Écouter le podcast en entier :
Par Mustapha Sehimi
Cela fait donc plus de neuf mois qu'a été déclenché le conflit Ukraine-Russie. Rien ne permet d'avancer pour l'heure qu'il va prochainement connaître un dénouement: tant s'en faut. Il s'enlise, l'hiver aidant.
Il a donné lieu à des constructions politiques, voire idéologiques, qu'il convient d'évoquer. La première a trait à la Russie de Poutine, telle qu'en elle-même -la nature du régime, le rêve soviétique, la représentation qui en est faite en Occident etc. Et en particulier, ceci: ce que l'on observe à cet égard, c'est la russophobie.
Elle est devenue décomplexée: elle frappe ainsi des œuvres et des artistes russes, avec des déprogrammations de concerts et d'opéras -elle va même jusqu'à censurer Tchaïkovski ou Tolstoï et à la fermeture de la chaîne de télévision RT.
Prévaut ainsi une approche binaire qui n'avait même pas cours lors de la guerre froide Est-Ouest, où c'était l'URSS et son régime communiste qui étaient combattus en termes politiques et idéologiques. Or, aujourd'hui, qu'en est-il? C'est une ethnie, russe, qui est visée... Elle est volontiers présentée comme le «mal», le «bien» étant où? Du côté de l'Ukraine! Un manichéisme tellement prégnant dans les relations internationales...
L'Ukraine, donc: parée de toutes les vertus… Voire. Personne ne peut évacuer les affres de ce peuple et les exactions commises. Mais celles-ci ne sont-elles pas partagées? Les médias occidentaux se distinguent de nouveau par le «deux poids deux mesures»: qui a vu des images des dégâts des bombardements ukrainiens dans les territoires russes annexés? Tout un «montage» a été fait autour de plusieurs éléments: la personnalité du président ukrainien, Volodymyr Zelensky; la vaillance de son peuple; la mobilisation de tous comme un seul homme.
Qu'en est-il au vrai? Homme de communication, ce responsable a su scénariser son rôle et se mettre en avant comme l'incarnation de la résistance. Il use -et même abuse- de toutes les techniques jugées appropriées.
Il a donné lieu à des constructions politiques, voire idéologiques, qu'il convient d'évoquer. La première a trait à la Russie de Poutine, telle qu'en elle-même -la nature du régime, le rêve soviétique, la représentation qui en est faite en Occident etc. Et en particulier, ceci: ce que l'on observe à cet égard, c'est la russophobie.
Elle est devenue décomplexée: elle frappe ainsi des œuvres et des artistes russes, avec des déprogrammations de concerts et d'opéras -elle va même jusqu'à censurer Tchaïkovski ou Tolstoï et à la fermeture de la chaîne de télévision RT.
Prévaut ainsi une approche binaire qui n'avait même pas cours lors de la guerre froide Est-Ouest, où c'était l'URSS et son régime communiste qui étaient combattus en termes politiques et idéologiques. Or, aujourd'hui, qu'en est-il? C'est une ethnie, russe, qui est visée... Elle est volontiers présentée comme le «mal», le «bien» étant où? Du côté de l'Ukraine! Un manichéisme tellement prégnant dans les relations internationales...
L'Ukraine, donc: parée de toutes les vertus… Voire. Personne ne peut évacuer les affres de ce peuple et les exactions commises. Mais celles-ci ne sont-elles pas partagées? Les médias occidentaux se distinguent de nouveau par le «deux poids deux mesures»: qui a vu des images des dégâts des bombardements ukrainiens dans les territoires russes annexés? Tout un «montage» a été fait autour de plusieurs éléments: la personnalité du président ukrainien, Volodymyr Zelensky; la vaillance de son peuple; la mobilisation de tous comme un seul homme.
Qu'en est-il au vrai? Homme de communication, ce responsable a su scénariser son rôle et se mettre en avant comme l'incarnation de la résistance. Il use -et même abuse- de toutes les techniques jugées appropriées.
Mais n'est-ce pas un rôle de composition? Au début d'octobre dernier, des révélations se sont en effet multipliées autour de lui sur de nombreuses affaires commerciales via des sociétés offshore. Ces informations ont été publiées dans le cadre des «Pandora Papers» -une enquête menée par plus de 600 journalistes de 117 pays, qui ont étudié 11,9 millions de dossiers confidentiels sur l'organisation de l'évasion fiscale.
C'est la société de production de Zelensky, Kvartal 95, qui est propriétaire de trois appartements à Londres acquis pour une somme d'environ 7,5 millions de dollars.
Et dire qu'il s'est servi d'une de ses séries de télévision les plus populaires, «Serviteur du peuple», où il tenait le rôle d'un enseignant indigné par la corruption de son pays qui devient président… En 2019, le voilà qui reprend le nom de cette série pour en faire une formation politique, et se faire élire avec 73% des voix sur ce programme: la lutte contre les inégalités, le système oligarchique et la corruption...
Au-delà de Zelensky, c'est un «système» qui est mis en cause comme l'atteste l'utilisation de l'aide des Etats-Unis, de l'UE et de leurs alliés à Kiev. Celle-ci est de l'ordre de 130 milliards de dollars à la fin octobre 2022, soit plus de la moitié du PIB de ce pays. Les engagements militaires sont de 42 milliards de dollars. Bien avant le conflit armé, le 24 février, l'on a observé dans les semaines qui précédaient la fuite massive des élites ukrainiennes.
