La majorité : Passer à la vitesse supérieure : quels leviers ?

Une majorité stable, mais sous pression


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 23 Octobre 2024



La majorité : Est-ce une façade de tranquillité ou une véritable dynamique de transformation ?

Depuis la formation du gouvernement actuel, la coalition majoritaire au Maroc a toujours mis en avant sa cohésion, sa stabilité et sa capacité à mener des réformes structurelles. Le récent appel de Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, à passer à la "vitesse supérieure" dans la mise en œuvre des engagements pris dans le programme gouvernemental, soulève-t-il des interrogations sur la réelle portée de cette stabilité. 

La majorité gouvernementale, composée du Rassemblement National des Indépendants (RNI), du Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) et du Parti de l’Istiqlal, se félicite des résultats obtenus dans plusieurs secteurs, notamment sur le plan économique et social. Cependant, il convient de nuancer cette satisfaction. Si des progrès sont visibles, notamment en matière d'État social – initiative phare voulue par le Roi Mohammed VI – des obstacles importants subsistent. Les contraintes budgétaires, l’inflation galopante, ainsi que les fluctuations des prix à l’international compliquent la tâche du gouvernement, limitant sa marge de manœuvre pour apporter des solutions concrètes aux besoins pressants des citoyens.

Nizar Baraka, tout en reconnaissant les accomplissements du gouvernement, met l’accent sur une nécessaire accélération des réformes. Il semble donc reconnaître que la majorité gouvernementale, bien qu’unie en apparence, fait face à des défis qui exigent une réponse plus rapide et plus efficace. Loin d’être une simple formalité, cette "vitesse supérieure" pourrait être perçue comme une urgence pour redynamiser l’action publique, particulièrement en ce qui concerne la création d’opportunités d’emploi et la réponse aux besoins urgents de la population.

Le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a également insisté sur l’importance de la communication. Selon lui, le citoyen ne doit pas seulement bénéficier de mesures concrètes, mais aussi d’une transparence totale sur les réalisations et les progrès accomplis. Il est vrai que dans une ère où l’information circule à une vitesse vertigineuse, un déficit de communication peut s’avérer désastreux pour tout gouvernement. Les attentes des citoyens sont de plus en plus élevées, et les promesses non tenues ou mal expliquées risquent de ternir l’image de cette majorité si fière de ses résultats.

Sur le plan diplomatique, la coalition majoritaire se trouve confrontée à des enjeux tout aussi complexes. Baraka a évoqué la nécessité de renforcer la diplomatie partisane afin de convaincre les États encore réticents à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Il s’agit là d’un dossier particulièrement sensible qui, en dépit des avancées réalisées, continue de poser des défis majeurs. Si la majorité gouvernementale se montre unie sur ce point, l’adoption d’un mécanisme national de diplomatie partisane pourrait marquer un tournant dans la manière dont le Maroc entend gérer cette question cruciale.

Les propos de Ssi Nizar Baraka mettent donc en lumière une majorité qui, malgré ses réussites, semble avoir besoin d’un nouveau souffle pour aborder les défis à venir. Mais quelles sont les marges de manœuvre dont dispose réellement le gouvernement pour passer à cette fameuse "vitesse supérieure" ?

Les solutions résident probablement dans une politique économique plus volontariste, notamment par le biais de mesures fiscales et financières innovantes. La relance de secteurs prometteurs, en matière d’emploi notamment, sera cruciale pour répondre aux attentes des citoyens.

Pour autant, cette ambition se heurte à des réalités contraignantes. Les défis économiques mondiaux, couplés aux incertitudes politiques internes, pourraient freiner cet élan réformateur. Il reste à voir si la coalition au pouvoir saura tirer profit de sa cohésion pour mettre en œuvre des réformes structurelles capables de transformer durablement le paysage socio-économique marocain.

En fin de compte, la "solidité tranquille" de la majorité gouvernementale repose sur une base fragile. Si la coalition parvient à maintenir son unité, c’est avant tout parce que les enjeux sont colossaux, tant sur le plan interne qu’externe. L’appel de Baraka à accélérer les réformes montre bien que cette tranquillité apparente cache des tensions et des attentes fortes. La véritable question est donc de savoir si cette majorité saura dépasser les défis actuels pour réellement transformer les promesses en actions tangibles.




Mercredi 23 Octobre 2024
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