Écouter le podcast en entier :
Par Aziz Boucetta
Que s’est-il donc produit ? Un examen national d’accès à la profession d’avocat, avec près de 80.000 candidats, et 2.000 reçus, mais dont les résultats auraient été tronqués, selon la vox populi. Aucune preuve de tripatouillage ou de baksahbisme des résultats n’est apportée, aucun fait établi, mais des suppositions fondées sur des noms de fils et de fille de… Cela peut certes être troublant mais le trouble n’est pas preuve ; la bonne foi du ministère est la règle mais la règle doit aussi, par moments, être établie.
Quelques remarques demeurent cependant… dans le fond d’abord.
1/ Comment cela se peut-il que sur 80.000 candidats, un peu plus de 2.000 seulement soient reçus ? On savait notre enseignement supérieur souffrant, mais là il est moribond, et il serait donc criminel de continuer de donner de faux espoirs à nos jeunes. Le ministre de la Justice Ouahbi a raison de rapporter le reproche de ce doyen anglosaxon qui lui a dit être « fou d’admettre de simples bacheliers à la faculté de droit », signifiant par là que les licenciés en droit au Maroc ne sont simplement pas à la hauteur. Ce ne sont plus des études de masse, mais un « crime » de masse, un coup de massue.
2/ Me Ouahbi affirme sa disponibilité à publier les copies des recalés à l’examen. Soit, mais qu’il publie alors toutes les copies, celles des admis et des admises comprises.
3/ La commission en charge de la supervision de l’examen (type QCM) est composée, selon le décret du ministère, d’un tas de monde, juges et fonctionnaires, mais sous la direction du secrétaire général du ministère, représentant du ministre, ce qui implique la responsabilité directe du ministre, qui doit donc rendre des comptes en cas de contestation. Et de contestation, il y en a, et même massive. Une enquête indépendante s’impose, car nous sommes tout de même face à un cas éminemment juridique, moral !
4/ Quels sont les droits d’accès à la profession d’avocat au Maroc ? Opacité totale… On dit que la somme à régler aux barreaux est différente selon les villes mais que cela tourne autour de 100.000 DH. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Ce qui est avéré, en revanche, est l’opacité. On voudrait ériger des barrières que l’on ne s’y prendrait pas autrement… La mobilité sociale et l’égalité des chances, ce sera pour...
une autre fois, ou dans un autre pays. Les fils et filles de… sont tout aussi citoyens et citoyennes que les autres, mais les autres sont aussi citoyens. Comme le disait à juste titre George Orwell, « les hommes naissent libres et égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres ».
Quelques remarques demeurent cependant… dans le fond d’abord.
1/ Comment cela se peut-il que sur 80.000 candidats, un peu plus de 2.000 seulement soient reçus ? On savait notre enseignement supérieur souffrant, mais là il est moribond, et il serait donc criminel de continuer de donner de faux espoirs à nos jeunes. Le ministre de la Justice Ouahbi a raison de rapporter le reproche de ce doyen anglosaxon qui lui a dit être « fou d’admettre de simples bacheliers à la faculté de droit », signifiant par là que les licenciés en droit au Maroc ne sont simplement pas à la hauteur. Ce ne sont plus des études de masse, mais un « crime » de masse, un coup de massue.
2/ Me Ouahbi affirme sa disponibilité à publier les copies des recalés à l’examen. Soit, mais qu’il publie alors toutes les copies, celles des admis et des admises comprises.
3/ La commission en charge de la supervision de l’examen (type QCM) est composée, selon le décret du ministère, d’un tas de monde, juges et fonctionnaires, mais sous la direction du secrétaire général du ministère, représentant du ministre, ce qui implique la responsabilité directe du ministre, qui doit donc rendre des comptes en cas de contestation. Et de contestation, il y en a, et même massive. Une enquête indépendante s’impose, car nous sommes tout de même face à un cas éminemment juridique, moral !
4/ Quels sont les droits d’accès à la profession d’avocat au Maroc ? Opacité totale… On dit que la somme à régler aux barreaux est différente selon les villes mais que cela tourne autour de 100.000 DH. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Ce qui est avéré, en revanche, est l’opacité. On voudrait ériger des barrières que l’on ne s’y prendrait pas autrement… La mobilité sociale et l’égalité des chances, ce sera pour...
une autre fois, ou dans un autre pays. Les fils et filles de… sont tout aussi citoyens et citoyennes que les autres, mais les autres sont aussi citoyens. Comme le disait à juste titre George Orwell, « les hommes naissent libres et égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres ».
Et il y a autre chose, la forme…
Me Ouahbi est un homme qui manque d’humilité ; il est pétri d’arrogance, de suffisance, et même d’insolence. Son problème est qu’il veut faire du Louafa ou du Benkirane mais sans en avoir l’étoffe, la carrure, et loin d’en avoir l’envergure.
