La jungle… de Monsieur Borrel

Agaçant pour les uns, douloureux pour les autres…


Rédigé par Rédaction le Samedi 22 Octobre 2022



Écouter le podcast en entier :


Par Dr Samir Belahsen

« Le jardin européen de Josep Borrell se construit en pillant la jungle »
Joseph Massad
             
« Le raciste est celui qui pense que tout ce qui est trop différent de lui le menace dans sa tranquillité. »
Tahar Benjelloun

C’était au château de Prague à Bruges, le 7 octobre 2022.

S’inspirant, vingt ans après, de la métaphore d’un autre raciste Ehud Barak, qui avait qualifié l’Etat sioniste de villa dans la jungle, le responsable de la politique étrangère de l’Union Européenne a osé : « Oui, l’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin […] Le reste du monde n’est pas exactement un jardin. La plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. »

Notre ami socialiste espagnol Catalan est aussi un ancien volontaire dans un kibboutz fondé par des colons juifs polonais en 1946.

Les déclarations racistes du responsable de la politique étrangère de l’Union Européenne sont le symbole nauséabond du néocolonialisme continu de l’Europe en Asie et en Afrique que certains suprémacistes blancs européens affichent de plus en plus.

L’Europe représenterait pour notre ami la « civilisation », « le jardin » tandis que le reste du monde incarne la « sauvagerie » la « Jungle ». Cela démontre d’abord l’ignorance d’un grand responsable Européen, le premier responsable de la politique étrangère du fameux jardin. Je veux noter ici la reprise de la notion biblique de Jardin, (hébreu gan, gannâh), au sens large, enclos aux environs des villes, planté d'arbres et d'arbustes, entouré de haies épineuses ou de murs de pierres pour protéger vignes et vergers contre bêtes et voleurs…

Cette notion de mur interpelle d’ailleurs Mr Borell, il nous dit « La jungle a une forte capacité de croissance, et le mur ne sera jamais assez haut pour protéger le jardin. »

De tout temps les résistants aux génocides coloniaux du jardin, étaient considérés comme des terroristes, des barbares, ou des sauvages.

Pour rappel, les autochtones des Amériques ont été souvent décrits comme des sauvages.

En Algérie, au Maroc, au Vietnam, en Nouvelle-Calédonie comme en Irak les peuples qui ont résisté ont été qualifiés de sauvages, de barbares et de terroristes.

Le jardin de Monsieur Borrel a été construit par la grâce de l’esclavage et cultivé par le colonialisme et n’est entretenu par ce néocolonialisme.

Le silence assourdissant de beaucoup de responsables de la « jungle » devant cette métaphore impérialiste et raciste dans un discours d’ouverture de l’Académie diplomatique européenne est à mon avis plus condamnable que le discours de Monsieur Borell lui-même.
 




Samedi 22 Octobre 2022
Dans la même rubrique :