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Vision et déclination
Pour s'en tenir à la décennie écoulée et à l'année en cours, l'expression diplomatique de cette vision témoigne d'une déclinaison qui ne peut que retenir l'intérêt. En mai 2012, Rabat fait savoir que Christopher Ross, alors envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, n'a plus sa confiance dans sa mission sur le Sahara marocain. Motif : la partialité de ce diplomate onusien. En avril 2013, à propos de ce même dossier, le Maroc s'oppose à la proposition faite en au Conseil de sécurité par l'administration Obama d'étendre le mandat de la Minurso aux questions des droits de l'homme. Le Roi suspend alors un programme de manœuvres militaires communes dans le cadre de l'Opération Africain Lion.
Avec Paris, c'est une autre affaire - celle de la convocation d'un haut responsable, patron de la DGST, à Paris, dans des conditions contraires à tous les usages et les procédures diplomatiques. Elle se conclut par la décision du Maroc de suspendre toute coopération judiciaire avec la France. Il faudra attendre pratiquement un an pour qu'elle soit rétablie dans des conditions reformatées …
Une ardente obligation
En mars 2016, c'est de nouveau l'Organisation mondiale qui est mise en cause à travers son secrétaire général, Ban Ki-moon, affichant à Tindouf, devant des responsables séparatistes, une attitude inacceptable. Ces semaines -ci, voilà Berlin et Madrid qui font l'actualité - et les frais, si l'on ose dire - d'une diplomatie marocaine proactive, ombrageuse parce que ce sont les fondamentaux du Royaume qui sont en cause, en l'occurrence sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Sur un autre registre, à noter que c'est cette même approche qui prévaut. Par exemple, à la suite de la crise des relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar, en juin 2017, le Maroc ne soutiendra pas le boycott décidé par Riyad contre Doha et veillera à une ligne de neutralité. La suite lui a donné raison...
Sur le Roi, pèse une ardente obligation. Il y a à ses yeux, me semble-t-il, une réalité transhistorique qu'on nommera peuple, nation, Maroc. I1 s'agit de veiller, dans un monde peu pacifique, à la préservation de la spécificité du Royaume. De sa liberté. Et de son identité. Une mission, qu'au plus fort des tournantes internationales, il lui faut accomplir debout. Il s'agit de défendre l'indépendance nationale, préserver l'intégrité territoriale si elle est mise en cause ou menacée. Plus encore : conforter et consolider l'influence et le rayonnement du Maroc. Dans cette même ligne, Mohamed VI prend en charge toute une doctrine qui est sienne, adossée à une certaine conception des relations internationales : celle de principes et de pratiques de coopération, de recherche de la paix et de la stabilité de bon voisinage.
Le seul guide : la raison d’Etat
Primauté de la raison d’Etat : voilà la grille de lecture. Le seul guide est- et doit être- les intérêts supérieurs. L'on vient d'en avoir une illustration historique avec la déclaration conjointe en date du 22 décembre 2020 entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël…
Bien des usages conventionnels de la diplomatie sont ainsi bousculés tant avec cet acte qu'en d'autres circonstances. Il y a là une vision, assurément, mais couplée à une forte dose de détermination, Le Roi ne minore pas la place et le rôle de la négociation : tant s'en faut. Il mesure qu'une action internationale ne peut que la privilégier. Son attitude a, logiquement, une préférence à l'égard de l'institutionnalisation de la négociation qu'incarnent les organisations régionales, continentales et internationales. Mais pour autant, il n'évacue pas le recours à l’action quand il estime que sont épuisées les possibilités du dialogue.
