La réallocation sectorielle a-t-elle des impacts sur la productivité au Maroc ?


Rédigé par le Jeudi 17 Octobre 2024

La réallocation sectorielle, c'est-à-dire le transfert de main-d'œuvre d'un secteur économique à un autre, a joué un rôle clé dans la transformation de l'économie marocaine ces dernières décennies. Le rapport de la banque mondiale "Libérer le potentiel du secteur privé marocain" souligne l'importance de ce phénomène, en particulier le passage de la main-d'œuvre des secteurs agricoles vers les services, qui a contribué à des gains significatifs en termes de productivité globale. Ce processus de transformation structurelle est essentiel pour le développement économique du pays, mais pour maximiser son impact, il est nécessaire de l'accompagner d'investissements dans l'éducation, les infrastructures et la technologie.



La réallocation sectorielle : un moteur de productivité ?

Historiquement, le Maroc, comme de nombreuses économies émergentes, a été largement dominé par l’agriculture. Cependant, la productivité dans ce secteur reste relativement faible par rapport à d'autres industries. En effet, la valeur ajoutée par travailleur dans l’agriculture est beaucoup plus faible que dans les secteurs des services ou de l’industrie. Ainsi, le transfert progressif de la main-d'œuvre agricole vers des secteurs à plus haute valeur ajoutée, comme les services et l’industrie manufacturière, a permis une augmentation notable de la productivité globale du pays.

Selon le rapport, la réallocation de la main-d'œuvre vers le secteur des services a eu un effet particulièrement positif sur la productivité au Maroc. Les services, tels que le commerce, les télécommunications, l’éducation et la santé, offrent des opportunités de création d’emplois avec une productivité par travailleur supérieure à celle du secteur agricole. Cela a permis de stimuler la croissance économique globale du pays. Cependant, bien que cette réallocation ait permis des gains significatifs, il est nécessaire de renforcer ce processus pour assurer une transition plus efficace vers des secteurs à forte valeur ajoutée, notamment les services technologiques et les industries innovantes.

La réallocation vers les services et les industries à forte valeur ajoutée est essentielle pour accroître la compétitivité du Maroc à l'échelle internationale. Ces secteurs, qui incluent la technologie, l’innovation et les services financiers, offrent des niveaux de productivité beaucoup plus élevés que les secteurs traditionnels. Par exemple, les entreprises opérant dans les technologies de l’information ou dans les services financiers ont un potentiel énorme pour augmenter la productivité et générer des emplois qualifiés, tout en stimulant les exportations.

Cependant, pour que le Maroc puisse pleinement tirer parti de cette transformation, il est nécessaire d'investir davantage dans les infrastructures technologiques et numériques. La transition vers une économie basée sur les industries à forte valeur ajoutée nécessite des connexions Internet fiables, des centres de recherche et d’innovation, ainsi que des incitations fiscales et financières pour les entreprises qui investissent dans ces secteurs.

L'un des défis majeurs de la réallocation sectorielle est la nécessité d'assurer une adéquation entre les compétences des travailleurs et les besoins des secteurs à haute valeur ajoutée. Pour accompagner ce processus de transition, il est indispensable d'investir dans l'éducation et la formation professionnelle. Les secteurs des services technologiques, par exemple, requièrent une main-d'œuvre hautement qualifiée, capable de s'adapter aux évolutions rapides des technologies et des marchés.

Pour répondre à cette demande croissante de compétences techniques, le Maroc doit mettre en place des programmes éducatifs orientés vers l'innovation et la technologie. Les partenariats entre les universités et les entreprises peuvent jouer un rôle clé dans cette dynamique, en s'assurant que les formations dispensées sont en adéquation avec les besoins réels du marché du travail. De plus, des programmes de formation continue et de requalification professionnelle sont nécessaires pour permettre aux travailleurs de se réorienter vers des secteurs plus dynamiques.

La réallocation sectorielle ne peut être pleinement réussie sans une amélioration significative des infrastructures. Les infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications sont des éléments essentiels pour permettre aux entreprises de croître et de devenir plus productives. En particulier, les zones économiques spéciales, les technopôles et les incubateurs peuvent favoriser la concentration des industries à forte valeur ajoutée et stimuler l'innovation.

De plus, une infrastructure numérique robuste est essentielle pour soutenir la transition vers des secteurs axés sur la technologie. Le développement de réseaux Internet à haut débit, de centres de données, et d'autres infrastructures numériques permettra aux entreprises marocaines de participer pleinement à l'économie mondiale et d'accroître leur productivité. Cela est particulièrement crucial pour attirer les investissements étrangers dans des secteurs comme les technologies de l’information et les services financiers.

L’innovation technologique est un moteur central de la réallocation sectorielle. Le Maroc doit investir dans la recherche et le développement (R&D) pour soutenir les industries à forte valeur ajoutée. Les gouvernements peuvent encourager l’innovation en offrant des subventions et des crédits d’impôt aux entreprises qui investissent dans la R&D, ainsi qu’en soutenant les incubateurs et accélérateurs de start-ups.

Par ailleurs, la diffusion de technologies avancées au sein des entreprises, notamment les PME, est cruciale pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines. Il est impératif d’encourager les entreprises à adopter des technologies modernes pour améliorer leur productivité et participer à l’économie numérique mondiale. Cela inclut l’utilisation de logiciels de gestion avancée, de l’automatisation des processus, et de la numérisation des chaînes de production.

La réallocation sectorielle vers les services et les industries à haute valeur ajoutée est une voie prometteuse pour améliorer la productivité du Maroc et renforcer son développement économique. Cependant, pour maximiser l’impact de cette réallocation, il est essentiel d’accompagner cette transition par des investissements massifs dans l'éducation, les infrastructures et la technologie. En facilitant l'accès à des compétences techniques, en modernisant les infrastructures et en stimulant l'innovation technologique, le Maroc peut non seulement accroître sa productivité globale, mais aussi se positionner comme un acteur compétitif sur la scène internationale.




Jeudi 17 Octobre 2024
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