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L’incertitude joue les prolongations


Rédigé par le Mardi 4 Janvier 2022

Au-delà des conséquences socioéconomiques de la crise sanitaire, qui affiche déjà deux années au compteur, c’est surtout l’incertitude, que font régner la pandémie depuis son apparition et les tensions qui s’aggravent entre les grandes puissances, qui taraude les esprits.



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2022 verra-t-elle la fin de la pandémie Covid ou pas ? Y aurait-il un retour à la vie normale ou assistera-t-on l’apparition d’une nouvelle normalité, faite de mesures sanitaires restrictives banalisées et de QR codes généralisés à tous les aspects de la vie quotidienne ?

Ce sont des là des questions légitimes que de plus en plus de Marocains se posent, à l’instar du reste de la population humaine, mais auxquelles personne ne semble pouvoir apporter de réponses, ni ici, ni ailleurs sur la planète.

Nombre d’opérateurs économiques, qui dirigent de moyennes et petites entités, vous diront que chaque vague du Covid qui submerge l’humanité, chaque variant qui émerge quelque part sur le globe, se manifestent en dégradation de la viabilité de leurs activités.

Ce n’est tout simplement pas tenable, à terme, pas plus que la capacité d’endettement extérieur public pour continuer à maintenir quelque peu à flot une économie qui navigue dans le brouillard, sans la moindre visibilité.

Grands jeux et graves périls

Comme pour conforter l’impression que l’humanité vit une époque frappée du sceau de l’incertitude, les relations internationales ne sont pas en reste à ce sujet.

Il s’est profilé, au cours des dernières années, un triangle ‘crisique’, dont les sommets sont l’Ukraine, Taïwan et l’Iran.

Aussi éloignés que soient ces théâtres de confrontation entre les pays occidentaux, menés par les Etats-Unis, et la Russie, la Chine et l’Iran, ils n’en sont pas moins étroitement liés.

Car la dynamique qui alimente cette triple crise internationale se résume en une bataille de normes.
 
Soit l’ordre mondial va continuer à être régi par les ‘règles’ édictées par les Etats-Unis, qui s’accroche désespérément à un statut d’unique superpuissance, l’hyper-puissance planétaire, qu’elle peine à admettre lui avoir déjà échappé.

Bras de fer existentiel

Soit la Russie, la Chine et l’Iran parviendront à faire accepter aux Etats-Unis les lignes rouges qu’ils ont tracés en périmètre de leurs souverainetés.

Une option, qui, si elle venait à se réaliser, signifierait la fin de l’hégémonie américaine et la prépondérance d’un nouvel ordre international multipolaire.

Le fait qu’aucun des protagonistes de ce multiple affrontement géostratégique n’est prêt de reculer d’un pouce sur ses positions est le véritable sujet d’inquiétudes.

L’Ukraine veut adhérer à l’Otan et reprendre manu militari le contrôle des républiques séparatistes du Donbass, Donetsk et Lougansk, ce que la Russie ne laissera jamais faire.

Le récent entretien téléphonique, jeudi 30 décembre, entre les présidents américain, Joe Biden, et russe, Vladimir Poutine, n’a généré aucune baisse de tension à ce sujet. Bien au contraire.

Le réveil du dragon

Pas plus n’est rassurante la déclaration faite le même jour par le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, menaçant les Etats-Unis d’avoir à payer « un prix insupportable » s’ils venaient à soutenir les ambitions de Taïwan à l’indépendance.

Dans les deux cas, Taïwan et Ukraine, les Etats-Unis ont promis leur aide à ces pays s’ils venaient à faire l’objet d’actes d’agression militaires de la part de la Chine et la Russie.

Ce faisant, Washington pousse, tout simplement, Pékin et Moscou à consolider encore plus leur alliance stratégique.


Foyers de tensions synchrones

C’est l’exact contraire de la politique prônée antérieurement par Henry Kissinger, pour qui les Etats-Unis ne peuvent régner sans parvenir à diviser et opposer Chine et Russie.

Le vieux renard de la géopolitique ne s’y était pas trompé, puisque les Etats-Unis se trouvent actuellement dans une situation ou ils ne pourraient affronter militairement Chine et Russie en même temps, à proximité de leurs frontières.

L’ajustement des positions de Moscou et Pékin promet une réaction synchronisée si l’un des deux partenaires stratégique venait à affronter les Etats-Unis.

Il va sans dire que dans un tel contexte international, l’Iran joue sur du velours dans ses négociations sur un retour à l’accord nucléaire avec les pays occidentaux.

Contournement des sanctions

Grâce à l’accord de coopération stratégique de 25 ans signé le 27 mars 2021 avec la Chine, l’Iran dispose désormais d’alternatives lui permettant de contourner partiellement les sanctions américaines.

La récente adhésion de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai va la sortir de fait de son isolement sur la scène internationale.

Israël aura beau menacer l’Iran de frappes ‘préventives’ contre ses installations nucléaires, même les pays du Golf, foncièrement anti-iraniens, savent qu’il n’en sera rien et se comportent déjà en conséquence.

Comparativement à ce ‘Grand Jeu’ géopolitique qui s’étend du cœur de l’Eurasie au Moyen Orient en bifurquant par l’océan pacifique, la partie qui se joue en Méditerranée occidentale paraît plus modeste, mais n’en est pas moins extrêmement importante pour les Marocains.

Nouveaux acteurs

Il est loin le temps paisible ou le nombre des joueurs se limitait à 5+5 (les 5 pays du Maghreb, Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye + les 5 pays européens de la rive nord de la Méditerranée occidentale, Espagne, Portugal, France, Italie et Malte), avec les Etats-Unis et la Russie qui surveillent la partie de loin.

Il faut désormais aussi compter avec de nouveaux acteurs, ayant leurs propres ambitions géopolitiques, à savoir la Turquie, l’Iran et Israël.

Ankara s’accroche à la Libye bec et ongles pour s’assurer du tracé des frontières maritimes et de sa part du gaz en Méditerranée orientale.

Téhéran tente de s’infiltrer partout ou elle le peut en Afrique du nord, sauf que la finesse diplomatique persane, une fois déployée dans les pays musulmans fondamentalement sunnites de la région, tient plutôt de l’éléphant dans un magasin de porcelaine.

L’aveugle et le boiteux

Les Algériens ne tiennent pas les Iraniens en haute estime, mais la junte militaire du pays voisin serait prête à s’allier au diable dans le seul but de nuire au Maroc.

Les Iraniens ne sont pas bêtes et savent qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté au Maghreb, mais sont prêts à exploiter n’importe quelle opportunité pour s’y implanter.

Le plus probable est que la Russie ne va pas rester inactive, dans le sens ou Moscou considère l’Algérie comme sa chasse gardée et ne voit d’un bon œil l’implantation ni de l’Iran, ni d’Israël dans cette partie du monde.

Le scénario idéal pour le Maroc serait que toutes ces forces se neutralisent mutuellement, pendant qu’il poursuit son bonhomme de chemin vers la suppression diplomatique du polisario et la poursuite de son développement économique.

Pour l’instant, les contextes régional et international sont mouvants et tout le monde est dans l’expectative. C’est le règne de l’incertitude. Une simple variation ‘epsilon’ peut tout faire basculer.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 4 Janvier 2022

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