Dix ans après le déclenchement du mal nommé ‘printemps arabe’, la Tunisie semble à nouveau plongée dans une grave crise politique, la confrontation entre la présidence et le parlement n’étant que la partie visible de l’iceberg.
La décision du président Kaïs Saïed de suspendre les travaux du parlement et révoquer le chef du gouvernement n’aurait pas pu être appliquée si ce dernier ne bénéficiait pas de l’appui des militaires et de l’appareil sécuritaire.
Kaïs Saïed s’est référé à l’article 80 de la constitution tunisienne, adoptée en 2015, pour mettre en veilleuse le parlement et démettre de ses fonctions le chef du gouvernement.
Néanmoins, cet ancien enseignant universitaire, juriste constitutionnaliste qui plus est, sait pertinemment que son argument est plutôt fragile.
La décision du président Kaïs Saïed de suspendre les travaux du parlement et révoquer le chef du gouvernement n’aurait pas pu être appliquée si ce dernier ne bénéficiait pas de l’appui des militaires et de l’appareil sécuritaire.
Kaïs Saïed s’est référé à l’article 80 de la constitution tunisienne, adoptée en 2015, pour mettre en veilleuse le parlement et démettre de ses fonctions le chef du gouvernement.
Néanmoins, cet ancien enseignant universitaire, juriste constitutionnaliste qui plus est, sait pertinemment que son argument est plutôt fragile.
Vers un régime présidentiel
A la lecture dudit article 80, qui permet au président de la République de Tunisie de « prendre les mesures qu’impose l’état d’exception », et ce « en cas de péril imminent menaçant l’intégrité nationale, la sécurité ou l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics », il n’est nulle part question de gel des activités du parlement, ni de révocation du chef du gouvernement.
Suite à cette décision, le président tunisien concentre désormais entre ses mains les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
De semi-parlementaire, le régime politique en Tunisie glisse donc vers le présidentiel, à l’exemple des Etats-Unis.
Suite à cette décision, le président tunisien concentre désormais entre ses mains les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
De semi-parlementaire, le régime politique en Tunisie glisse donc vers le présidentiel, à l’exemple des Etats-Unis.
Chute des islamistes
Il faut rappeler, cependant, que Kaïs Saïed a été élu au suffrage direct, en octobre 2019, par 72,7% des votants au 2ème tour du scrutin présidentiel. Son assise populaire solide lui confère, donc, une réelle légitimité.
Inversement, la chute de popularité du mouvement islamiste Ennahda, légalisé en 2011, qui a dirigé le premier gouvernement post-révolution puis participé aux suivants, fragilise la position de son leader historique et chef du parlement, Rachid Ghannouchi.
Ce dernier, considéré comme le plus machiavélique de tous les dirigeants islamistes du monde arabe, depuis le décès du soudanais Hassan Tourabi, n’a toutefois pas vu venir ce coup fatal. Les islamistes sont meilleurs pour prendre le pouvoir que pour le garder.
Car il est évident que le silence des capitales occidentales face à ce coup de force de Kaïs Saïed ne s’explique que par leur volonté de tourner définitivement la page des islamistes, qui ont partout échoué dans le monde arabe.
Inversement, la chute de popularité du mouvement islamiste Ennahda, légalisé en 2011, qui a dirigé le premier gouvernement post-révolution puis participé aux suivants, fragilise la position de son leader historique et chef du parlement, Rachid Ghannouchi.
Ce dernier, considéré comme le plus machiavélique de tous les dirigeants islamistes du monde arabe, depuis le décès du soudanais Hassan Tourabi, n’a toutefois pas vu venir ce coup fatal. Les islamistes sont meilleurs pour prendre le pouvoir que pour le garder.
Car il est évident que le silence des capitales occidentales face à ce coup de force de Kaïs Saïed ne s’explique que par leur volonté de tourner définitivement la page des islamistes, qui ont partout échoué dans le monde arabe.
Impact géopolitique
La Turquie et le Qatar ne vont sûrement pas apprécier de voir leurs poulains islamistes écartés du pouvoir en Tunisie, comme ils l’ont été en Egypte.
En fait, c’est toute la géopolitique maghrébine qui a été ainsi chamboulé.
Quel sera le sort du pouvoir dans l’Ouest de la Libye, maintenant qu’il a perdu son principal soutien en Tunisie ? Quand à l’Algérie, le sentiment de se retrouver cernée par des régimes politiques voisins favorables aux puissances occidentales doit donner des sueurs froides aux généraux.
A Rabat, la déchéance de Rachid Ghannouchi, qui s’est distingué par des prises de position anti-marocaines, ne va pas faire beaucoup de malheureux. Si ne sont ses ‘frères’ locaux partageant son obscurantiste idéologie, qui se savent promis très prochainement au même sort, mais à travers les urnes.
En fait, c’est toute la géopolitique maghrébine qui a été ainsi chamboulé.
Quel sera le sort du pouvoir dans l’Ouest de la Libye, maintenant qu’il a perdu son principal soutien en Tunisie ? Quand à l’Algérie, le sentiment de se retrouver cernée par des régimes politiques voisins favorables aux puissances occidentales doit donner des sueurs froides aux généraux.
A Rabat, la déchéance de Rachid Ghannouchi, qui s’est distingué par des prises de position anti-marocaines, ne va pas faire beaucoup de malheureux. Si ne sont ses ‘frères’ locaux partageant son obscurantiste idéologie, qui se savent promis très prochainement au même sort, mais à travers les urnes.