La proposition de Gabriel Zucman, bien que louable dans son intention, présente plusieurs lacunes et risques. D'une part, le taux de 2 % semble dérisoire face à l'ampleur des fortunes visées. Les ultra-riches, qui bénéficient déjà d'un taux d'imposition effectif de seulement 0,3 %, pourraient facilement absorber cette nouvelle taxe sans ressentir d'impact significatif. Selon Oxfam, une taxation de 8 % serait nécessaire pour réellement réduire leur fortune, rendant ainsi la proposition actuelle insuffisante pour atteindre ses objectifs de justice fiscale.

De plus, l'efficacité de cette taxe est mise en doute par plusieurs pays, notamment les États-Unis. Les mécanismes sophistiqués d'optimisation fiscale utilisés par les milliardaires rendent leur patrimoine difficile à cerner et à taxer efficacement. Ces stratégies incluent l'utilisation de paradis fiscaux et de structures complexes pour minimiser leurs obligations fiscales, ce qui pourrait réduire considérablement les recettes espérées. En conséquence, la mise en œuvre de cette taxe risque d'être plus coûteuse et complexe que prévu, avec un risque élevé de contournement et de litiges juridiques prolongés.

En outre, cette mesure pourrait avoir des effets pervers sur l'économie mondiale. La taxation accrue des ultra-riches pourrait inciter ces derniers à déplacer leurs actifs et leurs investissements vers des juridictions plus favorables, entraînant une fuite de capitaux et une réduction des investissements dans les pays ayant adopté cette taxe. Cette situation pourrait nuire à la croissance économique et à la création d'emplois, contredisant ainsi l'objectif initial de promouvoir une croissance équitable.

Enfin, l'adhésion partielle des pays membres du G20 à cette proposition pose un problème de coordination internationale. Sans une adoption globale et harmonisée, les disparités fiscales entre les pays pourraient s'accentuer, créant des déséquilibres économiques et exacerbant les inégalités mondiales. La réticence des grandes puissances économiques comme les États-Unis à soutenir cette mesure soulève des questions sur sa viabilité à long terme et sur la capacité de la communauté internationale à s'unir pour lutter contre les inégalités économiques.

Malgré les critiques, la proposition de Gabriel Zucman représente une avancée significative vers une plus grande justice fiscale et une réduction des inégalités. En taxant les patrimoines des ultra-riches à hauteur de 2 %, les gouvernements pourraient générer des revenus substantiels pour financer des projets d'intérêt public, tels que l'éducation, la santé et les infrastructures. Ces investissements pourraient stimuler la croissance économique et améliorer le bien-être général de la population, réduisant ainsi les disparités sociales.

L'idée de taxer les ultra-riches bénéficie également d'un soutien croissant de la part de plusieurs pays, notamment l'Espagne, la Belgique, la Colombie et l'Afrique du Sud. Ce soutien international démontre une prise de conscience collective de la nécessité de réformer les systèmes fiscaux pour les rendre plus équitables. La proposition de Zucman, en mettant en lumière les privilèges fiscaux des milliardaires, pousse les gouvernements à repenser leurs politiques fiscales et à adopter des mesures plus justes.

De plus, la taxation des ultra-riches pourrait avoir un effet dissuasif sur les comportements d'accumulation excessive de richesse. En réduisant les incitations à accumuler des fortunes colossales, cette taxe pourrait encourager une répartition plus équitable des ressources économiques et favoriser une croissance plus inclusive. Les recettes générées pourraient également être utilisées pour financer des programmes de lutte contre la pauvreté et pour promouvoir l'égalité des chances, contribuant ainsi à une société plus juste et plus équilibrée.

La proposition de Zucman s'inscrit également dans une tendance mondiale vers une plus grande transparence fiscale et une lutte accrue contre l'évasion fiscale. En instaurant une taxe sur les patrimoines des ultra-riches, les gouvernements envoient un signal fort contre les pratiques d'optimisation fiscale agressive et la dissimulation de richesses. Cette mesure pourrait encourager une plus grande coopération internationale en matière de fiscalité et renforcer les efforts pour combattre les paradis fiscaux.

Enfin, la taxe sur les milliardaires pourrait servir de modèle pour d'autres réformes fiscales à l'échelle mondiale. En démontrant qu'il est possible de taxer efficacement les ultra-riches et de générer des revenus importants pour le bien commun, cette initiative pourrait inspirer d'autres pays à adopter des mesures similaires. La mise en œuvre réussie de cette taxe pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les inégalités économiques et ouvrir la voie à une fiscalité plus équitable et plus juste.