L'ODJ Média




La révolution technologique en radiologie et son impact sur les pays émergents en Afrique et en Asie*


Dr Anwar CHERKAOUI, spécialiste en communication médicale, s'entretient avec Dr Bounhir BOUMEHDI, spécialiste en imagerie médicale, pour analyser les avancées technologiques en radiologie et leur potentiel pour les pays émergents d’Afrique et d’Asie.



Un entretien réalisé par Dr Anwar CHERKAOUI. Expert en communication médicale et journalisme de santé

Dr Anwar CHERKAOUI : Dr Boumehdi, la radiologie vit une révolution technologique sans précédent. Quels sont, selon vous, les progrès les plus marquants ?

 Dr Bounhir BOUMEHDI : Nous assistons à une transformation profonde grâce à plusieurs innovations : l’intelligence artificielle (IA), la tomosynthèse, la robotique avec le CyberKnife, les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) et la tomographie en cohérence optique (OCT). 
Ces avancées permettent des diagnostics plus précis et des traitements moins invasifs. 
Mais l’aspect le plus révolutionnaire est sans doute la démocratisation de ces technologies dans les pays émergents.

 Dr CHERKAOUI : Justement, en quoi ces innovations changent-elles la donne pour l’Afrique et l’Asie, où l’accès aux soins spécialisés reste un défi ?

 Dr BOUMEHDI : L’IA est un formidable levier pour compenser le manque de radiologues dans certaines régions. 
Par exemple, en Afrique subsaharienne, des logiciels d’intelligence artificielle analysent des radiographies pulmonaires pour détecter les signes précoces de tuberculose, une maladie encore meurtrière. 
En Inde, où les infrastructures médicales sont inégalement réparties, des algorithmes sont utilisés pour diagnostiquer les rétinopathies diabétiques et prévenir la cécité dans des centres de soins primaires. 
Ces outils permettent un gain de temps considérable et améliorent la précision des diagnostics.

 Dr CHERKAOUI : Parlons de la tomosynthèse, cette imagerie mammaire en 3D. Peut-elle améliorer le dépistage du cancer du sein dans ces pays ?

 Dr BOUMEHDI : Absolument. Dans les pays émergents, le cancer du sein est souvent diagnostiqué à un stade avancé, faute de programmes de dépistage systématiques. La tomosynthèse offre une meilleure détection des lésions précoces et réduit les faux positifs. Des initiatives en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est permettent d’introduire cette technologie dans les centres de dépistage, rendant les examens plus fiables et plus accessibles aux femmes.

 Dr CHERKAOUI : Le CyberKnife et les HIFU représentent une avancée spectaculaire en matière de traitements non invasifs. Où en est leur adoption dans les pays en développement ?

 Dr BOUMEHDI : Ces technologies sont une véritable révolution pour la radiochirurgie. 
Dans des pays comme la Turquie, l’Inde ou l’Afrique du Sud, le CyberKnife est utilisé pour traiter des tumeurs cérébrales, prostatiques et pancréatiques avec une précision millimétrique, réduisant les risques et le temps de récupération.
Delà commence à se développer au Maroc 
Les HIFU, quant à eux, sont en plein essor en Asie, notamment au Vietnam, où ils sont utilisés pour traiter des fibromes utérins sans chirurgie, évitant ainsi aux patientes des complications post-opératoires lourdes.
 
 Dr CHERKAOUI : Un autre enjeu de santé publique en Afrique et en  Asie concerne la vision. Quelle est la place de la tomographie en cohérence optique (OCT) dans la prévention des maladies oculaires ?

 Dr BOUMEHDI : L’OCT est indispensable pour la détection précoce des maladies rétiniennes, notamment chez les diabétiques. 
En Inde et en Indonésie, où la prévalence du diabète est élevée, des cliniques mobiles équipées de tomographes en cohérence optique sillonnent les zones rurales pour dépister et prévenir la rétinopathie diabétique, qui est une cause majeure de cécité évitable. Grâce à cette technologie, des milliers de patients peuvent bénéficier d’un diagnostic rapide et précis.
Au Maroc, le ministère de la santé et le protection sociale, en collaboration avec des médecins du secteur public et libéral, doivent unir leurs efforts pour élargir cette technologie, car le diabète et ses complications commencent à consommer un véritable fléau au Maroc. 

