Par Dr Samir BELAHSEN
« Si l'on plonge subitement une grenouille dans de l'eau chaude, elle s'échappe d'un bond ; alors que si on la plonge dans l'eau froide et qu'on porte très progressivement l'eau à ébullition, la grenouille s'engourdit ou s'habitue à la température pour finir ébouillantée. »
Enoncé de la fable
Quand Al Gore avait utilisé cette fable en 2009 dans le film « Une vérité qui dérange » pour illustrer la manière dont l'humanité court à sa perte si elle ne réagissait pas au lent réchauffement climatique de notre planète, il n’avait pas cherché à en expliquer les raisons.
Pourquoi alors lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction ni opposition ni révolte ?
Il échappe souvent même à la réflexion sérieuse. Les phénomènes d'adaptation, théoriquement bénéfiques à l'individu et aux sociétés, peuvent se révéler parfois mortels.
On s’adapte aux conflits qui durent, à la médiocrité en général et à la notre en particulier…
Pourquoi alors lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction ni opposition ni révolte ?
Il échappe souvent même à la réflexion sérieuse. Les phénomènes d'adaptation, théoriquement bénéfiques à l'individu et aux sociétés, peuvent se révéler parfois mortels.
On s’adapte aux conflits qui durent, à la médiocrité en général et à la notre en particulier…
On se prélasse, comme la grenouille dans la casserole, dans un certain confort conservateur, on se prélasse dans nos petites lâchetés et on finit dans le grand renoncement.
L’apathie n’est elle pas la forme la plus répandue de la trahison ?
L’année 2021 avait commencé par les événements du capitole.
Rappelons les faits : le 6 janvier 2021, l’assaut du Capitole par des milliers d'émeutiers radicaux, à l'incitation du président sortant Donald Trump, dans une tentative de bloquer la certification des résultats du vote de l'élection présidentielle américaine de 2020 et la victoire du président Biden.
La manifestation de cette droite radicale populiste portait le titre Save America.
J’avais écrit sur ces colonnes :
L’apathie n’est elle pas la forme la plus répandue de la trahison ?
L’année 2021 avait commencé par les événements du capitole.
Rappelons les faits : le 6 janvier 2021, l’assaut du Capitole par des milliers d'émeutiers radicaux, à l'incitation du président sortant Donald Trump, dans une tentative de bloquer la certification des résultats du vote de l'élection présidentielle américaine de 2020 et la victoire du président Biden.
La manifestation de cette droite radicale populiste portait le titre Save America.
J’avais écrit sur ces colonnes :
« Dans tout terrorisme, il y a une certaine idée de suprématie
idéologique, ethnique religieuse ou pseudo-scientifique.
La notion de « suprématie blanche », comme les théories
suprématistes en général, est une notion enracinée dans
l'ethnocentrisme et le désir d'hégémonie. »
Cette ultra-droite qui a de plus en plus le vent dans les voiles et qui carbure à la haine constitue, selon moi, en ce début 2022 le plus grand risque interne pour la démocratie occidentale que ce soit en France, aux Etats-Unis ou ailleurs.
Ce que je n’avais pas prévu à l’époque, c’est que le populisme pouvait aussi atteindre et détruire des démocraties naissantes qui avaient créé beaucoup d’espoir… Les marchands d’illusions, il y en a et il y en a eu un peu partout, en Hongrie, au Japon, en Tunisie, au Canada…et au Maroc.
Quand les démocrates oublient la fragilité de la démocratie, quand ils se prélassent dans le confort qu’elle peut offrir, ils peuvent se retrouver dans le piège.
En cumulant les petites lâchetés et les petites guéguerres politiciennes, en considérant que la démocratie est acquise et que le populisme est mort on joue à la grenouille.
Quand les démocrates oublient la fragilité de la démocratie, quand ils se prélassent dans le confort qu’elle peut offrir, ils peuvent se retrouver dans le piège.
En cumulant les petites lâchetés et les petites guéguerres politiciennes, en considérant que la démocratie est acquise et que le populisme est mort on joue à la grenouille.
Pour Stéphane François,
« le populisme est divers, d’où la difficulté d’en cerner les contours : son expression dépend du lieu où il est né, elle est liée à l’histoire du pays dans lequel il se développe. Le cœur du populisme, son essence, n’est pas la critique des élites mais le rejet du pluralisme de l’offre politique. Sauf que, sans pluralisme politique, il n'y a pas de démocratie ».
Dr Samir BELAHSEN