C’est lui qui avait dit ceci, voici un an, à un délégué de la Culture médusé : « Je suis ministre de la justice, je m’occupe donc de sécurité. Toutes les institutions travaillent avec moi (…). Je connais donc tout sur toi. Même la couleur de tes chaussettes ». Me Ouahbi est l’homme qui dit tout et fait le contraire, comme quand il disait pis que pendre d’Aziz Akhannouch, affirmant la main sur le cœur qu’il n’entrerait au gouvernement que comme chef, avant d’accepter le département de la Justice… L’homme qui représente et « dirige » ce ministère en se présentant au parlement col ouvert et cravate à la Gainsboug…
L’homme qui a retiré le projet de Code pénal avant de l’oublier, qui l’a retiré des tiroirs pour le placer dans un mouroir… L’homme qui dit, avec morgue, que « [son] fils a étudié à Montréal parce que son père a les moyens de l’y envoyer », l’homme qui assène beaucoup de vérités à coups de « je », de « me » et de « moi », qui met étudiants, aspirants avocats, opinion publique et même les indifférents en émoi. La liste des offenses, des attaques et de la condescendance n’est pas exhaustive. N’est pas feu Mohamed Louafa ou Ssi Abdelilah Benkirane qui veut…
On en viendrait presque à louer le mutisme des autres ministres et de leur chef ; eux au moins sont taiseux et non offensants. Ils mènent leur petite barque, avec leur petit manteau, avec leur petit chapeau, avec leurs grosses autos, sans mépriser ni ouvertement ostraciser. Nous aurions pensé que ce pays mérite mieux. Fouzi Lekjaâ semble l’avoir compris pour le milieu du football, puisse Aziz Akhannouch lui emboîter le pas pour celui de la politique.
En quelques mots comme en cent, cet homme, Abdellatif Ouahbi, sur son ego perché et au-delà de l’affaire de l’examen d’accès à la profession d’avocat, ne semble pas à sa place au ministère de la Justice, qui requiert un personnage grave, sérieux, posé et réfléchi, en plus d’être conscient de sa fonction et consciencieux dans son exercice. L’opinion publique a besoin d’en être assurée et les investisseurs d’ici et d’ailleurs d’être rassurés.
Dans l’intervalle, 78.000 jeunes candidats à la profession d’avocat demeureront dans le doute, et le doute dope la volonté de s’exiler.
Rédigé par Aziz Boucetta sur PanoraPost
Me Ouahbi est un homme qui manque d’humilité ; il est pétri d’arrogance, de suffisance, et même d’insolence. Son problème est qu’il veut faire du Louafa ou du Benkirane mais sans en avoir l’étoffe, la carrure, et loin d’en avoir l’envergure.
C’est lui qui avait dit ceci, voici un an, à un délégué de la Culture médusé : « Je suis ministre de la justice, je m’occupe donc de sécurité. Toutes les institutions travaillent avec moi (…). Je connais donc tout sur toi. Même la couleur de tes chaussettes ». Me Ouahbi est l’homme qui dit tout et fait le contraire, comme quand il disait pis que pendre d’Aziz Akhannouch, affirmant la main sur le cœur qu’il n’entrerait au gouvernement que comme chef, avant d’accepter le département de la Justice… L’homme qui représente et « dirige » ce ministère en se présentant au parlement col ouvert et cravate à la Gainsboug…
L’homme qui a retiré le projet de Code pénal avant de l’oublier, qui l’a retiré des tiroirs pour le placer dans un mouroir… L’homme qui dit, avec morgue, que « [son] fils a étudié à Montréal parce que son père a les moyens de l’y envoyer », l’homme qui assène beaucoup de vérités à coups de « je », de « me » et de « moi », qui met étudiants, aspirants avocats, opinion publique et même les indifférents en émoi. La liste des offenses, des attaques et de la condescendance n’est pas exhaustive. N’est pas feu Mohamed Louafa ou Ssi Abdelilah Benkirane qui veut…
On en viendrait presque à louer le mutisme des autres ministres et de leur chef ; eux au moins sont taiseux et non offensants. Ils mènent leur petite barque, avec leur petit manteau, avec leur petit chapeau, avec leurs grosses autos, sans mépriser ni ouvertement ostraciser. Nous aurions pensé que ce pays mérite mieux. Fouzi Lekjaâ semble l’avoir compris pour le milieu du football, puisse Aziz Akhannouch lui emboîter le pas pour celui de la politique.
En quelques mots comme en cent, cet homme, Abdellatif Ouahbi, sur son ego perché et au-delà de l’affaire de l’examen d’accès à la profession d’avocat, ne semble pas à sa place au ministère de la Justice, qui requiert un personnage grave, sérieux, posé et réfléchi, en plus d’être conscient de sa fonction et consciencieux dans son exercice. L’opinion publique a besoin d’en être assurée et les investisseurs d’ici et d’ailleurs d’être rassurés.
Dans l’intervalle, 78.000 jeunes candidats à la profession d’avocat demeureront dans le doute, et le doute dope la volonté de s’exiler.
Rédigé par Aziz Boucetta sur PanoraPost