Ainsi, 37 députés du groupe du président Zelensky ont soudainement disparu le 14 février; le journal italien La Repubblica précise que 20 avions d'affaires ont décollé de l'aéroport Boryspol de Kiev. En tête de file de ces départs: des hommes d'affaires et des magnats (Vasily Kemelnitsky, Vadim Stolar, Vadim Nesterenko, Andrey Stavnitzer, Igor Abramovitch, Vladimir Nemirovsky, Konstantin Zhevago, Alexander Yaroslavsky, Vadim Ermolaev, Eduard Kohan...).
Mais aussi des oligarques, des parlementaires, des responsables de l'Etat, qui se sont de préférence installés sur la Côte d'Azur -on les appelle «Le Bataillon de Monaco». Mais la géographie est plus vaste: ils sont aussi en Grande-Bretagne, au Qatar, en Espagne, en France... Aujourd'hui, seule une centaine de députés, sur un total de 450, se trouvent à Kiev.
Mais il y a plus. Référence est faite aux conditions de l'utilisation de l'aide financière et militaire. Des parlementaires américains ont été les plus réactifs et les plus sourcilleux à cet égard, en demandant davantage de suivi et de contrôle. La chaîne de télévision américaine CBS, dans un documentaire, rapporte qu'environ 70% de l'aide militaire n'est pas parvenue aux bénéficiaires prévus. Un rapport fait ainsi état de la vente de certaines des armes sur le marché noir dans différents pays. Le vol et le détournement n'épargnent pas non plus les fournitures médicales.
Des conteneurs maritimes sont pillés; l'aide humanitaire est commercialisée dans des supermarchés appartenant à des oligarques. Les exportations désormais autorisées de céréales et d'huile via le territoire ukrainien sont assurées en partie par de fausses sociétés…
Tout cela, l'Occident l'ignore-t-il? Pas vraiment. La russophobie est plus forte, et la géopolitique l'emporte. Elle est le pendant d'un Occident contesté, miné par la crise de ses valeurs à prétention universelle, tant en Asie qu'en Afrique et d’ailleurs dans le «Grand Sud»...
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Le 360
C'est la société de production de Zelensky, Kvartal 95, qui est propriétaire de trois appartements à Londres acquis pour une somme d'environ 7,5 millions de dollars.
Et dire qu'il s'est servi d'une de ses séries de télévision les plus populaires, «Serviteur du peuple», où il tenait le rôle d'un enseignant indigné par la corruption de son pays qui devient président… En 2019, le voilà qui reprend le nom de cette série pour en faire une formation politique, et se faire élire avec 73% des voix sur ce programme: la lutte contre les inégalités, le système oligarchique et la corruption...
Au-delà de Zelensky, c'est un «système» qui est mis en cause comme l'atteste l'utilisation de l'aide des Etats-Unis, de l'UE et de leurs alliés à Kiev. Celle-ci est de l'ordre de 130 milliards de dollars à la fin octobre 2022, soit plus de la moitié du PIB de ce pays. Les engagements militaires sont de 42 milliards de dollars. Bien avant le conflit armé, le 24 février, l'on a observé dans les semaines qui précédaient la fuite massive des élites ukrainiennes.
Ainsi, 37 députés du groupe du président Zelensky ont soudainement disparu le 14 février; le journal italien La Repubblica précise que 20 avions d'affaires ont décollé de l'aéroport Boryspol de Kiev. En tête de file de ces départs: des hommes d'affaires et des magnats (Vasily Kemelnitsky, Vadim Stolar, Vadim Nesterenko, Andrey Stavnitzer, Igor Abramovitch, Vladimir Nemirovsky, Konstantin Zhevago, Alexander Yaroslavsky, Vadim Ermolaev, Eduard Kohan...).
Mais aussi des oligarques, des parlementaires, des responsables de l'Etat, qui se sont de préférence installés sur la Côte d'Azur -on les appelle «Le Bataillon de Monaco». Mais la géographie est plus vaste: ils sont aussi en Grande-Bretagne, au Qatar, en Espagne, en France... Aujourd'hui, seule une centaine de députés, sur un total de 450, se trouvent à Kiev.
Mais il y a plus. Référence est faite aux conditions de l'utilisation de l'aide financière et militaire. Des parlementaires américains ont été les plus réactifs et les plus sourcilleux à cet égard, en demandant davantage de suivi et de contrôle. La chaîne de télévision américaine CBS, dans un documentaire, rapporte qu'environ 70% de l'aide militaire n'est pas parvenue aux bénéficiaires prévus. Un rapport fait ainsi état de la vente de certaines des armes sur le marché noir dans différents pays. Le vol et le détournement n'épargnent pas non plus les fournitures médicales.
Des conteneurs maritimes sont pillés; l'aide humanitaire est commercialisée dans des supermarchés appartenant à des oligarques. Les exportations désormais autorisées de céréales et d'huile via le territoire ukrainien sont assurées en partie par de fausses sociétés…
Tout cela, l'Occident l'ignore-t-il? Pas vraiment. La russophobie est plus forte, et la géopolitique l'emporte. Elle est le pendant d'un Occident contesté, miné par la crise de ses valeurs à prétention universelle, tant en Asie qu'en Afrique et d’ailleurs dans le «Grand Sud»...
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Le 360