Compte tenu de l'importance de ce sujet et de son lien avec divers aspects de la vie humaine, il a pu influencer la philosophie et l'histoire, puisque le travail est ce qui distingue l'homme des animaux, et qu'il se caractérise par une volonté consciente, dont le but est d'influencer la nature, de changer sa forme et de produire des valeurs interchangeables, ce qui signifie que le travail humain va au-delà de la satisfaction instinctive de besoins particuliers.
C'est en effet une interaction consciente avec la société et l'environnement en général, ce qui donne au concept une charge sociologique également, mais du moment que le travail soit une question naturelle dans la vie humaine, il est affecté par les développements que le modèle de production a connu parallèlement à la transformations du Savoir, de la technologie et ses répercussions sur le volume de la production, puisque celle-ci a conduit à l’apparition d'excédents de production et que les marchés ne souffrent pas de pénuries mais plutôt de surproduction, et que la technologie au lieu de contribuer à alléger le fardeau qui submerge les travailleurs, car cela est devenu un facteur contribuant à l'augmentation du taux de chômage et de la précarité du travail, car une partie des profits est réalisée au détriment des salaires, des postes et des conditions de travail.
Si l'organisation du travail au niveau international a été guidée par la définition des horaires de travail, des journées de travail hebdomadaires et des droits à accorder aux travailleurs depuis le début des années trente du siècle dernier, les transformations que connaît aujourd'hui l'économie du savoir, et la création de richesses qui en résulte avec moins d'emplois, a imposée à l'Humanité de revoir l'ensemble des règles juridiques qui ont encadré le concept de semaine de travail pendant près de cinq décennies.
L'économiste américain Jeremy Rifkin et d'autres chercheurs ont confirmé il y a près de trente ans que le monde est entré dans une "révolution économique" et un "nouveau modèle économique" appelé la troisième révolution industrielle, qui représente l'exposant sur lequel il s'est construite, ces dernières années, la quatrième révolution industrielle dans laquelle l'intelligence domine.
Une révolution qui a ouvert la porte à ce que Rifkin appelle dans un livre publié il y a vingt ans "la fin du travail", une étape sans précédent dans l'histoire humaine, pleine de défis et d'opportunités, se basant justement sur l'intelligence artificielle et la quatrième révolution industrielle, car nous sommes aujourd'hui à l’ère de la technologie cognitive, qui est une approche plus globale que l'intelligence artificielle qui cherche à surmonter les défauts de la technologie dans la quatrième révolution industrielle, en particulier la relation entre les trois : humain, technologie et production. Ce nouveau concept nous fait pratiquement entrer dans le temps de la cinquième révolution industrielle 5.0 qui coïncide avec l'énorme transformation technologique que le monde connaîtra avec la «Metavers» et la révolution Internet de cinquième et sixième génération, en plus de l’incommensurable quantité d'informations qui doivent être stockées et analysées.
L'économie politique du chômage, il y a quelque décennies, était convaincue que le développement que vous connaissez de la technologie, notamment basé sur la robotisation et l'intelligence économique, ne changera pas fondamentalement la nature du travail, car des professions disparaîtront et seront remplacées par d'autres professions, comme cela s'est passé après la première révolution industrielle liée à la machine à vapeur. Mais la réalité est que le monde est entrain de la vivre depuis des années et la connaîtra plus nettement à l'avenir, se basant sur le fait que la nouvelle économie du savoir élimine les métiers sans les remplacer, mais que de nombreuses professions disparaîtront dans les années qui viennent, et tout cela à cause du développement technologique dans lequel les machines intelligentes remplacent les humains, dans un monde en pleine croissance, la demande de travail est due à l'augmentation de la population de la terre, alors comment peut-on l'équation de la poursuite du développement technologique peut-elle être gagnée tout en protégeant le droit au travail ?
