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La Fin de la Ferraille ? Le Maroc en guerre contre les pièces Auto informelles


Rédigé par le Mardi 6 Août 2024

Le Maroc est à un tournant crucial dans sa lutte contre les pièces automobiles informelles et contrefaites. Cette bataille, menée par le ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique, vise à restructurer un secteur essentiel pour la sécurité routière et la santé économique du pays.



Salamatouna : Vers un marché des pièces Auto sans contrefaçon :

Alors que des initiatives comme la labellisation "Salamatouna" cherchent à garantir la qualité et la sécurité des pièces de rechange, l'arrivée de géants du recyclage automobile comme Indra Automobile au Maroc marque une étape décisive dans cette croisade.
L'Impact de l'Informel sur l'Économie et la Sécurité

La prolifération des pièces de rechange issues de la ferraille informelle et des contrefaçons constitue un défi majeur pour le Maroc. Estimée à plus de 700 millions de dirhams, cette économie parallèle non seulement érode les revenus fiscaux de l'État mais met également en péril la sécurité des conducteurs et des passagers. Les pièces contrefaites ou mal recyclées ne respectent souvent aucune norme de qualité, augmentant ainsi les risques d'accidents de la route.

Pour contrer ce phénomène, le ministère de l'Industrie a lancé en 2017 le système de labellisation "Salamatouna". Ce programme vise à certifier les pièces de rechange conformes aux normes marocaines, renforçant ainsi la confiance des consommateurs. Un an après son lancement, la remise des premiers labels "Salamatouna" à 17 entreprises a marqué un tournant dans la lutte contre les contrefaçons, ces entreprises représentant désormais 36 points de vente répertoriés sur la plateforme dédiée.

Indra au Maroc : David Contre Goliath dans le Recyclage Automobile :

L'arrivée d'Indra Automobile, le leader français du recyclage automobile, ajoute une dimension nouvelle à cette dynamique. Gagnant d'un appel d'offres pour la gestion des déchets de véhicules hors d'usage (VHU), Indra Automobile est en passe de redéfinir le paysage du recyclage automobile au Maroc. Basée à Villefontaine et détenue par Renault et Suez, l'entreprise gère un réseau de 350 centres de véhicules d'occasion et traite plus de 350 000 voitures par an avec un taux de récupération et de réutilisation supérieur à 95%.

Ce partenariat pourrait marquer la fin de la célèbre ferraille de Sbata à Casablanca, connue pour être un hub informel où se trouvent toutes sortes de pièces d'occasion. La popularité de ce lieu, bien que bénéfique pour les consommateurs à la recherche de pièces bon marché, pose de sérieux problèmes en termes de régulation et de sécurité.

La lutte contre les pièces automobiles contrefaites ne se limite pas à la labellisation et à l'arrivée de nouveaux acteurs industriels. Il s'agit également de renforcer les régulations et les contrôles. Le ministère de l'Industrie a intensifié ses efforts pour améliorer l'infrastructure qualité, produisant plus de 1100 normes marocaines en 2018 et révisant de nombreuses normes existantes.

L'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) joue un rôle crucial dans ce processus, facilitant la labellisation des entreprises en collaboration avec l'Institut marocain de normalisation (Imanor). Cette démarche assure la traçabilité et la conformité des pièces de rechange, garantissant ainsi leur qualité et leur sécurité.

La question se pose alors : l'introduction de pratiques formelles et réglementées peut-elle vraiment mettre fin au marché informel des pièces automobiles ? La réponse n'est pas simple. D'une part, la labellisation et la régulation améliorent la sécurité et la qualité des pièces disponibles sur le marché. D'autre part, le marché informel répond à un besoin économique pour de nombreux consommateurs marocains qui ne peuvent se permettre des pièces neuves et certifiées.

La transition vers un marché plus formel et réglementé présente plusieurs défis. Le premier est économique : les pièces de rechange neuves et certifiées coûtent plus cher que celles du marché informel. Pour que cette transition soit viable, il est crucial que les autorités trouvent un équilibre entre régulation et accessibilité économique.

Le deuxième défi est d'ordre logistique. La fermeture de lieux comme la ferraille de Sbata nécessite des alternatives viables pour les milliers de travailleurs qui dépendent de ce secteur. La formalisation du marché doit inclure des initiatives pour former et intégrer ces travailleurs dans le secteur formel, leur offrant ainsi des opportunités économiques durables.

En dépit de ces défis, l'avenir du marché des pièces de rechange automobiles au Maroc semble prometteur. Avec l'arrivée de géants du recyclage comme Indra Automobile et les efforts constants du ministère de l'Industrie, le Maroc est sur la bonne voie pour restructurer et sécuriser ce secteur crucial.

La collaboration avec des leaders du secteur, la mise en place de régulations strictes et la promotion de la qualité à travers des initiatives comme "Salamatouna" sont des étapes essentielles pour assurer la sécurité routière et la santé économique du pays. Cependant, il est impératif que cette transition se fasse de manière inclusive, tenant compte des réalités économiques des consommateurs et des travailleurs du secteur informel.
Conclusion

La croisade de l'État marocain contre les pièces automobiles informelles et contrefaites est un effort louable et nécessaire. En garantissant la qualité et la sécurité des pièces de rechange, en attirant des leaders mondiaux du recyclage et en renforçant les régulations, le Maroc s'engage sur la voie d'une transformation durable de son secteur automobile. Toutefois, pour que cette transformation soit véritablement réussie, elle doit être inclusive et équilibrée, répondant aux besoins économiques de tous les acteurs impliqués.
Deux Paragraphes de Chronique

La lutte contre les pièces automobiles informelles et contrefaites au Maroc, bien que nécessaire, semble être une croisade inachevée. En dépit des efforts louables du ministère de l'Industrie et de l'arrivée de géants du recyclage comme Indra Automobile, le marché informel persiste, alimenté par des besoins économiques réels. Les pièces neuves et certifiées, bien que de meilleure qualité, restent hors de portée pour de nombreux consommateurs marocains. La fermeture de lieux comme la ferraille de Sbata, sans alternatives viables pour les travailleurs, risque d'aggraver les problèmes économiques plutôt que de les résoudre. La question se pose : cette régulation est-elle réellement bénéfique pour tous, ou est-elle simplement une façade pour améliorer l'image du secteur ?

Malgré les défis, les efforts de l'État marocain pour réguler le marché des pièces automobiles représentent une transformation nécessaire et prometteuse. En garantissant la qualité et la sécurité des pièces de rechange, des initiatives comme "Salamatouna" et l'arrivée de leaders du recyclage comme Indra Automobile marquent des progrès significatifs. La régulation stricte, la certification des pièces et la promotion de la qualité contribuent à une meilleure sécurité routière et à la santé économique du pays. Bien que la transition présente des défis, notamment économiques, elle ouvre également des opportunités pour une industrie plus structurée et durable. En fin de compte, cette transformation pourrait bien être le catalyseur d'un secteur automobile marocain plus sûr et plus prospère.

Mots-Clés : pièces automobiles, ferraille, contrefaçon, Maroc, sécurité routière, Salamatouna, Indra Automobile, recyclage, réglementation, marché informel






Admin Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Mardi 6 Août 2024

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