Un style, une personnalité, une culture, une éducation, une hérédité aussi, un messianisme d'Etat enfin : voilà sans doute l'alchimie de la diplomatie royale. Et puis le Maroc de 2021 a ses lettres de crédit auprès de la communauté internationale par les valeurs et les principes qui l'animent et le guident. Une politique étrangère servie de surcroît par de grands chantiers et des réformes continues dans la perspective d'un modèle de société moderniste, démocratique et solidaire.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur https://quid.ma
Pour s'en tenir à la décennie écoulée et à l'année en cours, l'expression diplomatique de cette vision témoigne d'une déclinaison qui ne peut que retenir l'intérêt. En mai 2012, Rabat fait savoir que Christopher Ross, alors envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, n'a plus sa confiance dans sa mission sur le Sahara marocain. Motif : la partialité de ce diplomate onusien. En avril 2013, à propos de ce même dossier, le Maroc s'oppose à la proposition faite en au Conseil de sécurité par l'administration Obama d'étendre le mandat de la Minurso aux questions des droits de l'homme. Le Roi suspend alors un programme de manœuvres militaires communes dans le cadre de l'Opération Africain Lion.
Avec Paris, c'est une autre affaire - celle de la convocation d'un haut responsable, patron de la DGST, à Paris, dans des conditions contraires à tous les usages et les procédures diplomatiques. Elle se conclut par la décision du Maroc de suspendre toute coopération judiciaire avec la France. Il faudra attendre pratiquement un an pour qu'elle soit rétablie dans des conditions reformatées …
Une ardente obligation
En mars 2016, c'est de nouveau l'Organisation mondiale qui est mise en cause à travers son secrétaire général, Ban Ki-moon, affichant à Tindouf, devant des responsables séparatistes, une attitude inacceptable. Ces semaines -ci, voilà Berlin et Madrid qui font l'actualité - et les frais, si l'on ose dire - d'une diplomatie marocaine proactive, ombrageuse parce que ce sont les fondamentaux du Royaume qui sont en cause, en l'occurrence sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Sur un autre registre, à noter que c'est cette même approche qui prévaut. Par exemple, à la suite de la crise des relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar, en juin 2017, le Maroc ne soutiendra pas le boycott décidé par Riyad contre Doha et veillera à une ligne de neutralité. La suite lui a donné raison...
Sur le Roi, pèse une ardente obligation. Il y a à ses yeux, me semble-t-il, une réalité transhistorique qu'on nommera peuple, nation, Maroc. I1 s'agit de veiller, dans un monde peu pacifique, à la préservation de la spécificité du Royaume. De sa liberté. Et de son identité. Une mission, qu'au plus fort des tournantes internationales, il lui faut accomplir debout. Il s'agit de défendre l'indépendance nationale, préserver l'intégrité territoriale si elle est mise en cause ou menacée. Plus encore : conforter et consolider l'influence et le rayonnement du Maroc. Dans cette même ligne, Mohamed VI prend en charge toute une doctrine qui est sienne, adossée à une certaine conception des relations internationales : celle de principes et de pratiques de coopération, de recherche de la paix et de la stabilité de bon voisinage.
Le seul guide : la raison d’Etat
Primauté de la raison d’Etat : voilà la grille de lecture. Le seul guide est- et doit être- les intérêts supérieurs. L'on vient d'en avoir une illustration historique avec la déclaration conjointe en date du 22 décembre 2020 entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël…
Bien des usages conventionnels de la diplomatie sont ainsi bousculés tant avec cet acte qu'en d'autres circonstances. Il y a là une vision, assurément, mais couplée à une forte dose de détermination, Le Roi ne minore pas la place et le rôle de la négociation : tant s'en faut. Il mesure qu'une action internationale ne peut que la privilégier. Son attitude a, logiquement, une préférence à l'égard de l'institutionnalisation de la négociation qu'incarnent les organisations régionales, continentales et internationales. Mais pour autant, il n'évacue pas le recours à l’action quand il estime que sont épuisées les possibilités du dialogue.
Un style, une personnalité, une culture, une éducation, une hérédité aussi, un messianisme d'Etat enfin : voilà sans doute l'alchimie de la diplomatie royale. Et puis le Maroc de 2021 a ses lettres de crédit auprès de la communauté internationale par les valeurs et les principes qui l'animent et le guident. Une politique étrangère servie de surcroît par de grands chantiers et des réformes continues dans la perspective d'un modèle de société moderniste, démocratique et solidaire.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur https://quid.ma