Par El Montacir Bensaid
Le 31 juillet de chaque année de ma vie d’adulte me trouvait, invariablement soit au volant de ma voiture, soit dans un avion .Je tirais les rideaux, éteignais les lumières et vogue la galère, heureux de fermer boutique et de fuir le boulot.
Heureux ! J’étais heureux !
Gai, gai l’écolier c’est demain les vacances….
En cette année bis repetita du Covid 19 avec son variant Delta, le bébé se présente mal, je ne ressens aucune joie ni allégresse, couvre-feu oblige, restrictions, fermetures, distanciation, interdiction…
Pas de fêtes, pas de mariages, pas de soirées endiablées, pas de piscines…
Nous n’avons plus besoin d’être confinés, nos cerveaux le sont ainsi que nos aspirations, nos envies, nos espérances, notre optimisme…
Les jeunes tels des toreros agitent avec fougue et innocence leur muleta devant le taureau Delta,le défiant ouvertement, se frottant les uns aux autres, s’embrassant, s’enlaçant, avec l’insouciance de l’invincibilité de leur âge .
Les vieux se terrent, préservant jalousement leur petit capital santé, conscients de leur précarité, du temps qui passe, du sablier de leurs années consommées, écoulées.
Alors dans cette comédie humaine planétaire, nous faisons semblant de nous amuser, de ne pas avoir peur devant le nombre de cas qui se propagent, les décès, les sirènes hurlantes des ambulances, les cortèges funèbres et les déclarations alarmistes des gouvernements et de cette magnifique invention : Les Conseils Scientifiques.
Laissez-nous vivre, aimer, rire, sortir, chanter, danser, nager !
Rendez-nous notre mois d’août, pas celui-ci, non l’autre, celui d’antan, celui d’il y a pas si longtemps, celui d’il y a deux ans, celui où nous nous dorions sur les plages pendant la journée pour rentrer le soir nous doucher, nous parfumer et sortir faire la fiesta à Puerto banus ou ailleurs, pour rendre visite à nos amis, nos amours, nos familles.
Ce mois d’août c’est le thé sans sucre, le champagne sans les bulles, les sorties sans argent.
2020 et 2021 sont des années de onze mois, il faut impérativement citer après juillet, septembre, le mois d’août étant une victime collatérale, un enfant abandonné, un orphelin dont personne ne veut.
Alors quoi ?Je suis vacciné, j’ai mon pass sanitaire, foutez-moi la paix !
Ouvrez les frontières, les ports et les aéroports, les voies de navigation!
Laissez- moi respirer, me gazouiller dans l’herbe, gambader ,comme le disait si justement notre frère Gad.
El Montacir Bensaid