« Tout ce qui est excessif est insignifiant. »
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
J’ajouterais : « sauf les rêves, ils le sont par nature. »
Ou chercher des arguments d’optimisme en pleine crise quasi-existentielle généralisée ?
Par crise existentielle j’entends ce moment de l’histoire où les individus se demandent si leur vie a un sens ou ils cherchent à donner un sens à leur vie.
Comment écrire une tribune pour inciter à la résilience, à l’optimisme et pourquoi pas à l’euphorie ; le tout sans être excessif ?
Figurez-vous que j’ai trouvé mes arguments un peu par hasard en cherchant autour de moi des exemples d’hommes et de femmes qui démontrent qu’on peut être résilients sans théorie, par tempérament, par amour de la vie, par amour des autres …
Ils ne font pas les titres des journaux mais ils font la vraie vie.
Elle, je l’appellerais N, elle rêve d’un avenir meilleur pour sa ville, elle l’imagine plus ouverte plus verte, plus belle…Elle en fait son sujet de mémoire, on lui objecte les couts mais elle défend brillamment son rêve avec conviction et tout en douceur...
Depuis hier elle est architecte.
Elle représente pour moi tous ces jeunes qui croient en un demain meilleur par la force de la volonté, le pouvoir du rêve, le feu de l’amour des siens, du pays. Ils nous donnent le droit d’espérer que demain sera meilleur, ils en font un devoir.
Lui, je l’appellerais X, la trentaine, ouvrier au SMIG comme sa femme, deux petits à sa charge… Il a accepté ce travail quand il a compris que sa licence ne lui promettait pas grand-chose. Il a rangé son diplôme dans un vieux placard et a décidé d’affronter la vie avec d’autres armes.
Sa femme a perdu son poste pendant la crise, lui il travaille à mi-temps. Il vient de comprendre que pour avoir les allocations familiales il aurait fallu travailler à 60%. Il faut quand même continuer à payer la scolarité de son ainée, il organise des cours pour les petits des voisins pour les aider à suivre ces fameux cours à distance dans son appartement…Il découvre que certains n’ont pas les moyens, il ne les lâche pas, il résiste…
Mon dernier argument, je l’appellerais R, réanimateur dans un CHU, son savoir et son sérieux sont reconnus. Mais depuis Mars 2020 il gère une cadence de résilient, une semaine au service patient Covid suivi d'une semaine au service des patients de réanimation non Covid.
Dès le départ il n’a jamais compté ses heures, il a participé à la formation de tout le personnel du CHU pour les mesures de protection. Depuis l'augmentation du nombre de cas graves, son rythme s’est encore accéléré, il a vu beaucoup de patients quitter ce monde et malgré tout il garde le sourire et il continue à conseiller tous les collègues qui le sollicitent pour des avis dans les différents hôpitaux de la région. Chaque jour il accompagne des humains dans la lutte pour la vie pour leurs rêves.
Mes trois exemples paraissent très différents. Ils sont en fait les révélateurs de toute cette moitié du verre qu’on ne voit pas.
Ce sont les N, X et R qui feront le Maroc de demain, le monde nouveau d’après Covid. J’espère que cette fureur de vivre soit contagieuse pour remplir le verre.
Pour cette fin d’année, je voulais faire le vœu qu’ils réussissent ensemble à améliorer le monde.