L'économie du savoir traditionnel des femmes marocaines


Rédigé par La Rédaction le Lundi 8 Avril 2024

L'économie marocaine, riche de sa diversité culturelle et de ses traditions ancestrales, peut aller vers plus de croissance économique inclusive et durable en investissant dans l'économie du savoir traditionnel des femmes marocaines



Au cœur de cette richesse, les savoirs traditionnels détenus par les femmes marocaines représentent un potentiel économique immense, souvent sous-estimé. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le Maroc dispose d'un vivier de 242 000 emplois potentiels liés à ces savoirs. Pourtant, l'intégration de ces femmes dans le tissu économique reste marginale, limitant ainsi les opportunités de développement durable et inclusif.

La valorisation et l'intégration de l'économie du savoir traditionnel dans les stratégies de développement économique exigent une réorientation profonde de notre approche. Traditionnellement, l'artisanat est perçu comme le principal, voire l'unique, vecteur d'expression de ces savoirs. Si l'artisanat demeure un élément crucial du patrimoine marocain, réduire les compétences de ces femmes à ce seul domaine est non seulement réducteur mais également économiquement limitatif. Les savoirs traditionnels, allant de l'agriculture durable aux pratiques médicinales ancestrales, en passant par la gestion de l'eau et la production textile, sont autant d'outils économiques précieux, applicables à divers secteurs de l'économie.

La reconnaissance des femmes détenant ces savoirs comme de véritables acteurs économiques est la première étape vers une économie plus inclusive et diversifiée. Ces femmes, par leur expertise transmise de génération en génération, possèdent les clés d'une résilience et d'une innovation durable. Pourtant, leur potentiel reste largement inexploré, faute d'une reconnaissance formelle et d'une valorisation économique adaptée.

Investir dans l'économie du savoir traditionnel signifie créer des passerelles entre les traditions et le marché global. Cela implique de développer des plateformes d'échange et de vente, de promouvoir la certification et la protection de la propriété intellectuelle, et de faciliter l'accès au financement et à la formation. En outre, il est essentiel d'encourager la participation des femmes à la prise de décision économique, renforçant ainsi leur autonomie et leur impact sur le développement socio-économique du pays.

L'implication active de ces femmes dans l'économie ne se traduirait pas uniquement par la création d'emplois ou l'augmentation du PIB. Elle permettrait également de renforcer l'inclusion sociale et de préserver le patrimoine culturel marocain. En effet, les savoirs traditionnels, par leur nature même, sont intrinsèquement liés à l'identité culturelle et aux pratiques durables, offrant ainsi une voie vers un développement plus respectueux de l'environnement et socialement responsable.

Pour réaliser ce potentiel, une collaboration étroite entre les secteurs public, privé, et les organisations non gouvernementales est indispensable. Des politiques publiques favorisant l'entrepreneuriat féminin dans le domaine du savoir traditionnel, des incitations fiscales pour les entreprises qui s'engagent dans cette voie, et une visibilité accrue sur les marchés internationaux sont autant de leviers à actionner.

En conclusion, l'économie du savoir traditionnel détenu par les femmes marocaines est une voie prometteuse vers une croissance économique plus inclusive et durable. Sa valorisation nécessite une révolution dans notre manière de percevoir et d'intégrer ces savoirs dans le tissu économique. En reconnaissant et en investissant dans ces compétences, le Maroc peut non seulement stimuler son économie mais également renforcer son tissu social et préserver son patrimoine culturel pour les générations futures.




Lundi 8 Avril 2024
Dans la même rubrique :