L’Antarctique semblait jusqu’ à présent mieux résister au changement climatique que l’Arctique.
Mais, selon les observations d’un groupe de chercheurs, la banquise qui se forme sur une partie de l’océan Austral a atteint, en février – qui correspond à la fin de l’été dans l’hémisphère Sud –, son niveau le plus bas depuis quarante-quatre ans et le début de la collecte régulière d’informations.
Le cycle naturel de la banquise – la glace qui flotte sur l’océan – suppose qu’elle fonde l’été et se reforme l’hiver, des satellites enregistrant très précisément depuis 1978 les surfaces couvertes à chaque saison, d’année en année.
A long terme, la fonte est rapide au Groenland et dans l’Arctique, mais, à l’inverse, de l’autre côté du globe, dans l’Antarctique, la tendance était modestement à la hausse, malgré des variations annuelles et régionales importantes.
Le 25 février de cette année, la banquise antarctique a été mesurée à 1,9 million de kilomètres carrés, un chiffre à la baisse pour la première fois depuis le début des relevés, en 1978, rapporte l’étude d’un groupe de chercheurs principalement issus de l’université Sun Yat-sen, à Canton, en Chine, publiée, mardi 19 avril, dans un article de la revue Advances in Atmospheric Sciences.
Une vague de chaleur inédite
Cinq ans après un précédent record à la baisse à un peu plus de 2 millions de km2, en 2017, la surface couverte par la banquise est donc passée pour la première fois au-dessous de 2 millions de km2 ; c’est 30 % de moins que la moyenne calculée sur trois décennies, entre 1981 et 2010.
Cette étude confirme les observations du centre américain National Snow and Ice Data Center annoncées il y a quelques semaines, juste avant l’arrivée d’une vague de chaleur inédite dans l’est de l’Antarctique en mars.
Selon les auteurs de l’étude, la disparition de la banquise était totale au 25 février dans l’ouest de la mer d’Amundsen et dans l’est de la mer de Ross.
Plus généralement, elle a commencé à reculer plus tôt dans l’année, dès le début de septembre, et comparativement à 2017, elle a enregistré une récupération tardive, à la fin de février.
« Cercle vicieux »
La fonte est liée à « la thermodynamique », c’est-à-dire à l’influence des températures, mais aussi au mouvement des glaces vers le nord, à des latitudes moins polaires, et à une couche de glace plus fine sur le littoral de la mer d’Amundsen.
Les « anomalies » estivales ont été observées principalement dans la partie occidentale de l’Antarctique, plus vulnérable au changement climatique que la zone plus grande de l’Antarctique oriental.
L a fonte n’a pas d’impact sur le niveau de la mer, car la banquise se forme par congélation de l’eau salée. Mais une couverture moins importante est aussi source d’inquiétude.
Quand la surface blanche de la banquise, qui réfléchit l’énergie du soleil, est remplacée par la surface sombre de la mer, « il y a moins de réflexion de la chaleur et plus d’absorption », explique Qinghua Yang, l’un des coauteurs de l’étude, professeur à l’université Sun Yat-sen.
« Ce qui en retour fait fondre plus de glace, et produit plus d’absorption de chaleur, dans un cercle vicieux », décrit-il.
Avec AFP