Par Aziz Boucetta
Au Maroc, on le sait, nous n’avons pas la culture sondagière, pour savoir ce que pensent les gens sur telle politique ou tel politique. Mais nous avons le Haut-commissariat au Plan qui, en sursis de mutation, donne parfois des clichés assez parlants de notre société. Le dernier en date montre que les Marocains ont un moral en berne, voire en lambeaux.
Que dit cette enquête du HCP ? Globalement, un pessimisme ambiant. Ainsi, 3 ménages sur 4 considèrent que leurs conditions de vie se sont dégradées lors des trois premiers mois de 2022 et près de 9 sur 10 pensent que le chômage qui a augmenté augmentera encore dans les 12 mois à venir. Et puis, très inquiétant pour la consommation, plus de 75% de ces ménages enquêtés estiment que ce n’est vraiment pas le moment d’acheter des biens durables (voiture, matériels électroménagers…), contre seulement 10% qui pensent pouvoir faire leurs achats d’équipements.
Et là, encore plus inquiétant, flirtant même avec le dangereux, ils sont pratiquement unanimes, nos ménages, à prédire une persistance des prix des produits alimentaires à s’envoler.
Il est vrai que la morosité ambiante a commencé avec la crise Covid, quand les gens ne travaillaient plus, que les variants succédaient à d’autres variants, que les médecins disaient tout et son contraire, et que le gouvernement d’alors tentait tant bien que mal de contenir les choses. Puis il y a eu les élections, la formation d’un nouveau gouvernement (si, si, c’était en octobre dernier) et la guerre en Ukraine.
Difficile, avec tout cela, de voir la vie en rose… et le résultat est à l’avenant. Si l’on considère les courbes de l’évolution passée et future du niveau de vie, on relève qu’il y a eu un sursaut d’optimisme au début 2021, quand les vaccins ont afflué et les quand les professionnels de la santé disaient un peu moins n’importe quoi.
Puis une petite embellie au 4ème trimestre, après les élections et la formation du gouvernement, mais vraiment petite et courte, l’embellie, avant de connaître une embolie, quand quelque chose a commencé à coincer dans la bonne marche des choses. Il est vrai que fermer le pays alors que tous les autres ouvraient n’était pas un choix particulièrement inspiré.
Sans vouloir davantage plomber l’ambiance, on pourrait prévoir ceci : alors que le royaume commence à peine à compter ses abattis suite au Covid, on démarre déjà une autre crise… L’armée russe a certes réussi à faire reculer le virus, mais elle causera plus de dégâts, énergétiques et alimentaires surtout. Et quand, en outre, le ciel fait ses caprices et se retient de pleurer, ce sera aux populations de le faire.
Et puisque cette enquête de conjoncture sur les ménages montre que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ainsi que dans le plus beau pays du monde, il appartient à ceux qui sont en responsabilité de montrer qu’ils sont véritablement… responsables. Et que nous méritons vraiment mieux, en rappel à un slogan électoral qui ne semble avoir engagé que ceux qui ont bien voulu y croire.
Du temps du Covid, il y avait un comité de veille, mais il y avait surtout de la vérité, de la sincérité, même rude. Quand les gens mourraient, on le disait, et quand cela allait mieux, on le disait aussi en conseillant le maintien de la vigilance. Tout le monde, et c’est très important, savait le gouvernement sur le pont et par mauvais temps. Aujourd’hui, le temps est encore plus mauvais, mais les gouvernants disent qu’il n’y a rien à faire, que c’est comme cela et que, inchallah, ça ira mieux. Un jour.
Le problème n’est pas toujours dans la crise elle-même, mais dans la manière dont elle est gérée. Et les chiffres et courbes du HCP pourraient valoir sondage, sur la confiance accordée au gouvernement pour éviter à l’attelage Maroc de verser dans le fossé.
Et c’est aussi l’occasion d’instaurer une culture du sondage dans le royaume, afin que les politiques aient un cliché sur le moral des ménages, celui des entreprises, la popularité des dirigeants ou la confiance qui leur est accordée. Certes, trop de sondages tue les sondages, mais trop peu ou pas favorise les dérapages, sans compter qu’un sondage mauvais contraint les politiques à s’exprimer, puis à se surpasser.
