La question est vaste mais sans aucun jugement de valeur, il y a tout un débat autour du cachet marocain d'une chanson avec un label artistique certain.

Il n'y a pas longtemps, l'artiste Nouamane Lahlou avait jeté un véritable pavé dans la mare interpellant le ministère de la Culture et la SNRT quant à leur responsabilité par rapport à la qualité des chansons produites au Maroc en termes de paroles, de voix , et de composition.

Le célèbre chanteur, avec qui nous sommes complètement d'accord puisque sa démarche est absolument légitime justifie ses propos en argumentant qu'au Caire , tout candidat à la chanson doit d'abord passer une sorte d'examen de passage devant le jury de la Maison de la Radio et de la Télévision égyptienne pour avoir ou non l'aval de ce dernier.

Un aval qui vaut son pesant d'or puisque le chanteur y tient une reconnaissance officielle de son talent artistique puisqu'après toutes les maisons de production , tous les festivals et toutes les chaînes de télévision lui ouvrent leurs portes..

Il y a cinquante ou quarante ans, cela se faisait également du côté de la RTM , mais il faut dire que si le principe était bon la méthode n'était pas forcément toujours efficace.

La preuve , Feu Abdeslam Ameur avait été recalé avant de voir son talent artistique exploser par la suite à la face du Maroc de la chanson dont les maîtres - penseurs et les décideurs résidaient au siège de la Radio dans la capitale.

Sur YouTube , le talent se mesure aux nombres de vues qu'on peut très bien trafiquer d'ailleurs !

Aujourd'hui، n'importe qui chante n'importe quoi, enregistre n'importe comment, et cela même si YouTube peut révéler des talents d'une manière tout à fait relative car à notre époque le talent se mesure aux nombres de vues qu'on peut très bien trafiquer .

Il y a un besoin légitime et urgent de savoir quelle chanson marocaine nous voulons aujourd'hui et c'est aux véritables artistes de nous éclairer.

Ce qui est valable pour la chanson l'est également pour le cinéma sauf que le soutien financier de l'Etat pourrait courir le danger ou la menace d'une tutelle idéologique et politique subventionnée !

Il y a trente ans , suite à la vague de séries turques avec des acteurs et des comédiennes trop charmantes filmées dans des résidences de luxe et des décors de grand standing, le président égyptien avait décidé qu'il ne voulait plus de misérabilisme et encore moins de quartiers très pauvres dans les films égyptiens et ce sera chose faite.

Oui , certes le rôle du cinéaste est de montrer son pays tel qu'il est selon la réalité telle qu'il la voit , mais il y a toujours un moment où le producteur qui ramène son argent pèse et influence le réalisateur, décision politique ou pas ,

Comme dirait l'autre, tu veux faire ton cinéma, alors fais-le avec ton argent et pas celui du contribuable !

On ne le répétera jamais assez : la création artistique, c'est d'abord un débat intellectuel et puis une décision politique !

Par Hafid Fassi Fihri