L'escalade d'Alger vu par i24news


Rédigé par le Mardi 9 Novembre 2021

Dans un édito de Cyril Amar intitulé " le jeu dangereux de l'Algérie" , i24news s'intéresse à l'interminable et vertigineuse escalade du régime algérien contre le Maroc .



 
Chronologie d’une escalade

De plus en plus isolée en interne et à l'international, l'Algérie multiplie les hostilités envers le Maroc. 
 
Il ne se passe plus une semaine sans que l'Algérie ne pointe un doigt accusateur envers son voisin marocain. Après l'avoir privé de gaz juste avant l'hiver, voilà qu' Alger accuse à présent Rabat, sans la moindre preuve, d'avoir tué trois de ses ressortissants dans la région du Sahara, le territoire au cœur des vives tensions entre les deux frères ennemis du Maghreb.
 
Il y a rarement, en géopolitique, de hasard de calendrier. Et même si la relation entre Alger et Rabat n'a jamais été un long fleuve tranquille, la crise actuelle coïncide étrangement avec la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la reconnaissance par Washington de la "marocanité" du Sahara. Un accord tripartite qu'Alger fulmine en dénonçant "l’arrivée de l’entité sioniste" à ses frontières.
 
Depuis, ses agressions ne cessent de défier les limites du rationnel. A l'été 2021, Alger accuse explicitement le Maroc d’être derrière les feux de forêt en Kabylie, une région dont Rabat est accusé dans la foulée de soutenir le séparatisme. 
 
Le 13 août 2021, en visite à Rabat, le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, se dit "inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine". 
 
Dix jours plus tard, Alger annonce la rupture de ses relations avec le Maroc et enfonce le clou, un mois plus tard, en décrétant la fermeture "immédiate" de son espace aérien à tous les avions marocains. Le 31 octobre, l'Algérie décide de ne pas reconduire le contrat du gazoduc GME (Gaz Maghreb Europe) qui depuis un quart de siècle, alimente via le Maroc, l'Espagne et le Portugal en gaz algérien. En fermant le robinet, c'est aussi le symbole de l'entente maghrébine et la promesse de prospérité pour ses habitants que le régime algérien choisit d'assécher.  
 
 

Avec cette mesure d'une rare violence (elle vise directement les foyers marocains leur promettant des nuits fraîches en plein hiver, même si le Maroc dispose de sources énergétiques alternatives), on pensait avoir atteint le paroxysme. On avait tort. Deux jours après, Alger annonce la mort de trois de ses ressortissants au Sahara, dans un bombardement attribué au Maroc. 
Et qu'importe les démentis de l'armée mauritanienne et de la mission de l'ONU, les "Fake news" de l'Etat algérien résistent à la vérité dès lors qu'il s'agit de faire diversion.
 
Les raisons de la colère
 
Car toutes ces accusations mensongères visant à se construire un ennemi, fusse-t-il marocain ou français, reflètent avant tout le désarroi actuel du régime algérien et sa dangereuse fuite en avant. Les défis sont de taille. 
 
Economique d'abord. 
 
L’économie algérienne doit faire face, depuis 2014, à la chute des cours des hydrocarbures. Or ses revenus proviennent principalement de leur exportation (94,5 % des exportations).
 
Une situation qui rend impérative la diversification de l’économie algérienne, mais contrairement aux Emirats arabes unis, qui ont fait le pari de la modernisation et des hautes technologies (en courtisant notamment l'expertise israélienne), l'Algérie souffre encore d'un système quasi-soviétique. En 2019, le déficit budgétaire a atteint 9 % du PIB, avec une croissance à 0,7 %.
 
Aux difficultés économiques s'ajoute le divorce entre le régime et ses citoyens. La junte militaire au pouvoir a perdu à leurs yeux toute crédibilité et les millions de voix du Hirak résonnent encore pour dénoncer un régime sclérosé, 60 ans après l'indépendance de l'Algérie.
 
De toutes ces diversions recherchées, c'est sans doute la cuisante défaite diplomatique face au Maroc qu'Alger cherche à dissimuler. Car depuis la reconnaissance américaine, le sable du Sahara coule inexorablement entre les doigts des dirigeants algériens. 
 
Un "échec et mat" qui rend fou de rage un régime qui depuis plus d'un demi siècle arme et finance les séparatistes du Polisario alors que l'option autonome proposée par le Maroc séduit de plus en plus la communauté internationale. 
 
Alger, championne du nationalisme arabe, devrait également revoir son logiciel quand d'Amman au Caire, d'Abou Dhabi à Manama, le monde arabe sunnite choisit la proximité avec Israël sans pour autant abandonner le frère palestinien.  
 
Rien n'est plus dangereux qu'une bête blessée. En multipliant les provocations, l'Algérie prépare incontestablement son opinion publique à une confrontation militaire avec le Maroc. Le potentiel d'une déflagration entre les deux premiers importateurs d'armes du continent africain a de quoi inquiéter.
 
 La communauté internationale doit absolument sortir de sa torpeur pour appeler l'Algérie à la désescalade. Avant qu'il ne soit trop tard. 




Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
Mardi 9 Novembre 2021
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