L'immigration irrégulière des sportifs, le revers de la médaille


Rédigé par le Vendredi 2 Septembre 2022

Depuis plusieurs années, plusieurs sportifs se tournent vers l'immigration clandestine. Il s'agit d'un phénomène qui en dit long sur la situation du sport au Royaume.



Reda El Bouyahyaoui, Ilias Belemlih et Mohamed Abou Hamada, trois boxeurs marocains ont disparu dans la nature, en avril dernier, alors qu'ils devaient participer aux championnats du monde junior en Pologne.  Le footballeur Hicham Kellouch, ancien international dans les catégories des jeunes a choisi lui aussi, le Hrig, en 2019, et ce, dans une embarcation de fortune qui se dirige vers l'Europe. Notons aussi la vidéo du champion marocain de Taekwondo, Anouar Boukharsa, qui a fait la toile dans la même année, ce dernier s'est filmé traversant le large à bord du même type d'embarcation et jette ses médailles à la mer.

En 2018, la footballeuse marocaine, Meryem Bouhid, qui profitait d'un tournoi en Espagne pour d'évaporer. Un mois plus tard, elle a été suivie par un autre joueur de football, Ali Hababa, le capitaine des Espoirs de l'Olympique de Safi qui a voyagé à bord d'une embarcation. Sans oublier le destin tragique du jeune Ayoub Moubarak, le triple champion du Maroc de Kick-boxing, qui a 21 ans seulement et a perdu la vie en essayant de rejoindre clandestinement la rive espagnole.

L'immigration clandestine des sportifs est montée en flèche depuis 2018, et tout ces exemples que nous venons de citer ne sont que des cas parmi beaucoup d'autres. Ce sont des sportifs qui ont choisi l'Europe pour un meilleur avenir. Certains parmi eux y sont parvenus et d'autres y ont laissé la vie. Ils étaient tous motivés par un seul objectif : Un avenir meilleur pour eux et leur famille. 

La question qui se compose c'est comment des personnes avec autant de talent, avec des médailles et des victoires en sont arrivés au point d'immigrer clandestinement ? Comment des sportifs de haut niveau ont-ils pu prendre de tels risques ?

Pour eux, le désespoir était tellement grand qu'ils ont choisi de tenter leur chance dans un autre pays. Pour eux, ce pays va leur offrir peut-être ce que le leur ne leur a pas donné. Car, disons-le, le fait qu'un sportif de haut niveau pense immigrer clandestinement, et mettre sa vie en danger, il doit être dans une situation très précaire. Ce qui est le cas, dans une de ses déclarations, Anouar Boukharsa a affirmé : "J'ai subi toutes sortes d'injustices, au point que je me suis dit que mon parcours sportif ne servait plus à rien" . C'est un triste constat mais malheureusement, il est vrai. Plusieurs sportifs qui, malgré des victoires et beaucoup de potentiel, ne trouvent ni soutien ni aide de la part des instances sportives. Et si certains ont la chance d'être "légalement" recrutées par d'autres pays, les moins chanceux n'ont de recours que l'immigration clandestine pour de meilleures opportunités.

Sachant bien que cette situation est très révélatrice de l'état du sport et des sportifs au Maroc. L'immigration clandestine en soi est grave, mais l'immigration de sportifs de haut niveau l'est encore plus. Vous savez pourquoi ? Car se sont des sportifs de haut niveau. Des personnes porteuses de valeurs ajoutées. Ce sont des personnes qui s'ils sont soutenues, elles pourraient apporter beaucoup au pays, et ce sur tous les plans. Quand des personnes comme ça se tournent vers l'immigration clandestine, c'est qu'il y a une réelle faille au niveau de l'institution sportive nationale. Mais malheureusement, il semble que les instances ne soient pas encore conscientes de cela...
 




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 2 Septembre 2022
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