 Dr CHERKAOUI : L’un des défis majeurs pour ces pays reste l’accès à des radiologues expérimentés. La télémédecine et la téléradiologie peuvent-elles être une solution ?

 Dr BOUMEHDI : Tout à fait. Grâce à la téléradiologie, des images médicales prises dans des hôpitaux de province ou des centres de santé esuipés, peuvent être envoyées à des experts basés dans des centres spécialisés, voire à l’étranger. Notamment au Maroc, pour les pays subsahariens de l’Afrique.
En Afrique, des plateformes permettent déjà à des radiologues marocains ou français d’interpréter des examens réalisés en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, optimisant ainsi le temps de diagnostic et la prise en charge des patients.

 Dr CHERKAOUI : Malgré ces avancées, l’accès aux équipements modernes et la formation du personnel restent des obstacles. Comment surmonter ces défis ?

Dr BOUMEHDI : Il y a trois leviers essentiels :

1. Financer l’équipement : De nombreux pays émergents manquent d’infrastructures modernes. Il est crucial de développer des partenariats entre gouvernements, entreprises technologiques et ONG pour financer et déployer ces technologies.
2. Former les professionnels : L’utilisation de l’IA, de la robotique et des nouvelles techniques d’imagerie nécessite une formation adaptée. Des programmes de formation en ligne et des collaborations internationales peuvent accélérer l’apprentissage.
3. Adapter les innovations aux réalités locales : Chaque pays a ses contraintes économiques et logistiques. Il faut des solutions low-cost et adaptées aux infrastructures existantes, par exemple des appareils de radiologie portables fonctionnant à l’énergie solaire pour les zones reculées.

 Dr CHERKAOUI : Pour conclure, quel avenir voyez-vous pour la radiologie dans les pays émergents ?

 Dr BOUMEHDI : La révolution technologique en radiologie ne doit pas être réservée aux pays développés. En Afrique et en Asie, ces innovations peuvent réduire les inégalités d’accès aux soins, améliorer le diagnostic précoce et renforcer la capacité des systèmes de santé. L’avenir est prometteur, à condition que ces avancées soient bien intégrées dans les stratégies de santé publique et adaptées aux réalités locales.

 Dr CHERKAOUI : Merci, Dr Boumehdi, pour cet échange éclairant. Espérons que ces nouvelles technologies soient rapidement accessibles au plus grand nombre.

 Dr BOUMEHDI : Merci à vous. L’avenir de la radiologie passe par l’innovation et la coopération internationale !

 

Mercredi 26 Mars 2025



Rédigé par La Rédaction le Mercredi 26 Mars 2025

Breaking news | Analyses & Finance & Bourse | Communiqué de presse | Eco Business | Digital & Tech | Santé & Bien être | Lifestyle | Culture & Musique & Loisir | Sport National | Auto-moto | Room | L'ODJ Podcasts - 8éme jour | Les dernières émissions de L'ODJ TV | Last Conférences & Reportages | Bookcase | L'ODJ Média


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ

Les informations de ce portail sont publiées à titre purement informatif et ne peuvent être considérées comme des conseils médicaux personnalisés. Aucun traitement ne devrait être entrepris en se basant uniquement sur le contenu de ces articles, et il est fortement recommandé au lecteur de consulter des professionnels de santé dûment homologués auprès des autorités sanitaires pour toute question relative à leur santé et leur bien-être. L’éditeur n’est pas un fournisseur de soins médicaux homologués. L’éditeur de ce portail d'information ne pratique à aucun titre la médecine lui-même, ni aucune autre profession thérapeutique, et s’interdit formellement d’entrer dans une relation de praticien de santé vis-à-vis de malades avec ses lecteurs. Aucune des informations ou de produits mentionnés sur ce site ne sont destinés à diagnostiquer, traiter, atténuer ou guérir une maladie.









Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html