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La galanterie à l'épreuve du féminisme et des nouvelles sensibilités sociales


Par les temps qui courent, l'homme que je suis se trouve un peu perdu, tiraillé entre deux mondes : celui d’hier, où les codes étaient clairs, presque immuables, et celui d’aujourd’hui, en pleine mutation, dont les règles semblent encore floues et parfois contradictoires. Je me sens parfois comme un funambule, oscillant entre une galanterie héritée du passé et une modernité qui m’incite à la repenser, voire à la remettre en question. Être courtois, respectueux, ou simplement humain devient un terrain glissant où chaque geste, chaque mot, peut être interprété de mille façons. Entre tradition et modernité, je navigue à tâtons, tentant d’apprivoiser un monde en transformation.



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Depuis quelque temps, j’ai complètement revu mon comportement dans mes interactions avec les femmes.

Désormais, lorsque j’invite une collègue ou une amie à déjeuner, je propose de partager l’addition, ou je la laisse même payer si elle préfère. Pourquoi ? Parce que je me considère comme "féministe", et je crois en une égalité réelle dans les gestes du quotidien. Mais ce n’est pas tout : je ne me permets plus, par exemple, de laisser une femme passer la porte en premier. Ces gestes, autrefois considérés comme courtois, me semblent désormais risquer d’être mal interprétés dans le contexte actuel.

Autrefois, il était naturel de se tenir de côté pour laisser une femme entrer en premier, comme une marque de respect. Mais aujourd’hui, je m’interroge. Est-ce que ce geste est perçu comme une micro-agression paternaliste ? Est-ce que mon attitude pourrait laisser croire à une intention déplacée ? Ces questions, pourtant simples, traduisent une profonde évolution des normes sociales.

De la même manière, lorsque je reçois une visiteuse dans mon bureau, je me demande s’il est préférable de laisser la porte ouverte ou fermée. La laisser ouverte pourrait être interprété comme un signe de respect et de transparence, mais la laisser fermée peut également signaler une volonté d’assurer une conversation confidentielle et professionnelle. Dans ces moments-là, le doute persiste : chaque geste est susceptible d’être analysé, amplifié ou mal compris.

Au risque de me répéter

Ces anecdotes traduisent des tensions entre les anciennes normes de galanterie et les nouvelles sensibilités sociales. Pour certains hommes, ces situations génèrent un malaise palpable. Faut-il persister dans des habitudes jugées dépassées, ou bien tout réinventer, au risque d’une maladresse ?

Alors qu’il était auparavant naturel pour un homme de tenir la porte pour une femme, la logique de réciprocité devrait désormais s’appliquer. Si je tiens la porte pour quelqu’un, peu importe son genre, je ne fais qu’agir par courtoisie humaine. Cependant, il m’est arrivé qu’une femme insiste pour tenir la porte pour moi, ce qui m’a d’abord semblé étrange, avant de comprendre que ce geste reflète simplement la nouvelle dynamique d’égalité.

Lorsque je me retrouve seul dans un ascenseur avec une femme, je veille instinctivement à respecter une distance ou à regarder ailleurs pour éviter tout malaise. Est-ce une exagération ? Peut-être. Mais cette précaution traduit une volonté sincère de ne pas franchir de limites, même involontairement.

Laisser une porte ouverte lorsque je reçois une collègue ou une visiteuse peut sembler respectueux, mais peut également provoquer un sentiment d’exposition ou de manque d’intimité. À l’inverse, fermer la porte peut être interprété comme une tentative d’isoler ou de créer une situation inconfortable. Dans ce cas, le dialogue est souvent la meilleure solution : demander simplement ce que la personne préfère peut désamorcer bien des malentendus.

Vers une courtoisie réciproque pour éviter la peur de l’accusation

Cette peur d’être accusé d’un geste ou d’un regard mal placé est devenue omniprésente dans les interactions professionnelles et sociales. Pourtant, il est crucial de distinguer entre des comportements authentiquement respectueux et des attitudes malveillantes ou inappropriées. Le problème n’est pas le geste lui-même, mais l’intention qui le sous-tend.

Au lieu de rejeter toute forme de galanterie ou de politesse, il est peut-être temps de les redéfinir à travers une logique d’égalité et de réciprocité. Pourquoi ne pas encourager une courtoisie partagée, où hommes et femmes se montrent mutuellement respectueux, peu importe le contexte ?

En fin de compte, ces changements de comportement ne doivent pas nous conduire à une rupture totale des interactions humaines. Il s’agit plutôt d’apprendre à dialoguer, à comprendre les attentes de chacun et à s’ajuster avec bienveillance. Ce n’est pas la galanterie qui est en jeu, mais une nouvelle manière de construire des relations fondées sur le respect mutuel et l’égalité.
 

Confidences : Certes, à mon âge, je ne représente plus le mâle dominant, avide de conquêtes ou de démonstrations lourdement déplacées

Mon rôle a changé, et avec lui, mon regard sur les relations et les interactions humaines. Mais lorsque je pense à la génération qui me succède, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur ce nouveau monde qui se dessine. Un monde où l’égalité s’impose, mais où l’individu semble parfois enfermé dans une crainte constante de mal agir ou de mal être compris.

Je m’interroge : comment mes enfants, mes petits-enfants, trouveront-ils leur équilibre dans cette ère de redéfinition des rapports humains ? Auront-ils les outils pour conjuguer respect et spontanéité, égalité et bienveillance ? Je garde l’espoir qu’en dépassant nos hésitations et nos maladresses, ils sauront inventer des relations plus saines, libérées des poids du passé mais aussi des tensions du présent. Après tout, chaque génération porte en elle la promesse d’un monde meilleur, à condition d’y mettre la patience et le dialogue nécessaires.

En attendant, Je suis devenu plus prudent : les gestes ou comportements que j'évite

Les gestes qui impliquent une forme de domination, comme tenir la main de manière trop ferme ou diriger physiquement quelqu’un, peuvent être mal interprétés comme une tentative d’imposer son pouvoir ou son autorité.

Un regard qui s’attarde trop longtemps, même sans mauvaise intention, peut provoquer un sentiment de malaise, être perçu comme intrusif ou même menaçant.

Des gestes comme une accolade spontanée, un toucher non sollicité ou un rapprochement excessif sans consentement explicite peuvent être interprétés comme une atteinte au respect ou à la distance personnelle.

Apprendre à observer ces limites est devenu pour moi une nécessité, non seulement par prudence, mais aussi par volonté de mieux comprendre et respecter les sensibilités de l’autre.

Par Adnane Bencchakroun

féminisme, galanterie, égalité, relations sociales, courtoisie, nouvelle génération, transformation sociale, respect mutuel, masculinité, évolution des normes




Dimanche 29 Décembre 2024

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