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L’hygiène menstruelle des filles, un tabou qui peut pousser au décrochage scolaire


le Samedi 29 Mai 2021

Une année supplémentaire d’enseignement secondaire est associée à une réduction de 6% du mariage des mineures

En marge de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle, UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population et le Projet SOAR ont organisé le premier séminaire national sous le thème : « Les droits et le bien-être des adolescentes et des jeunes filles dans les politiques publiques au Maroc ».
Cette journée cible les filles en âge d’être scolarisées, pour tout ce qui est sensibilisation et échanges sur l’amélioration de la gestion de l’hygiène menstruelle, une problématique qui rentre dans le cadre de l’accès à l’éducation et aux services de santé. Elle a pour objectif de « lancer une action conjointe avec le projet SOAR et les différents partenaires, afin de briser les obstacles qui empêchent des millions d’adolescentes de jouir pleinement de leurs droits, et leur assurer un passage sain de l’enfance à l’âge adulte », comme spécifié par le Représentant de UNFPA au Maroc. Sachant qu’il y a un manque d’accès aux produits abordables et en informations, relatifs à l'hygiène menstruelle, ce qui constitue une menace à la santé et à l'éducation des adolescentes marocaines », comme déclaré par Maryam Montague, Fondatrice et Directrice Exécutive du Project Soar.



Le 28 mai, commémoratif de cette journée instaurée en 2014, est une date bien pensée puisque le 28 représente  le cycle normal ou durée moyenne du cycle menstruel, et le 5, c’est la moyenne des jours que durent les règles. Cette journée célèbre aussi la santé des femmes.

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 66% des filles en Afrique ne disposent pas d’une bonne information sur la menstruation avant d’être confrontées à leurs premières règles, ce qui rend l’expérience négative, et parfois traumatisante. La même source indique qu’une fille sur dix s’absente de l’école les jours des règles.

Seulement a-t-on idée aussi d’écoles où il n’y a pas de toilettes spécifiques pour filles dans les régions enclavées ou même en périphérie des villes ? D’où l’intérêt d’améliorer les infrastructures en milieu scolaire.

Cela devient une condition clé, pour les adolescentes et les jeunes, surtout dans les régions enclavées et précaires, pour qu’elles puissent réaliser leurs potentiels et contribuer au développement équitable et durable du pays. Quoique le phénomène des menstruations soit biologique, sain et normal, il est mal compris et stigmatisé dans le monde entier. Seulement, c’est une question de dignité et bien-être.

Les jeunes filles qui représentent 33% de la population marocaine ont besoin de politiques publiques spécifiques

Lors du séminaire de réflexion sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour les femmes et les filles, M. Luis Mora, Représentant de l’UNFPA au Maroc a parlé du rapport du nouveau modèle de développement lequel optimise un Maroc en 2035 démocratique et où tous et toutes puissent être en capacité de prendre en main leurs devenirs. Mais aussi, de vivre dans la dignité au sein d’une société ouverte, juste et équitable. Cette ambition devient un référentiel pour le développement du Maroc. D’ailleurs, comme spécifié par M. Mora, la discussion du séminaire est dans le même sens : assurer des services de santé de qualité et une protection sanitaire, garantir l’autonomisation des femmes, favoriser leur inclusion et leur épanouissement dans tous les domaines de développement, en prenant en compte l’égalité entre les sexes.

Les jeunes filles représentent 33% de la population marocaine, un pourcentage en hausse, selon les projections démographiques de 2045. Les besoins des jeunes devraient être à la base des décisions des politiques publiques. Elles sont parfois confrontées à des situations contraignantes, à des discriminations, stigmatisations et exclusions, en comparaison à leurs frères ou collègues.

Au niveau mondial, les principales causes de mortalité chez les jeunes filles, prouvées par des recherches scientifiques, sont liées à leur santé reproductive et mentale, elle-même en relation avec des situations auxquelles elles devaient faire face, ou à des défis parfois insurmontables.

Parmi les événements traumatisants vécus par les jeunes adolescentes, selon leurs témoignages, c’est le passage entre l’enfance et la puberté. Cette transition est significative à tous les niveaux. Les filles n’ont pas accès à l’information, à l’éducation et aux services de  santé. Elles quittent parfois l’école à cause de la stigmatisation, surtout au regard de la gent masculine.

Le but du séminaire est d’entamer une réflexion sur la manière de placer les droits et les besoins des jeunes filles au cœur des politiques publiques au Maroc. Les avancées et les progrès au Maroc sont impressionnants dans beaucoup de domaines. L’intérêt est d’appuyer, dans le cadre du nouveau modèle de développement, certains choix stratégiques pour qu’une population clé pour l’avenir du Maroc, particulièrement les jeunes filles, puisse s’épanouir et de contribuer au développement du pays.

L’absence d’un lieu sécurisé contribue à l’abandon scolaire et au mariage des mineurs

Pour Mme Amina Bouayach, Présidente du CNDH, l’hygiène menstruelle revêt une grande importance pour les droits des femmes et des filles. Les problématiques auxquelles sont confrontées les jeunes filles, face à un hémicycle peu réceptif, sont souvent passées sous silence de par le monde. C’est un sujet privé et tabou. D’où l’importance de faire évoluer les mentalités d’appropriation de ces préoccupations et de faire face à la discrimination envers les femmes et les filles. C’est un sujet transversal, inclusif et intégré. Cette question interpelle les acteurs institutionnels et ceux des droits de l’Homme et des droits des femmes et des filles. Des millions de femmes sont parfois obligées de gérer cette phase de transition entre l’enfance et la puberté dans une situation d’urgence, sans infrastructures, sans accès aux produits hygiéniques faute à la précarité, sans soutien social ou psychologique, ni même  d’explication ou d’accompagnement. Ce sont les mères qui prennent en charge ce volet alors que c’est le rôle aussi des systèmes de santé et de l’éducation.

La pandémie a reconfirmé une réalité importante, c’est que les défis des menstruations, évidences biologiques et humaines des femmes et des jeunes filles, se sont aggravés : accès limité aux produits hygiéniques, aux espaces d’intimité et confinement dans des logements indécents.

Le CNDH a relevé qu’en l’absence d’un lieu sécurisé ainsi que le manque de médicaments pour traiter la douleur contribuent à l’abandon scolaire et induisent aux pratiques discriminatoires dont la plus saillante est le mariage des mineurs. Le CNDH essaie d’abolir toutes les mesures qui peuvent pousser au mariage des mineurs.

Le décrochage scolaire coûte aux pays entre 15 000 et 30 000 millions de dollars en perte de productivité et de revenus à vie

Pour Mme Maryam Montague, Fondatrice et Directrice exécutive  de l’organisation du Projet SOAR, les filles du projet SOAR vivent avec moins de 10 dhs par jour. Elles ne peuvent pas aller à l’école parce que les parents n’ont pas les moyens d’acheter les produits dont elles ont besoin. Cette question biologique s’ajoute aux autres problèmes liés au décrochage de l’école dont le mariage des mineures.

Les études montrent que le décrochage secondaire coûte aux pays entre 15 000 et 30 000 millions de dollars en perte de productivité et de revenus à vie. Aussi, selon la Banque Mondiale, les femmes qui ont fait des études secondaires gagnent 2 fois plus que celles privées d’éducation. Aussi, chaque année supplémentaire d’enseignement secondaire est associée à une réduction du mariage des mineures de 6% en moyenne.
 






Samedi 29 Mai 2021

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