La guerre oubliée d’Ukraine


Rédigé par le Samedi 25 Novembre 2023

Bien plus que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky en veut au Hamas presqu’autant qu’il déteste la Russie.



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Depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, les médias occidentaux ont détourné leur attention de la guerre en Ukraine, pour se concentrer sur celle de Gaza.

Le pire pour Zelensky est que la fourniture d’armes et de munitions occidentales a suivi la même tendance : le gros lot pour l’armée israélienne, celle d’Ukraine devant se contenter des restes.

Il est loin, le temps où Zelensky faisait la « Une » de la presse occidentale, glorifié en héros de la lutte contre le méchant ours russe. En Europe, comme aux Etats-Unis, les drapeaux ukrainiens, auparavant accrochés un peu partout, ont progressivement disparu.

C’est le drapeau israélien qui est désormais fétichisé par les alliés de Kiev. Les temps ont beaucoup changé et pas en mieux pour les Ukrainiens, depuis ledit 7 octobre.

Wunderwaffe

Mais Zelensky continue quand même de croire en une illusoire victoire la Russie. Il attend, d’ailleurs, toujours son « wunderwaffe », l’arme miracle qui va enfin lui permettre d’écraser les troupes de Moscou, qui ont dévoré un bon cinquième du territoire de l’Ukraine.

Il faut, donc, s’imaginer l’effet de douche froide qu’ont eu sur Zelensky et les généraux ukrainiens les récentes déclarations du secrétaire d’Etat à la défense étasunien, Lloyd Austin, et ce à Kiev même.

« Aucune nouvelle capacité militaire occidentale ne changerait la donne pour l'Ukraine dans le conflit avec la Russie », a indiqué le général américain.

Et les chasseurs américains F16, qui devaient permettre à l’Ukraine de reprendre le contrôle du ciel constamment occupé par les chasseurs russes depuis le début de la guerre, le 22 février 2022 ?

Là encore, les propos de Lloyd Austin n’ont rien d’encourageant. «Qu'il s'agisse des F-16, du HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System), ou d'autre chose, c'est la manière dont vous utilisez ces capacités et les intégrez, en synchronisant les capacités pour produire les bons effets sur le champ de bataille », a-t-il souligné.

Une manière polie de dire aux Ukrainiens qu’ils ne savent pas faire la guerre. Ce qui, d’ailleurs, n’est pas tout à fait faux.

Le « courage » de se suicider

Si les soldats ukrainiens ont fait preuve d’un rare courage au combat, ce que même leurs adversaires russes leurs reconnaissent, leur commandement est loin de s’être montré à la hauteur.

Il était, stratégiquement, stupide de tenter de résister, au prix de très lourdes pertes humaines et matérielles, à la poussée des forces russes à l’Est du fleuve Dniepr.

Ce fut encore plus criminel de tenter de défendre la ville de Bakhmut, où Kiev a engagé bataillon sur bataillon, jusqu’à devoir reculer face aux mercenaires russes de Wagner, après près de 16 mois d’affrontements sanglants. 23.000 morts et 16.000 blessés ukrainiens pour… rien !

Le comble de l’incompétence a été atteint durant la contre-offensive ukrainienne, lancée début juin, lorsque l’état-major ukrainien a envoyé ses soldats se faire massacrer sur le dispositif de défense russe, échelonné en profondeur sur trois lignes, et ce vague après vague, sans même parvenir à franchir la première ligne.

Le déséquilibre des forces était, en termes de pièces d’artillerie, de un pour dix en faveur de la Russie. Sans compter la production d’obus, celle de la Russie dépassant celle de tous les pays de l’Otan réunis.

Guerre d’attrition

Les Russes, comme dans toute leur histoire militaire, n’ont pas démarré la guerre d’Ukraine de la meilleure des manières. Mais tel un moteur diesel, dès qu’ils commencent à ronfler comme un moteur, plus rien ne peut les arrêter.

Après avoir avalé plus de 100.000 kms2 de territoire ukrainien, Moscou a adopté une stratégie défensive, laissant les troupes ukrainiennes venir se suicider sur ses solides lignes de défense.

On appelle cela la guerre d’attrition, que les généraux de plateaux tv occidentaux semblent à peine commencer à comprendre. Ils se sont longtemps imaginé que si l’armée russe n’avançait pas, c’est parce qu’elle n’était pas capable de le faire.

Les Russes ont, de fait, plus cherché à détruire les capacités militaires de l’Ukraine qu’à conquérir plus de territoire, ce qui sera toujours possible une fois l’armée ukrainienne totalement épuisée.

A présent, les Américains cherchent à faire comprendre aux Ukrainiens qu’il va falloir négocier avec les Russes, après leur avoir conseillé exactement le contraire au tout début de la guerre.

Comme une vielle chaussette

Il va de soi que Zelensky et ses généraux se sentent maintenant trahis. Les plus lucides parmi les décideurs ukrainiens ont, toutefois, compris que la partie est vraiment perdue. Même si les pays occidentaux devaient continuer à envoyer massivement des armes et des munitions, Kiev a de moins de moins de soldats pour les utiliser.

La démographie est la science des tendances lourdes. L’Ukraine n’a, tout simplement, plus suffisamment de réserves de main d’œuvre pour continuer à recruter des soldats.

Ainsi se termine l’aventure militaire menée par un acteur comique devenu président de république. Zelensky ira, probablement, rejoindre Ashraf Ghani, ex-président de l’Afghanistan, et Nguyen Van Thiệu, dernier président du Sud Viêt-Nam, aux poubelles de l’Histoire.




Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 25 Novembre 2023
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