L’art difficile de faire semblant de ne pas comprendre




Certes, il m’arrive de ne pas comprendre certaines choses, ou de ne pas les saisir du premier coup.

Après tout, l’incompréhension fait partie de l’expérience humaine : un mot mal entendu, une nuance subtile qui nous échappe, une idée complexe qui demande réflexion. Mais pour moi, le plus difficile n’est pas cet écart initial entre ce qui est dit et ce qui est compris. Non, le plus difficile, c’est de feindre l’incompréhension lorsque, au fond, tout est parfaitement clair.

Faire semblant de ne pas comprendre est une tâche délicate. C’est un jeu subtil où l’on se place dans l’attente, où l’on prétend ignorer pour éviter de blesser, de contredire, ou pour laisser à l’autre l’espace d’exister avec ses ambiguïtés. Mais ce rôle de spectateur silencieux peut se révéler éprouvant : il exige de retenir ses propres réactions, de maîtriser ses pensées et de dissimuler son regard perçant. C’est comme porter un masque qui, à la longue, devient lourd et inconfortable.

Il y a des moments où l’on choisit délibérément de faire semblant, par courtoisie ou par diplomatie, pour ne pas révéler ce que l’on a saisi trop vite. Dans une conversation tendue, faire semblant de ne pas comprendre peut apaiser les tensions, éviter un conflit imminent, ou accorder à l’autre une chance de réajuster ses propos. C’est une forme de retenue, presque une politesse. Pourtant, cette posture n’est jamais sans conséquence : elle éveille un sentiment d’irréalité, un malaise intérieur, car l’on joue contre sa propre sincérité.

Dans certains cas, cette comédie de l’incompréhension devient un mécanisme de survie. Face à des vérités trop dures ou à des situations complexes, il est parfois plus facile de prétendre ne rien avoir saisi.

Cela crée une distance rassurante entre soi et la réalité, mais à quel prix ?
Peut-on vraiment s’épanouir en vivant dans le déni ?
Et n’est-il pas plus épuisant, à la longue, de devoir toujours jongler entre ce que l’on sait et ce que l’on fait semblant de ne pas savoir ?


Ainsi, si ne pas comprendre du premier coup est une difficulté passagère, feindre l’incompréhension est un exercice bien plus subtil et pesant. C’est un acte de prudence ou de protection, mais aussi une trahison silencieuse de soi-même. Il met en lumière un dilemme universel : faut-il toujours comprendre pour avancer ou, parfois, accepter de paraître dans l’ombre de l’ignorance ?

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Dimanche 13 Octobre 2024



Rédigé par le Dimanche 13 Octobre 2024
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