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pour moult raisons, plus discutables les unes que les autres : Rente aux partis, népotisme triomphant, faire de la place à d’autres catégories ou segments de société… Bref, il n’y aura plus, semble-t-il, de listes des jeunes, ce qui est assez regrettable pour notre pays dont la classe politique est aussi nécrosée que sclérosée, et qui se montre plutôt incapable de créer de nouveaux concepts et idées, que seuls des jeunes d’âge ou d’esprit sauraient faire.
Maintenant, poursuivons le raisonnement de certains de nos politiques qui continuent de jurer, la main sur le cœur, la larme à l’œil et le trémolo dans la voix, que les jeunes sont l’avenir de ce pays. Pourquoi ne pas les laisser alors former leurs listes, en y mettant cependant quelques conditions, comme la couverture des 12 régions du pays, un nombre raisonnable de parrainages, la parité… quelle serait alors la différence avec les listes des jeunes proposées jadis par les partis ?
La grande différence est que ces jeunes issus des partis sont forgés par ces mêmes partis, épousant leurs idées et idéologies (quand elles existent), soumis à leurs structures de commandement (qui, elles, existent bel et bien), et porteurs de leurs visions claniques et de la novlangue qui va avec. Quel est donc, après une décennie, l’apport des jeunes en politique ? Emploi, formation, temps libre, libertés individuelles ? Peut-on vraiment dire que les jeunes des listes ont innové sous la coupole d’un parlement toujours aux trois-quarts vide ? La réponse est négative… Et le même constat peut être fait pour les femmes, dont les droits sont toujours aussi faméliques, malgré la loi, la constitution et l’ensemble des bonnes dispositions.
Qui, parmi les députés élus sur les listes des jeunes, a-t-il véritablement « percé », pour oser proposer des idées novatrices, au risque de sa carrière, propulsant son nom sur le devant de la scène politique ? Peut-être Mehdi Bensaïd, du PAM, et quelques autres… Aujourd’hui, jeunes et politiques marchent sur deux droites parallèles, avec forcément de faibles chances de se rencontrer un jour. Les « jeunes » des partis, membres des « jeunesses », ne sont pas des jeunes, mais des militants entrés tôt en politique et passant par les différents organes avant d’accéder à plus haut, par chance, compétence, connivence, ou appartenance familiale…
Pourquoi, par exemple, un mouvement comme Maan, formé de jeunes instruit(e)s et passionné(e)s par la politique, n’aurait-il donc pas la possibilité de briguer des suffrages un jour d’élection ? La constitution ne requiert certes pas d’appartenance politique pour une candidature et la loi organique 27-11 non plus… sauf que cette dernière impose des parrainages quasiment impossibles à obtenir, avec 500 parrainages d’élus, sachant qu’il est très difficile de recueillir ce nombre du fait que l’écrasante majorité des élus sont membres de partis ou de structures syndicales ou autres…
Alléger ces conditions, et permettre ainsi à des listes de jeunes de se présenter aux législatives sans parapluie partisan serait un gage de la réelle volonté de l’Etat d’ouvrir la représentation nationale à des jeunes (ou moins jeunes). Cela pourrait déboucher sur une nouvelle configuration politique, les peuples aujourd’hui plaçant de plus de nouvelles formations politiques à des fonctions de responsabilité (En Marche, Syriza, Podemos, Vox…).
Et si ces listes sont élues, modérément ou massivement, au détriment des partis, la classe politique devrait alors se poser des questions sur la manière de changer le cadre réglementaire des élections, car il faut le changer…
Reste la volonté de l’Etat et l’opinion des partis, toujours majoritaires et réfractaires aux jeunes, considérés tantôt comme inexpérimentés, tantôt comme « dangereux ». Et pourtant, Corneille disait « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années », mais elle devra, semble-t-il, attendre des années !
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com