L’attaque contre Rafah


Rédigé par le Mardi 7 Mai 2024

L’attaque tant appréhendée contre Rafah a commencé. Le Hamas venait pourtant juste d’accepter la trêve proposée par l’Egypte et le Qatar. Pendant ce temps, Washington continue de faire le contraire de ce qu’elle dit.



Rafah sous les bombardements israéliens
Le gouvernement israélien dirigé par Benjamine Netanyahou a fini par obtenir ce qu’il voulait. L’armée israélienne a commencé, le 6 mai, ses frappes contre Rafah, ville du Sud de la bande de Gaza frontalière avec l’Egypte où 1,5 millions de Palestiniens fuyant les bombes israéliennes avaient trouvé refuge.

Le mouvement de résistance palestinien Hamas avait, pourtant, fait savoir qu’il acceptait l’accord de cessez-le-feu proposé par l’Egypte et le Qatar, qui devait aboutir à un arrêt permanent des hostilités, un échange des captifs, le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza et le retour des personnes déplacées.

Tel-Aviv, qui n’est pas du tout intéressée par une cessation définitive de sa guerre contre le Hamas, ni par un redéploiement de ses troupes en dehors de la bande de Gaza, a indiqué que ledit accord ne répondait pas à ses exigences.

Washington exaspérée ?

Le président américain, Joe Biden, a fait savoir, suite à un entretien téléphonique avec Benjamine Netanyahou, le 6 mai, son refus d’un assaut de l’armée israélienne contre Rafah.
 
Cela fait aussi déjà quelques jours que Washington exprime son exaspération face à l’entêtement de Netanyahou à prolonger les opérations militaires dans la bande de Gaza.

Biden est allé jusqu’à stopper une expédition d’équipements militaires vers Israël, une première depuis le déclenchement des hostilités, le 7 octobre 2023.

Nul besoin de rappeler que le soutien financier et militaire américain à la guerre d’Israël contre les Palestiniens de la bande de Gaza a suscité une scission au sein de l’opinion publique américaine, auparavant largement acquise à l’entité sioniste. 

Il a même fallu lancer les forces de police contre les étudiants américains pro-palestiniens en sit-in dans nombre de campus universitaires. 

Les images des violences policières envers les manifestants qui dénoncent le génocide commis par Israël contre les Palestiniens circulant sur les réseaux sociaux ne sont pas de bon augure pour Joe Biden à cinq mois du scrutin présidentiel.

Le « méchant » de service

Le message implicite de Joe Biden destiné à ses compatriotes comme au reste de l’opinion publique mondiale est que Washington ne soutient pas et n’assume, donc, aucune responsabilité dans ce qu’elle savait parfaitement qu’il allait advenir au Sud de la bande de Gaza. 

Netanyahou a été on ne peut plus clair au sujet de l’attaque contre Rafah. L’opération militaire aura bel et bien lieu, quoi qu’en pense l’administration Biden.

Le « méchant » est ainsi tout désigné.

Mais est-ce vraiment crédible ?

Maintenant que les chars israéliens sont à moins de 200 mètres du passage frontalier de Rafah, la connexion avec l’Egypte est totalement rompue. La bande de Gaza est, désormais, entièrement coupée de son voisinage arabe.

Parallèlement, les Etats-Unis ont déjà à moitié achevé la construction d’un port flottant sur le rivage de la bande de Gaza. Une fois opérationnel, ce port sera l’unique point de contact de la bande de Gaza avec le reste du monde.

Ce machiavélisme sert-il effectivement les intérêts stratégiques des Etats-Unis au Moyen-Orient ? 

Mutations géopolitiques

Plus que jamais, les Etats-Unis se trouvent entraînés dans les sombres calculs des dirigeants israéliens, ce qui exaspère de plus en plus leurs alliés arabes, qui n’ont pourtant que peu de sympathie pour le Hamas.

Mettre le président égyptien Al Sissi au pied du mur n’est pas vraiment une bonne idée. Cernée de conflits armés, Gaza à l’Est, la Lybie à l’Ouest et le Soudan, au Sud, l’Egypte ne dispose pas de marges de manœuvres. Cette puissance régionale fait, cependant, désormais partie du bloc des Brics+.

Mohamed Ibn Salman, le prince héritier d’Arabie saoudite (qui a également rejoint les Brics), n’est pas rétif par principe à la normalisation des relations avec Israël. Il ne franchira, toutefois, ce pas qu’une fois assuré qu’un Etat palestinien verra bien, à terme, le jour. 

Contrairement à ce que s’imaginent nombre d’analystes occidentaux, le poids de « la rue arabe » n’est pas tout à fait négligeable.  

Et aucun pays du Golf n’a envie de se prêter à une guerre israélo-américaine contre l’Iran, au risque de se voir emporté par la déflagration.

Si les Etats-Unis sont encore capables de manœuvres de diversion tactiques au Moyen-Orient, leurs faux-semblants finiront par leur coûter bien cher à moyen et long terme.

Les stratèges chinois et russes doivent s’en délecter.




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Mardi 7 Mai 2024
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