Les grands investisseurs des secteurs technologiques ont prouvé que la baisse des opportunités d'emploi est le revers de la médaille du progrès scientifique, on en retrouve donc un certain nombre à parler du revenu minimum que la population doit obtenir pour vivre, et que cette question a fait l'objet de discussions politiques et de programmes électoraux, spécialement en Europe au cours de la décennie passée, mais Jeremy Rifkin présente un point de vue différent, qui repose sur une représentation morale du progrès scientifique, car il considère que le progrès scientifique que l'humanité a réalisé donne aujourd'hui aux êtres humains le droit de bénéficier de plus de temps et d'une vie sociale saine et meilleure, et comme une sorte de récompense collective, il exige une révision des journées et des heures de travail qui a également fait l'objet de débats électoraux et politiques il y a des années.
Dans ce contexte, une étude menée par des chercheurs britanniques et islandais sur un échantillon de 2500 résidents islandais entre 2015 et 2017, et publiée en juin 2021, a démontré que réduire la durée hebdomadaire de travail à 32 heures sans réduire le salaire, améliore la santé physique et psychologique, et permet aux travailleurs de bénéficier du temps supplémentaire pour les activités sportives et sociales qu'ils ont. Il a des répercussions sur la réduction des pressions résultant du travail, et il lui permet également de contribuer à réduire le taux de chômage grâce au partage du travail. L'étude a confirmé que 2 500 des travailleurs islandais interrogés n'avaient pas de profit au travail malgré la réduction de la journée de travail hebdomadaire. Ceci est également confirmé par une autre étude menée en 2019 sur 5 000 travailleurs de British Telecom inclus dans le système de quatre jours par semaine.
D'autre part, un rapport de l'organisation britannique « 4Day Week Campaign », publié en mai 2021, indiquait qu'une semaine de travail de quatre jours réduirait la production de la Grande-Bretagne en dioxyde de carbone de 127 millions de tonnes par an, ce qui représente un quart de ce que le Royaume Uni produit, équivalent au retrait du dioxyde de carbone 27 millions de voitures des rues britanniques, en raison de la baisse des déplacements en voiture vers les lieux de travail ainsi que de la réduction de la consommation d'électricité dans les entreprises, en outre, la réduction des journées de travail permet à beaucoup de se déplacer à pied dans la nature et de cuisiner à la maison au lieu de consommer de la nourriture produite dans des conditions nocives pour l'environnement.
Le succès de la réduction du temps de travail, comme le voit le magazine "Science & Vie" dans son dernier numéro, doit s'accompagner d'une véritable réduction du temps de travail hebdomadaire, tant la concentration de cinq jours de travail en quatre jours nous fait affronter de longues heures de travail qui peuvent atteindre 10 heures pour les personnes qui travaillent 39 heures par semaine. Et peut-être plus pour ceux qui travaillent à distance. Des études scientifiques ont prouvé que cette situation entraînera un certain nombre de maladies pouvant aller jusqu'à l'arrêt cardiaque, sachant que tout succès du processus de réduction des jours de travail de la semaine nécessitera des transformations profondes de la société, dans la vision du travail, du temps de travail et du mode de vie, car ne pas le faire empêcherait la réduction des jours de travail sans impact notable.
D'autres études britanniques traitant de la même question indiquent que l'application de la réduction du temps de travail hebdomadaire à quatre jours créerait 500 000 emplois dans le secteur public rien qu'en Grande-Bretagne, ce qui représente près d'un cinquième des demandeurs d'emploi du Royaume. L'Institut "Onepoll" a également rapporté que 84% des Français seraient d'accord pour adopter un système de travail en semaine de quatre jours si cela leur était proposé.
Il semble que l'humanité soit confrontée à une réalité terrifiante, à savoir qu'elle se dirige vers un chômage généralisé avec la poursuite du progrès scientifique qui élève la capacité de production qui ne correspondra pas au pouvoir d'achat de millions de chômeurs, et les répercussions de la pandémie ne se limitent pas seulement aux millions de chômeurs laissés à la suite des décisions de fermeture générale et de quarantaine, et vont même au-delà car le temps de la pandémie a imposé à un certain nombre de secteurs d'accélérer l'intégration de la numérisation dans les processus de production, ce qui signifie que des millions d'emplois perdus ne seront jamais récupérés à l'avenir avec une semaine de seulement quatre jours ? Ou la cupidité du capital l'en empêchera-t-elle ?
Traduction de Alalam