Mais, face aux inquiétudes citoyennes puis aux attentes des électeurs, les politiques sont-ils prêts à sauter le pas de la « normalisation » des sondages ?
Que dit cette enquête du HCP ? Globalement, un pessimisme ambiant. Ainsi, 3 ménages sur 4 considèrent que leurs conditions de vie se sont dégradées lors des trois premiers mois de 2022 et près de 9 sur 10 pensent que le chômage qui a augmenté augmentera encore dans les 12 mois à venir. Et puis, très inquiétant pour la consommation, plus de 75% de ces ménages enquêtés estiment que ce n’est vraiment pas le moment d’acheter des biens durables (voiture, matériels électroménagers…), contre seulement 10% qui pensent pouvoir faire leurs achats d’équipements.
Et là, encore plus inquiétant, flirtant même avec le dangereux, ils sont pratiquement unanimes, nos ménages, à prédire une persistance des prix des produits alimentaires à s’envoler.
Il est vrai que la morosité ambiante a commencé avec la crise Covid, quand les gens ne travaillaient plus, que les variants succédaient à d’autres variants, que les médecins disaient tout et son contraire, et que le gouvernement d’alors tentait tant bien que mal de contenir les choses. Puis il y a eu les élections, la formation d’un nouveau gouvernement (si, si, c’était en octobre dernier) et la guerre en Ukraine.
Difficile, avec tout cela, de voir la vie en rose… et le résultat est à l’avenant. Si l’on considère les courbes de l’évolution passée et future du niveau de vie, on relève qu’il y a eu un sursaut d’optimisme au début 2021, quand les vaccins ont afflué et les quand les professionnels de la santé disaient un peu moins n’importe quoi.
Puis une petite embellie au 4ème trimestre, après les élections et la formation du gouvernement, mais vraiment petite et courte, l’embellie, avant de connaître une embolie, quand quelque chose a commencé à coincer dans la bonne marche des choses. Il est vrai que fermer le pays alors que tous les autres ouvraient n’était pas un choix particulièrement inspiré.
Sans vouloir davantage plomber l’ambiance, on pourrait prévoir ceci : alors que le royaume commence à peine à compter ses abattis suite au Covid, on démarre déjà une autre crise… L’armée russe a certes réussi à faire reculer le virus, mais elle causera plus de dégâts, énergétiques et alimentaires surtout. Et quand, en outre, le ciel fait ses caprices et se retient de pleurer, ce sera aux populations de le faire.
Et puisque cette enquête de conjoncture sur les ménages montre que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ainsi que dans le plus beau pays du monde, il appartient à ceux qui sont en responsabilité de montrer qu’ils sont véritablement… responsables. Et que nous méritons vraiment mieux, en rappel à un slogan électoral qui ne semble avoir engagé que ceux qui ont bien voulu y croire.
Du temps du Covid, il y avait un comité de veille, mais il y avait surtout de la vérité, de la sincérité, même rude. Quand les gens mourraient, on le disait, et quand cela allait mieux, on le disait aussi en conseillant le maintien de la vigilance. Tout le monde, et c’est très important, savait le gouvernement sur le pont et par mauvais temps. Aujourd’hui, le temps est encore plus mauvais, mais les gouvernants disent qu’il n’y a rien à faire, que c’est comme cela et que, inchallah, ça ira mieux. Un jour.
Le problème n’est pas toujours dans la crise elle-même, mais dans la manière dont elle est gérée. Et les chiffres et courbes du HCP pourraient valoir sondage, sur la confiance accordée au gouvernement pour éviter à l’attelage Maroc de verser dans le fossé.
Et c’est aussi l’occasion d’instaurer une culture du sondage dans le royaume, afin que les politiques aient un cliché sur le moral des ménages, celui des entreprises, la popularité des dirigeants ou la confiance qui leur est accordée. Certes, trop de sondages tue les sondages, mais trop peu ou pas favorise les dérapages, sans compter qu’un sondage mauvais contraint les politiques à s’exprimer, puis à se surpasser.
Mais, face aux inquiétudes citoyennes puis aux attentes des électeurs, les politiques sont-ils prêts à sauter le pas de la « normalisation » des sondages ?
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post