés et 7,3 % de celui des ménages intermédiaires. Et qu’à l’opposé, ces revenus contribuent à hauteur de 12,9 % au revenu des 20 % des ménages les plus aisés.
En milieu rural, cette source représente plus de la moitié des revenus des 20 % des ménages les plus aisés (54,4 %), 19 % de ceux des ménages intermédiaires et 9 % de ceux des moins aisés. 


Près de la moitié des ménages ruraux ont plus de 3 sources de

En termes de nombre moyen de sources de revenu par ménage qui mesure le degré de diversification des sources de revenu, le HCP précise qu’abstraction faite de leurs poids dans le revenu total des ménages, les ménages marocains vivent avec près de 3 sources de revenu, 2,7 en milieu urbain et 3,5 en milieu rural. Et que ce nombre moyen est de 3,2 parmi les 20 % des ménages les moins aisés, de 2,9 parmi les 60 % des ménages intermédiaires et de 2,7 parmi les 20 % des ménages aisés.

Ce qui fait dire au HCP, que globalement, près de 96 % des ménages disposent d’au moins deux sources de revenu (99,8 % en milieu rural et 94 % en milieu urbain), 41,7 % disposent de trois sources, 29,6 % de deux sources et 20,2 % de quatre sources. La part des ménages disposant d’au moins quatre sources de revenu est plus élevée en milieu rural (47,1 %) qu’en milieu urbain (14,2 %).

Les inégalités salariales contribuent pour 40 % aux inégalités du revenu global

En termes d’écarts, les chiffres du HCP sont assez significatifs en termes d’inégalités inhérentes à la structure et/ou à la répartition du revenu global. 
Le constat ainsi relevé fait que le revenu salarial des 20 % des ménages les plus aisés est 14,1 fois celui des 20 % des ménages les moins aisés. Cet écart est de 25,9 fois entre les 10 % des ménages les plus aisés et les 10 % les moins aisés. Dans ces conditions, les inégalités salariales contribuent pour 40 % aux inégalités du revenu global mesurées par l’indice de Gini. 

Aussi, précise-t-on de même source que ce sont cependant les revenus provenant de l’emploi indépendant non-agricole qui présentent les écarts les plus prononcés. Dans la mesure où les 20 % des ménages les plus aisés détiennent 16,5 fois le revenu des 20 % des ménages les moins aisés et que cet écart est de 38,4 fois entre les 10 % des ménages les plus aisés et les 10 % des ménages les moins aisés. 
Ce qui, en somme, fait que les inégalités inhérentes à cette source de revenu expliquent 20,2 % des inégalités du revenu global des ménages, 21,7 % en milieu urbain et 14,2 % en milieu rural. Et ce, au moment où le revenu agricole des 20% des ménages les plus aisés est 15,2 fois celui des 20% des ménages les moins aisés. Et que cet écart est de 38 fois entre les 10 % les plus aisés et les 10 % les moins aisés. 
 
Ce qui fait que les disparités associées à la répartition du revenu agricole contribuent à hauteur de 13,2 % aux inégalités du revenu global des ménages et que cette contribution s’élève à 60 % en milieu rural. Et ce, au moment où les inégalités associées aux revenus de transferts expliquent près de 16,9 % de l’inégalité du revenu des ménages, qui se manifeste beaucoup plus en milieu urbain (19,9 %) qu’en milieu 4,8 % en milieu rural.
Ces indicateurs étant ce qu’ils sont, reste donc à espérer que les politiques en tiennent compte pour tendre vers plus d’équité, de justice sociale et d’amélioration du quotidien des ménages, les plus démunis surtout.

Noureddine BATIJE




Mercredi 19 Mai 2021
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